Ballon d’Or 2008 : Affaire classée ?
C'est écrit dessus, gravé sur doré : « Ballon d'Or », « France Football », « Meilleur joueur du Monde ». Le Ballon d'Or, c'est la Coupe du Monde individuelle, tous les ans. Tout est mondialisé : le jury (96 jurés, dont St Marin et Trinité et Tobago...), les participants (30 nominés, dont 24 Européens...) et les territoires de compétition (en fait, que l'Europe, faut pas déconner !). Résultat : le mardi 2 décembre. Du suspens ? Plus vraiment...
Le lauréat tient en trois mots : Cristiano Ronaldo (ça fait deux mots, merci, je sais compter ! Pas la peine d’allumer). Trois mots, donc : palmarès et efficacité. Champion d’Angleterre et meilleur buteur de Premiership (31 buts), Ligue des Champions et meilleur buteur (8 buts, dont un en finale). Rien que ça, ça suffit. On va pas s’emmerder avec le Bouclier de la Charité, c’te blague ! Avec en plus un témoin de moralité qui pèse, Johan Cruyff, en avril dernier : « Ronaldo est meilleur que George Best et Dennis Law, qui étaient deux joueurs hors pair dans l’histoire de Manchester United » . Et puis l’UEFA lui a décerné le prix de meilleur attaquant 2007-08 en août dernier
L’Euro en Suissautriche ? Programme minimum juste pour assurer : le Portugal est allé en quarts et Ronaldo a marqué son petit but syndical contre l’Etchèque. Ça suffit, non ? Pour faire passer la pilule d’un Euro moyen sa com’ nous a annoncé qu’il avait joué blessé (vrai), qu’il allait se faire opérer (vrai) et que ça se mélangeait dans sa tête parce que le Real le voulait très fort (vrai).
Le poids de la C1 et le titre de meilleur buteur continental risquent légitimement de peser plus lourd que les performances de son challenger N°1, Fernando Torrès, champion d’Europe avec l’Espagne (but victorieux en finale) et deuxième buteur de Premier League (derrière qui vous savez…).
Iker Casillas risque, lui, de subir à son tour la dure loi qui pénalise les gardiens de but au profit des attaquants. Sauf que cette année, Cristiano Ronaldo a fait très très fort avec ses 46 buts, toutes compètes confondues avec MU et la Selecçao. Le Portugais a réalisé là un truc exceptionnel, le vrai buzz qui met tout le monde d’accord. Une victoire de Casillas au Ballon d’Or serait clairement une injustice. Quant à Messi, ce n’est pas sa médaille d’Or aux JO qui lui suffira à l’emporter cette saison.
Pour assurer définitivement l’affaire, CR devait donc surtout bien réussir l’entame de la saison 2008-09. Ce qu’il a fait : 2 buts en 4 matchs en championnat et un mieux dans le jeu de MU qui a pâti de son absence pour convalescence en début de saison (pas là en finale de Super Coupe perdue contre le Zénith). Le Portugais pourra remercier Ferguson d’avoir insisté pour qu’il reste à Manchester encore un an pour bien assurer le coup : en allant au Real, C Ronaldo aurait pu rater son début de saison en ne s’adaptant pas immédiatement au jeu de ses partenaires, voire carrément péter les plombs à force de harcèlement discourtois des paparazzi. Alors, adieu le Ballon d’Or !
Rigolez pas : l’automne a souvent été fatal à des pauvres bitos qui y croyaient.
Rappel : candidat ultra favori pour la Boule dorée en 2000, Zidâne balance le 24 octobre 2000 un méchant coup de boule contre Kientz (Hambourg) en C1. Résultat : Figo coiffe ZZ sur le poteau (de 16 petits points).
Idem pour Owen avec le Ballon d’Or 2001 : le 1er septembre 2001, son triplé contre l’Allemagne à Munich (5-1) pour les éliminatoires du Mondial 2002 subjugue les votants. Il nique Raul sur le fil grâce à cet “exploit”. Scandaleux ?…
Plus marrant : le Ballon d’Or 1992. C’est dans la poche pour Stoïchkov, ça fait pas de larsen. Et puis, le 25 novembre, juste avant la deadline, Van Basten plante 4 buts avec Milan contre Göteborg en Ligue des Champions (4-0). Dans son taudis barcelonais, Stoïchkov regardait le match à la TV… Hristo comprend et éclate en sanglots. Parce que, évidemment, ce quadruplé subjugue les votants. Marco gagnera avec 18 petits points d’avance sur Stoïchkov…
Voilà, vous l’avez compris : sauf pétage de plomb du Red Devil portugais, sauf quadruplé de Torrès contre Chelsea, Arsenal ou MU, sauf quadruplé de Casillas contre le Barça (avec si possible deux penaltys arrêtés), sauf peut-être un nouveau “but du siècle” de Messi, sauf si Archavine met un quadruplé contre Rubin Kazan (c’est qui ? C’est le leader du championnat russe !), sauf si Sergio Ramos sauve un môme de la noyade, sauf si Xavi avoue qu’il n’a en fait que 17 ans, sauf si Marcos Senna donne tout son argent aux pauvres, sauf si des jurés sont mortellement jaloux de la réputation de playboy international du beau gosse de Madère … alors le trophée sera pour Lui, Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro. Il rejoindra ses compatriotes Eusebio et Figo au palmarès prestigieux.
La concurrence pourra prendre sa revanche dès maintenant. La saison 2008-09 est une année creuse : pas d’Euro, pas de Coupe du Monde, pas de JO, pas de Coupe de Confédération…
Tout est ouvert, tout est possible, y compris pour les gardiens de but : Messi, Fernando Torrès, Xavi, Casillas, Archavine, Drogba, Ibrahimovic, Gerrard, Lampard, Rooney, Fabregas, Robinho, Ribéry, Marcos Senna savent ce qu’il leur reste à faire…Cristiano Ronaldo aussi.
Chérif Ghemmour
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