Avantage girondin !

Allez, on se lance ! Lyon va perdre 3-2 ce soir à Gerland… Ce qui reste aujourd’hui du “grand Lyon” de ses années fastes, c’est que ses matchs ne se finissent quasiment jamais sur un 0-0. Des victoires ou des défaites, parfois courtes, un contenu qui s’appauvrit, un bloc équipe beaucoup plus friable qu’avant… mais toujours avec des buts. C’est de là que vient le charme discret de la bourgeoisie rhodanienne : Lyon n’est pas aimé mais séduit toujours. Parce qu’avec l’OL, il se passe toujours quelque chose. Lyon est devenu crépusculaire mais toujours flamboyant. Même dans l’ennui, comme ce 4-0 pour rien contre Debrecen, mercredi soir. Une bonne définition de la lose, quoi… Un peu de cette classe typiquement hollandaise, avec sa noble sélection Oranje qui ne quitte que très rarement le pré sur un 0-0 de roturiers. Reconnaissons à Lyon de maintenir une identité “offensive”, même avec un bloc plus bas, moins “lamineur” qu’autrefois.

Un OLTFC ?

Donc, ce soir, il y aura des buts, c’est écrit. Et Lyon va en prendre un ou deux, ou trois. C’est la tendance après le 5-5 contre l’OM, le 1-4 à Nice ou le 3-4 à Lille. La faute à la défense ? Sûrement. Bernard Lacombe a incriminé le milieu, depuis la défaite lilloise. Pas faux, non plus : outre le turnover (Delgado ou Ederson, de temps en temps) et l’absence cruciale de Toulalan, on note aussi des incongruités comme Lisandro qui joue parfois dans le couloir gauche, Bastos à droite, Pjanic en meneur… Et puis il y a la malchance des blessés à répétition (Bodmer, Govou). Reste une vérité, celle d’Aly Cissoko, impitoyablement sanctionnée par le club : « Il y a du flou dans le jeu » . L’équipe ne tourne pas rond, ça crève les yeux. Le plus marrant, c’est que par moments on a l’impression de voir dans cet OL, une copie conforme du TFC de l’an passé, qui brille aux extrêmes (Lloris-Lisandro, comme Carrasso-Gignac) mais qui laboure entre les deux… On pourrait prédire que Lisandro inscrira les deux buts des Gones et qu’un Hugo Lloris quoique héroïque s’inclinera plus de deux fois. Lyon est donc mal barré. A moins que… A moins que Lyon ne renoue pour l’occasion avec ses éternelles valeurs combattantes, celles-là même qui s’étaient manifestées en fin de championnat la saison passée (victoire 3-1 au Vélodrome) avec la qualif’ en C1 au bout. C’est tout le sens de la déclaration de Bernard Lacombe dans France Foot, destinée à piquer au vif les esprits de la bande à Cris : « Franchement, ils n’ont pas un peu d’orgueil ? » .

Un Bordeaux européen

La dynamique girondine ne se dément pas. Une victoire à l’arrache 1-0 contre PSG (preuve d’une certaine maîtrise psychologique malgré la supériorité subie face aux Parisiens) et un autre succès 1-0 à Haïfa avec des titulaires laissés au repos. C’est donc au complet, et regonflé que Bordeaux débarque à Gerland ce soir. Rage de dents de Gourcuff mise à part, pas un nuage dans le ciel girondin. Mieux ! Alors que Puel tâtonne et que l’OL se cherche, Bordeaux se perfectionne avec des essais tactiques réussis : Gourcuff placé plus bas contre Paris et Plasil bien en vue en meneur axial dernièrement. Ceci dit, ce soir, dans le “4-2-3-1 européen” de Lolo Blanc, Gourcuff (recentré haut au milieu) et Plasil (excentré comme d’hab’ à droite) devraient retrouver leurs marques d’avant. Plasil est le symbole d’un groupe bordelais qui vit une concurrence de plus en plus aiguë sous les auspices constructifs de l’émulation saine et réelle. On trouve quand même sur le banc des Cavenaghi (certes moins bien), Bellion, Jussiê, Gouffran, Jurietti. Pas de la petite bière… Le leader de L1 arrive donc à Gerland avec ses 8 victoires lors des dix derniers matchs contre une équipe lyonnaise au bord de la crise (une seule victoire lors de ses 7 dernières rencontres). Une bonne occasion plus que symbolique de marquer le coup en signant définitivement la fin de règne de l’OL et tout en assoyant durablement sa supériorité sur une L1 prête à lui faire allégeance. En cas de victoire girondine, les Marine et Blanc prendraient une avance de 8 points sur un de leurs plus dangereux rivaux. C’est bien de cela qu’il s’agit : pas que les 3 points, mais bel et bien la mise à terre (en terre ?) d’un concurrent aujourd’hui largement “prenable”. A Lyon désormais de montrer son vrai visage : ça pourrait nous donner un match d’anthologie…