Au royaume des dimanches, l’Inter est roi
Intraitable en Ritalie, invisible en Europe. Tel est le paradoxe de l'Inter : Milan, une équipe bien mystérieuse et poisseuse comme un marécage. Heureusement, c'est week-end.
10ème journée, 17ème journée, 23ème journée…Les semaines passent, et les dimanches de l’Inter se ressemblent tous : victoire 2-0 ou 3-0, toque comme à la parade, somnolence.
Demain, c’est la 24ème journée, et les Milanais se rendent à Gênes pour battre la Sampdoria. Comme Cassano y est redevenu le joueur de foot qu’il aurait dû être, autrement dit l’un des meilleurs d’Europe, prévoir une victoire presque serrée. Disons 1-0, et vogue le navire.
A quoi bon, de toute façon ? L’Inter pourra bien continuer comme ça jusqu’à la 38ème journée et même les 38 suivantes, le monde entier continuera à s’en foutre. L’Inter est l’autre équipe de Milan, ça dure depuis les années 80, et c’est normal. Car à l’heure de l’euro, de Schengen et des frontières poreuses, c’est bien évidemment l’Europe qui décide.
L’Europe ? Ne prononcez pas ce mot devant l’Internazionale, elle se croit encore en 1904, avec Eugène Pottier aux lyrics. L’Europe, ça lui donne des boutons, à l’Inter.
La dernière coupe UEFA avalée par les Nerazzuri remonte à 1998, et la dernière Champions à 1965. Chaque année, l’Inter y croit pourtant. Mais entre la coupe aux grandes oreilles et le club de Massimo Moratti, il y a toujours une bonne baston. Sinon, la poisse. Comme mardi à Liverpool, où cette pauvre Inter a encore sombré, deux buts encaissés dans les cinq dernières minutes, une performance à la parisienne. « Ce qui s’est passé ? Demandez donc à Materazzi » s’est énervé Zlatan à la fin du match.
Ce qui s’est passé, c’est cela : Materazzi et sa réputation se sont fait sortir au bout d’une demi-heure de jeu pour deux cartons jaunes ultra-sévères. « They say you’ve got a bad reputation/but I say it’s their imagination/You’re an angel/Oh oh, oh oh/They say you get off on frustration/But I know you’ve got an explanation » chantaient les DB’s en 1981 sur leur merveilleux manifeste power-pop Stands For The Decibels .
Problème : qui se soucie encore des Db’s et de la power pop en 2008 ? Et qui se souciera de l’Inter au stade des quarts de finale ? Personne, hélas. L’Inter en coupe d’Europe, c’est un tour de magie. Pour sa performance de fantôme à Anfield Road, Ibrahimovic s’est d’ailleurs fait renommer “Ibracadabra” par la presse italienne. C’est très bon.
Retour à la 24ème journée. Pendant que l’Inter récoltera trois points à Gênes, le Milan galèrera à San Siro contre Palerme, qui vient jouer le 0-0, et repartira peut-être avec un 1-1. Pas d’envie, pas d’idées, pas de fond de jeu, pas de jeunesse, vont sans doute juger les observateurs lundi matin.
Et Maldini, vous avez vu comment Miccoli l’a rendu chèvre ? Et ce goal, Kalac, il vous fait pas marrer ? Ben pas trop, non. Car le 4 mars, les Rossoneri auront toutes les chances, et même un peu plus, d’accéder aux quarts de finale de Coupe des champions, comme tous les ans depuis l’exercice 2001-2002 (dont 3 finales disputées).
D’ailleurs, ils sont les favoris de leur match retour contre Arsenal.
D’ailleurs, ils sont les tenants du titre du trophée.
D’ailleurs, eux jouent en même temps que les autres, obligeant l’Inter à ne récupérer San Siro qu’une semaine plus tard pour s’y faire éliminer par Liverpool. Et à se contenter des dimanches.
Ennio Gnocchi
Sampdoria Gênes (7) – Inter Milan (1) – Dimanche 15 heures
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