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Atlético : le Front de la haine

Par Robin Delorme, à Madrid
Atlético : le Front de la haine

Issu d'une organisation de la jeunesse franquiste, le Frente Atlético vit peut-être ses dernières heures au Vicente-Calderón. L'occasion de revenir sur plus de trente années de violence, de racisme et de liens plus ou moins étroits avec la direction des Colchoneros.

À la veille d’un derbi madrileño de mai 2005 – qui se soldera par un match aussi nul que vierge –, l’Atlético de Madrid prépare paisiblement sa 37e rencontre de la saison au Cerro del Espino, son centre d’entraînement. Au milieu de la séance, onze brutes s’invitent sur le terrain et beuglent. « Mercenaires » , « fils de pute » , « noir de merde » , « paysan, rentre dans ton village » … Une litanie d’insultes s’abat sur les joueurs rojiblancos et horripile Miguel Baston, entraîneur des gardiens de l’époque. En guise de réponse, ses interlocuteurs lui renvoient une funèbre menace : « Tu ne vas pas vivre plus longtemps » . Le seul homme de sécurité de QG de l’Atlético ne peut rien faire, les flics arriveront eux trop tard. Désabusés, joueurs et staffs abrègent la séance de travail. Enrique Cerezo, président du club, déclare dans la foulée qu’il « est très difficile de les interdire de stade, parce qu’ensuite ils échangent entre eux leurs abonnements » . Ces onze personnes ont été reconnues comme des membres actifs du seul groupe ultra du Vicente-Calderón. Ce 20 mai 2005 est à l’image d’une partie du Frente Atlético et de son histoire : violent et ignorant.

Un relais du franquisme

Menaces toujours, Enrique Cerezo en a reçu de nouvelles dans le courant de la semaine. Après avoir officiellement reçu le rapport de police indiquant qu’une grande partie des agresseurs de Jimmy était membres du Frente Atlético, le président des Matelassiers a annoncé l’expulsion du groupe des travées du Vicente-Calderón. Au lendemain de cette décision, un membre du Frente, sous couvert d’anonymat, prend la parole sur la Quatro et avance que « cela ne va pas rester ainsi, Cerezo et Gil Marin (fils de et conseiller délégué du club, ndlr) ne savent pas contre qui ils se mettent » . À s’y méprendre, on jurerait que si. Car le Frente Atlético ne squatte pas la rubrique des faits divers pour la première fois. Les prémices du Front du Calderón remontent à 1968. Alors que l’Espagne ne connaît pas sa révolution culturelle, le « Fondo Sur » de l’antre des Colchoneros concentre les supporters les plus bruyants. En 1982, ces « militants du groupe qui ont fait partie de l’organisation phalangiste Frente de Juventudes » , dixit le site internet du collectif, créent le Frente Atlético. Inspiré du mouvement ultra italien, son appellation devait à l’origine répondre au nom de « Brigatta Rossiblanca » . Pas très nationaliste tout ça.

Cette idéologie d’extrême droite contraste avec une large partie du public du Calderón, populaire et plus à gauche. Surtout, elle rappelle l’histoire tumultueuse du fanion rojiblanco. Club fondé en 1903 par des étudiants basques, l’Atlético de Madrid subit de plein fouet les changements politiques et la guerre civile espagnole. Proche de la disparition, il doit son sauvetage en 1939 à la fusion avec l’Aviacion Nacional, club des militaires, et donc ouvertement franquiste. Plus de quatre décennies s’écoulent et Vicente-Calderón permet au courant d’extrême droite de se rassembler autour du Frente. « La direction, enchantée du projet, a offert un local dans le stade et remis 200 000 pesetas » , raconte la page web du Front. Cette connivence entre les bureaux du club et le Frente Atlético ne cesse de prendre du poids à partir de la prise en main du club par Jesus Gil y Gil. Durant le mandat du fantasque président, le groupe rassemble jusqu’à 4 000 membres. Parmi eux, une centaine est répertoriée comme le noyau dur, dangereux et ultra-politisé.

Aitor Zabaleta, Jimmy : des meurtres politiques

C’est d’ailleurs sous la présidence de Jesus Gil y Gil que la page la plus noire du Frente s’écrit. En décembre 1998, lors de la réception de la Real Sociedad, les alentours du Vicente-Calderón sont le théâtre d’un meurtre. Aitor Zabaleta, jeune supporter des Txuri-Urdin, est poignardé en plein cœur par Ricardo Guerra, néo-nazi membre du Frente, et plus particulièrement du groupuscule Bastion. Aujourd’hui encore, des chants en son honneur sont proférés par le Fondo Sur de l’antre des Matelassiers… Avec le meurtre de Jimmy par des membres du groupe, le Frente Atlético rappelle avant tout que sa raison d’être est politique plus que sportive. Et que ces assassinats sont donc politiques : celui d’Aitor Zabaleta, pour le simple fait d’être basque, et celui de Jimmy, pour appartenir à un groupe ultra ennemi et d’extrême gauche. Même s’il est « compliqué d’établir un profil unique d’un membre du Frente » , dixit Carles Viñas, docteur en histoire contemporaine de l’université de Barcelone, « il y a un noyau dur très violent » . Reste désormais à savoir si la seconde victime du Frente sera celle de trop.

Par Robin Delorme, à Madrid

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