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Comment les supporters parisiens ont conquis l’Angleterre
En déplacement outre-Manche pour la quatrième fois de leur campagne européenne, les supporters parisiens ont refait un détour par Londres, où ils ont pu de nouveau impressionner la galerie.

L’immense soleil qui frappe Londres ce mardi est-il prémonitoire d’une nouvelle soirée ensoleillée pour les supporters parisiens ? Toujours est-il qu’en fin de soirée, dans la capitale anglaise, les projecteurs sont encore braqués sur eux. Après Londres, une première fois, Liverpool, puis Birmingham pour y retrouver Aston Villa, et encore Londres, voilà qu’ils viennent de nouveau de se faire remarquer, presque comme s’ils évoluaient à domicile loin de chez eux, afin que club et supporters s’allient pour faire plier Albion.
Après avoir crapahuté tout au long de la journée dans « The Old Smoke », maillots sur le dos, les supporters on tour que l’on pouvait apercevoir dans les différents coins touristiques de la ville se sont finalement retrouvés là où ils avaient prévu de mettre un point d’honneur à leur journée : à l’Emirates Stadium.
Mon parcage a craqué
Malgré un cortège assez court à la sortie d’Arsenal Station, ils ne mettent pas longtemps à enflammer une enceinte aux ailes coupées jusqu’à un petit quart d’heure du coup d’envoi. Tous en place une heure avant le début de la rencontre, ils prennent un malin plaisir à siffler la première composition adverse, que le peu de fans locaux déjà présents ne peuvent couvrir, avant d’en faire de même à l’entrée des gardiens puis des joueurs. De quoi aiguiser l’humeur taquine de Taylor. « Ambiance incroyable, on a éteint l’Emirates comme d’habitude », rejoue-t-il, content de la performance de tout le bas du virage.
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— Darren (@DarrenArsenal1) April 29, 2025
Les Gunners font quand même du bruit, un peu. Il règne un brouhaha impressionnant à l’approche du grand moment, une atmosphère spéciale dont même James Benge, journaliste de CBS présent au stade depuis près de 10 piges, a du mal à trouver un précédent depuis la tribune de presse. Mais voilà, les ambiances anglaises restent les ambiances anglaises et, au-delà de l’ouverture du score précoce d’Ousmane Dembélé, les supporters parisiens gagnent également le match des tribunes. Avec Javier Pastore en invité de marque dans le parcage, participant à sa manière à cette victoire symbolique.
La dernière demi-heure du parcage a été extraordinaire. Beaucoup de fans anglais sont venus nous féliciter.
Warren, Noah et Hugo, six voyages en Angleterre cette saison à eux trois, sont un brin chambreur. « Le public d’Arsenal, on ne l’a pas trop entendu. » « Les 15 dernières minutes, c’est ça qui fait tenir », souligne Hugo, quand Warren retient l’endurance du parcage : « Un seul mot : increvable. » Même son de cloche chez Thibaut et Omar : « La dernière demi-heure du parcage a été extraordinaire. Beaucoup de fans anglais sont venus nous féliciter. »
Ils s’étaient déjà largement fait remarquer il y a six ans du côté de Manchester, mais les supporters parisiens ont pris un malin plaisir à prolonger l’idylle cette saison. Par quatre fois, ils ont été amenés à se déplacer outre-Manche pour soutenir leur équipe, et à quatre reprises, ils ont parfaitement tenu leur rôle. Frustrés par la taille réduite de leur parcage, les fans rouge et bleu n’ont rien fait sentir de cette carence de 500 âmes. Les 2 500 présents ont tenu leur rang et bien plus que ça, ils ont peut-être permis aux leurs de forcer le destin quand le bateau tanguait, avant de se raccrocher à leurs encouragements incessants et leurs chants sans fin. Dès le but de Dembélé, le parcage a craqué, des fumis essentiellement, pour s’embraser pleinement et ne plus s’éteindre.
À une heure de la rencontre, Jake, qui vient à tous les matchs des Gunners, n’a d’ailleurs aucun souci à souligner les performances vocales de ses concurrents. « C’est très agréable, c’est quelque chose que l’on ne voit pas en Angleterre, surtout quand on est mené ! » James Benge ne peut qu’abonder : « C’est brillant, ils font beaucoup de bruit à chaque fois qu’ils viennent. » Dans son virage, la petite trentaine de supporters anglais accompagnés de leur tambour fait pâle figure et peine à emmener tout le stade avec elle. De longs « Arsenal, Arsenal, Arsenal » descendent des travées à fréquence régulière, mais peinent à rivaliser avec la ferveur parisienne. Le plus impressionnant dans tout ça, c’est peut-être le consensus autour de ces soirées européennes. À Liverpool ou à Birmingham, les avis sont relativement unanimes. « À Villa, c’est ce qui a fait tenir », relance même Warren.
Des supporters à la française
Pour Khizar, supporter de Liverpool, ce match a surtout permis de voir ce qui manquait au championnat anglais, où les tribunes sont aseptisées depuis la chasse aux hooligans : « Je préfère largement l’ambiance en Ligue des champions qu’en Premier League. Les Parisiens ne m’ont pas surpris. J’ai vu plusieurs fois le PSG en Coupe d’Europe ou même en championnat. Ils chantent de la première à la dernière minute. » Une prouesse dont les Anglais n’ont plus trop l’habitude, en tout cas dans la majorité des stades de PL. « Je me suis dit, c’est le meilleur parcage que j’ai jamais vu à Anfield », pose-t-il quand même, persuadé que les tirs au but joués face à l’espace visiteur ont aidé le PSG à remporter cette loterie qui n’en est pas une.
Le ton est un peu plus modéré chez Gef, fan de la French branch de Liverpool, qui n’est pas fan de cette ambiance guerrière. « Nous, c’est beaucoup plus friendly en fait. Si je compare à Fulham, nous on est dans la même tribune et on a le couloir en commun. Une fois qu’on est rentré dans le stade, il y a moyen de boire un coup ensemble, il n’y a jamais de débordements et tout se passe vraiment très bien. » Pour autant, pas question de tout jeter quant aux performances adverses. « En revanche, le côté positif que je vois, c’est que quand un club français vient en Angleterre et à Anfield, notamment le PSG, c’est que même s’ils perdent, ils vont quand même continuer à chanter, à porter leur équipe, ils portent toujours les couleurs du club, ils ont les écharpes, souligne-t-il. Ça, de notre point de vue, c’est toujours impressionnant, et j’aimerais qu’on s’en inspire plus parce que ce n’est pas toujours le cas. »
Paris, c’est encore autre chose, si on compte sur 90 minutes, parmi ceux qui sont venus à Anfield, c’est ceux qui ont chanté le plus fort. C’était vraiment un douzième homme à Anfield.
Lui aussi membre des supporters des Reds à Paris, Marceau note une différence franche avec la culture anglaise : « La différence entre Lillois, Toulousains et Parisiens étaient minimes, tous excellent et ont une manière différente de supporter en comparaison aux ambiances anglaises. » Alain, fan belge de Liverpool et qui se déplace très régulièrement depuis Charleroi, savait d’ailleurs à quoi s’attendre. « On savait que ça allait chanter fort. Souvent, en déplacement, c’est plus bruyant. Paris, c’est encore autre chose, si on compte sur 90 minutes, parmi ceux qui sont venus à Anfield, c’est ceux qui ont chanté le plus fort. C’était vraiment un douzième homme à Anfield. »
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Un regret tout de même pour Gef et Alain, une forme d’entre-soi qui réduit la convivialité et la bonhomie des confrontations européennes. « Il y avait un climat un peu hostile par rapport à Toulouse où c’était vraiment très amical », se souvient ainsi le premier. « Ils sont restés groupés, je n’ai pas trop aimé. Ils donnent moins envie d’être abordés. Ils ne font pas vivre la ville. Mais ce n’est pas que le PSG, ce sont les ultras en général », glisse quant à lui le second, avant de confesser qu’à 57 ans, il est aussi peut-être dans une autre approche : « Peut-être que si j’avais 30 ans de moins, je ferais pareil. »
J’ai un ami qui a reçu un projectile pendant qu’il se faisait escorter. Honnêtement, ça ne donnait pas envie d’avoir ce genre d’ambiance en Angleterre.
Kiran, patron du Witton Arms, le plus fameux des pubs autour de Villa Park, garde d’ailleurs un beau souvenir du passage des Parisiens dans Birmingham : « Je les ai vus quand ils étaient en cortège avec les tambours et qu’ils tapaient dans les mains. Pour être honnête, c’était une scène sympa. Ils ont leur style de chants, les tambours, c’est cool. Ils étaient très organisés et respectueux. » Kiran ne pourra toutefois pas empêcher Gef de souligner quelques comportements plus que déplacés. « J’ai un ami qui a reçu un projectile pendant qu’il se faisait escorter. Honnêtement, ça ne donnait pas envie d’avoir ce genre d’ambiance en Angleterre », précise-t-il, alors qu’on a pu voir à l’œuvre dans Londres deux hurluberlus trouver bon d’insulter deux joggeuses, sous prétexte que leurs formes ne leur convenaient pas et sous couvert de la barrière de la langue pour éviter toutes représailles.
Pour garder une note positive de cette nouvelle soirée magique pour eux, les plus solides décident de la prolonger en s’arrêtant boire un dernier coup pour se projeter sur la deuxième manche de la semaine prochaine au Parc des Princes : « On va fêter ça », s’enjaille Taylor. Thibaut et Omar ont le même plan, histoire de fêter leur premier déplacement victorieux cette saison. Les bus, avions et trains qui ont afflué vers la capitale anglaise l’auront peut-être constaté quand sera venue l’heure de décoller les sticks, les supporters parisiens et l’Angleterre, c’est une histoire qui roule bien. Ils n’y reviendront pas cette saison, c’est sûr, mais ils ont aussi pu faire des repérages en novembre dernier à Munich, où tous les amoureux du PSG espèrent boucler cette folle aventure.
Declan Rice voit... Arsenal se qualifierPar Julien Faure, à Londres