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Amélie Oudéa-Castéra va-t-elle aussi se prendre les pieds dans la FFF ?

Par Nicolas Kssis-Martov

La toute nouvelle « superministre » de l’Éducation nationale, des Sports et des Jeux olympiques, Amélie Oudéa-Castéra, se découvre des casseroles tous les jours. Après le scandale du lycée Stanislas, c’est désormais son dépassement de fonctions dans l’épineux dossier de la FFF qui la rattrape.

Amélie Oudéa-Castéra va-t-elle aussi se prendre les pieds dans la FFF ?

Dès sa nomination aux Sports en mai 2022, Amélie Oudéa-Castéra avait rapidement découvert à quel point un stade de foot s’avérait un terrain bien plus dangereux politiquement, et exposé médiatiquement, que les courts de tennis qu’elle couvrait auparavant dans ses fonctions, fort bien rémunérées, à la FFT. Elle avait de la sorte essuyé les plâtres de Gérald Darmanin lors de la calamiteuse finale de Ligue des champions entre Liverpool et le Real Madrid. Elle avait ensuite dû traverser une Coupe du monde polémique au Qatar ou encore se coltiner la question des supporters. Enfin et évidemment le cas Noël le Graët, dans un long bras de fer avec l’ancien président de la FFF, dans lequel elle avait reconnu avoir quasiment demandé sa tête au président de la République. L’ancien maire de Guingamp avait sous-estimé la proximité de la ministre avec Emmanuel Macron, son ancien camarade de banc à l’ENA, de la même manière qu’il découvrira la puissance d’un tweet de Kylian Mbappé. Finalement, Amélie Oudéa-Castéra pouvait se targuer d’avoir plutôt bien rempli son rôle et conduit la gestion de crise avec l’élection de Philippe Diallo, certes un fidèle du Breton, mais bien plus policé et présentable.

Seulement, cette histoire risque de venir s’ajouter à la liste des erreurs qui accompagnent sa promotion au sein du gouvernement, à l’image donc de l’épisode autour de l’établissement privé catholique très conservateur Stanislas où elle a scolarisé ses enfants. Cette fois, le mal provient du rapport rendu par la commission d’enquête parlementaire sur les défaillances des fédérations sportives. Si, comme l’a regretté devant les députées Patrick Vieira, on ne peut que douter de la postérité de ce rapport, il se peut que les témoignages de certains acteurs et actrices de ce théâtre de l’entre-soi sportif débouchent sur des suites politiques et judiciaires fort ennuyeuses pour « AOC ».

Comme au tennis : pas de coaching permis entre les points

Cette dernière a déjà préventivement qualifié le rapport d’enquête parlementaire de « militant » et « instrumentalisé à des fins politiques » selon France Info, citant son entourage. Il n’est pas inutile de préciser en outre que sept dirigeants sont désormais sous le coup d’une enquête du parquet de Paris pour faux témoignage, dont Jean Lapeyre, directeur juridique de la Fédération française de football (FFF). La ministre a éprouvé quelques difficultés à se souvenir de ses rémunérations, pourtant fort généreuses, quand elle était salariée de la FFT comme directrice générale. En ce qui concerne le football, c’est le témoignage de Florence Hardouin, ex-DG de la FFF, qui a involontairement taclé la ministre. Alors qu’elle était en conflit ouvert avec Noël Le Graët, elle a ainsi reconnu avoir rencontré la ministre à l’occasion d’un match, et ce, avant son témoignage devant l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).

Seulement, comme l’ont révélé nos confrères du Monde, les deux femmes se sont revues au moins une fois, juste avant l’audition de Florence Hardouin et Noël Le Graët. Des informations qui serviront certainement la ligne de défense du président Le Graët déchu et de ses avocats, alors qu’il est sous le coup d’une enquête préliminaire du parquet de Paris pour « harcèlement sexuel et moral », à la suite d’un signalement émis à la justice par l’IGESR le 13 janvier 2023. L’ancien boss de l’EAG est convaincu d’être la victime expiatoire d’une ingérence politique. Son éviction avait agacé la FIFA et son grand ami Gianni Infantino. Par ailleurs, ces rencontres peuvent laisser planer un doute sur la légalité de l’action de la ministre qui n’a pas à se mêler ni à dicter leur ligne de conduite face aux inspecteurs de l’IGSR. La plainte de Noël Le Graët contre Mme Oudéa-Castéra devant la Cour de justice de la République (CJR) pour diffamation pourrait également y puiser quelques fondements. Ces révélations affaiblissent encore davantage la position de la ministre. Un décret publié mardi 22 janvier lui a déjà retiré des mains des dossiers afin d’éviter les conflits d’intérêts dont « toute décision concernant directement l’association Fédération française de tennis, l’association Rénovons le sport français et l’établissement privé catholique sous contrat d’association avec l’État Stanislas ». Son passage au ministère des Sports, jusqu’à présent reconnu comme un galop d’essai réussi pour cette novice en politique, et la principale raison de sa montée en grade, peut lui aussi se transformer en fardeau en cette belle année olympique 2024.

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