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Alessandria : cœur gris, ciel bleu

Par Valentin Pauluzzi
Alessandria : cœur gris, ciel bleu

Il s’agit du petit poucet d’une Coupe d’Italie particulièrement avare en épopées. Après avoir sorti Palerme, les « Grigi » vont affronter le Genoa pour tenter de poursuivre cette belle aventure qui est le fruit d’une gestion exemplaire.

Six ans qu’aucune équipe de troisième division italienne (la Lega Pro, l’ancienne Serie C ou encore C1, ndlr) ne disputait les huitièmes de finale de la coupe nationale. La faute à un format élitiste, pénalisant pour les quelques équipes de divisions inférieures invitées à la fête. En 2009-10, Lumezzane et Novara sont sortis avec les honneurs face à l’Udinese et au Milan. L’Alessandria leur succède après avoir battu Palermo 3-2 en Sicile lors du tour précédent. Un exploit qui n’est pas arrivé par hasard, puisque ce club à la couleur unique, le gris, compte bien retrouver les fastes d’antan, ceux des 13 saisons de Serie A entre 1929 et 1960.

Ce rêve gris

Mercredi 2 juin 1959, une date-clé dans l’histoire du club piémontais. À même pas 16 ans, Gianni Rivera effectue ses grands débuts en Serie A avec l’équipe de sa ville natale. Un an plus tard, il signe au Milan pour y devenir l’un des plus grands joueurs de son époque. « C’est évidemment notre symbole, maintenant nous aimerions que les gens associent l’Alessandria à autre chose que Gianni. Il s’agit d’écrire le présent et de dépoussiérer notre histoire » , confie Luca Di Masi, quadragénaire dynamique et président qui a réalisé son rêve de gosse. « Je suis de Turin, et chez les Di Masi, nous sommes supporters du Torino de père en fils, mais en me baladant dans la région pour suivre d’autres matchs dans les divisions amateurs, j’ai rencontré lestifosi alessandrini. C’est ainsi que je me suis laissé emporter, je ne ratais quasiment jamais aucun déplacement. » Une vingtaine d’années plus tard, précisément en février 2013, lorsque l’occasion se présente, il décide d’acheter un club criblé de dettes : « Cela m’aurait coûté moins cher d’attendre quelques mois, mais je ne voulais pas assister à une faillite, alors je l’ai repris en Serie C2. »

Héritier d’un empire de l’industrie du vêtement, Di Masi sait avant tout mettre les idées au service de ses moyens. Pensionnaire des Grigi de 2013 à 2015, l’attaquant français Julien Rantier témoigne : « Il mérite tout ce qui lui arrive. C’est quelqu’un de très sérieux qui vit cette expérience à fond. C’est un des clubs les plus solides de la Lega Pro. Le salaire tombe tous les mois, alors que le règlement autorise à les verser tous les trimestres, et c’est ce que font la plupart des autres équipes. » Le concerné abonde : « Rien n’arrive par hasard, il y a beaucoup de présidents aventuriers qui ne sont que de passage dans ces divisions. L’Alessandria a connu ceci, ce qui a rendu les gens d’ici encore plus méfiants alors qu’ils le sont déjà par nature. On a donc dû effectuer un travail de longue haleine pour attirer les habitants. Mes deux bras droits sont des amis d’enfance, je les ai débauchés alors qu’ils avaient de très bonnes places ailleurs. Ils effectuent un gros travail au niveau marketing, mais aussi sur les réseaux sociaux, car il faut être en phase avec son époque. Par exemple, on vient de sortir une application, chose que nombre d’équipes de Serie A ne possèdent pas. »

Objectif Serie B

Des détails qui paraissent insignifiants, mais qui ont permis d’attirer une nouvelle génération de supporters aimantés par la Juventus et le Torino. Ce qui n’est pas le cas du noyau dur d’ultras présents en masse depuis des années au Moccagatta : « C’est l’un des kops les plus chauds du Nord de l’Italie, ils sont souvent 3000 ou 4000. L’histoire de l’héritage de Rivera vaut surtout pour les anciens. Les plus jeunes savent d’où ils viennent et n’oublient pas les années en Serie D » , raconte Rantier. Si le parcours en coupe s’était stoppé dès le second tour l’an passé, celui en championnat laissait espérer de très bonnes choses. « On est champions d’hiver et encore en tête en février. On pensait que c’était fait, puis on s’écroule complètement, mais si on remporte le dernier match contre Venise, on va au moins aux play-offs. J’ouvre le score sur penalty et on encaisse le but de l’égalisation sur une action toute bidon. Match nul 1-1, Côme va en barrages et monte même en Serie B… »

Pas de quoi décourager le propriétaire qui redouble d’efforts l’été dernier : « Il a acheté quatre joueurs de Lega Pro. Dit comme ça, ça paraît tout à fait normal, mais je peux vous garantir que ce n’est pas le cas. Dans ces divisions, tout le monde fonctionne avec des prêts, des échanges et des fins de contrat. Lui achète et fait signer des contrats de quatre ans. » De quoi compléter un groupe dirigé par Morero, capitaine argentin et ancien pensionnaire de Siena et du Chievo en Serie A. Nombre de ses coéquipiers présentent également quelques lignes de Serie B sur leur CV, le vrai objectif du club : « C’est ce que j’ai dit aux joueurs, avant le prochain match de coupe, pensons à la rencontre face à Südtirol » , souligne Di Masi. Résultat, victoire 2-0 et première place du groupe A grâce à la défaite de Cittadella dans le même temps. La seconde division nationale est plus que jamais dans le viseur, et il serait temps après 41 ans d’absence.

Fierté d’une ville moribonde

Néanmoins, les ours (l’autre surnom des joueurs, ndlr) ne comptent pas galvauder le prestigieux 8e face au Genoa : « On ne part pas battus, la rencontre démarre à 0-0. Et puis, ça va être une très belle fête, puisque les supporters sont jumelés et ne se croisent pas depuis quatre décennies ! Notre parcage fera le plein, car Gênes est assez proche. Ils étaient déjà 250 à être venus à Palermo, pas mal pour une rencontre programmée en semaine et à l’autre bout du pays. » L’enthousiasme est enfin de retour au sein de cette ville de près de 100 000 habitants qui détient un triste et curieux record : « Alexandrie a été le premier chef-lieu de province à faire faillite. C’est en train de rentrer dans l’ordre petit à petit, mais je pense qu’avoir une équipe de foot performante et avec de bons bilans économiques est bénéfique pour tout le monde » , conclut le président. C’est notamment le cas pour les plus jeunes qui peuvent intégrer un centre de formation enfin remis sur pied, et qui sait si le nouveau Gianni Rivera ne figure pas parmi eux.

Par Valentin Pauluzzi

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