- Mondial
- Moins de 17 ans
Alerte rouge au Mexique
En match inaugural du mondial des moins de 17, le Mexique a dominé la Corée du nord (3-1), avec la complicité de l'arbitre. Mais l'essentiel était ailleurs : dans la capacité d'un pays stigmatisé pour la violence qui y règne à assurer la sécurité de ses hôtes.
Etat d’urgence. A Guadalajara, une dizaine de hummers de la police fédérale font le guet à l’extérieur de l’hôtel où sont hébergés les délégations brésiliennes, danoises, australiennes, et ivoiriennes. A Monterrey, la grande ville industrielle du nord qui vient de vivre la journée la plus meurtrière de son histoire (32 tués, dont deux gardes du corps du gouverneur de l’Etat du Nuevo Leon), ce sont 800 éléments des forces de sécurité qui ont été mobilisés pour surveiller le lieu d’hébergement des sélections, escorté les délégations dans leurs déplacements, et éviter tout incident à l’intérieur du stade. Avec une image gravement détériorée à l’international, le Mexique redouble de prudence au moment d’accueillir son premier Mondial depuis 1986. « A Mexico, où nous étions en stage pendant deux semaines, on pouvait à peine se rendre au supermarché » témoigne un membre de la délégation ivoirienne. Pour le Mexique, il s’agit d’éviter tout drame qui ne ferait que noircir la réputation d’un pays devenu symbole de violence depuis le début de la guerre contre les cartels entamée par Felipe Calderon en 2008. Un pays qui tente malgré tout, de rester une destination touristique attrayante.
Le match inaugural de la Coupe du monde U-17 se dispute à Morelia, la ville qui a subie les premiers cris du président mexicain. Le Mexique et la Corée du Nord y jouent sous surveillance rapprochée. 40 spécialistes des opération spéciales sont notamment sur le qui-vive, maigre échantillon de l’imposant dispositif. . Quelques heures avant le coup d’envoi, huit corps ont été retrouvés à Lazaro Cardenas, port de l’Etat du Michoacan, dont Morelia est la capitale. Pas un événement exceptionnel dans une région qui subit le déchirement du cartel de « La Familia » , après avoir vécu sous son influence meurtrière.
Pour la Corée du Nord, évoluer dans un paysage peuplé de policiers et de militaires constitue sans doute un environnement familier. Pas intimidé pour un sou, les représentants de la République démocratique populaire ouvrent d’ailleurs la marque dès la deuxième minute par Jang Ok Chol. Une frappe croisée qui passe sous le ventre de Richard Sanchez, gardien né à San Diego de parents mexicains, et évoluant au FC Dallas. Sa doublure, tout aussi cosmopolite, se trouve sous contrat avec le Newell’s Old Boys. Né au Mexique d’un père footballeur argentin, Dilan Nicolletti a choisi de porter la verde malgré l’appel de l’albiceleste. Dans sa recherche sans frontière de talents, les responsables de la sélection sont même allés jusqu’à prendre un billet pour Châteauroux afin d’observer le fils de François Oman-Biyik, né à Mexico. Blessé, Emilio Oman-Biyik n’avait pu être supervisé.
Matière engouement populaire, la Coupe du Monde des moins de 17 ans traîne évidemment loin derrière sa version sénior, mais elle génère bien un certain enthousiasme. Champion du Monde de la catégorie en 2005, la génération des Giovani Dos Santos, Carlos Vela, Hector Moreno et consorts avait offert son premier et unique titre planétaire au football mexicain. De quoi transformer la sélection des moins de 17 ans en centre d’attention. Mais les épopées du mini-tri ont tourné court depuis leur sacre : incapable de se qualifier en 2007 et sorti en huitièmes le tournoi suivant. Jamais un pays hôte n’a remporté le Mondial U-17, et c’est à cette tâche inédite que le Mexique s’attelle. Avec le soutien massif du public. Samedi après-midi, ils étaient 42000 à bonder l’enceinte de Morelia. Avec l’aide de l’arbitre également. A la 54e minute, le portier nord-coréen signait une intervention parfaite en dehors de sa surface, mais l’homme en noir en décida autrement. Une erreur flagrante d’appréciation qui allait jusqu’à provoquer l’indignation des commentateurs mexicains. Revenu au score dès la 36e minute, le mini-Tri ne connut dès lors aucune difficulté pour faire la différence. Deux buts venaient concrétiser leur écrasante domination, l’un inscrit contre son camp par un infortuné coréen (68e), l’autre par Giovani Casillas, milieu offensif de la cantera des Chivas. Au même moment, à Monterrey, la France corrigeait l’Argentine (3-0). Dans les deux cas, le bilan fut le même : pas de mort ni de blessé. Pour les participants et assistants au Mondial, tout du moins.
Thomas Goubin
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