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Thomasson : reculer pour mieux passer

Par Florent Caffery, à Lens
5 minutes

Titulaire indiscutable d’un Lens haletant, Adrien Thomasson est devenu, en quelques semaines, l’élément moteur du collectif artésien à la sauce Pierre Sage. Milieu récupérateur à la débauche d’énergie constante, capitaine, meilleur passeur de Ligue 1, le Savoyard de 31 ans aura mis le temps à convaincre définitivement les travées de Bollaert.

Thomasson : reculer pour mieux passer

La patience en matière d’amour est une denrée rare. Pierre Sage et Adrien Thomasson auront su prendre leur temps. 12 mai 2013 au parc des sports d’Annecy, premier coup de cœur, premières sensations. Sage est sur le banc de Chambéry en CFA2 (National 2), Thomasson, 19 piges à l’époque, charbonne en réserve à Évian Thonon Gaillard. Le milieu de terrain arrache le nul sur penalty (2-2). Pierre Sage, intrigué par le bonhomme, file tâter le terrain et demande « aux dirigeants d’Évian s’ils vont le conserver », rejoue l’actuel entraîneur lensois. Réponse positive, chacun trace sa route durant une douzaine d’années, au gré des aléas d’une carrière, jusqu’aux retrouvailles lors de la nomination du technicien dans l’Artois en juin 2025.

Fin observateur, Sage a suivi Thomasson de Vannes à Nantes puis Strasbourg et Lens. « On vient de la même région, appuie aujourd’hui le technicien. Il y a quelque chose qui nous connecte. » Thomasson évoque ces « nombreuses personnes que l’on a en commun » et vante une « connexion automatique ». Qui se traduit dans les chiffres. Titulaire systématique, meilleur passeur de Ligue 1 (cinq en huit rencontres, autant que sur toute la saison dernière), désormais capitaine (même si officiellement, Florian Sotoca, relégué sur le banc, le reste), le milieu de poche (1,75 m) avait déjà un apport offensif et a su y intégrer « l’agressivité défensive », apprécie Pierre Sage, « ce qui en fait un joueur assez complet. Il a fait un grand pas dans sa manière de défendre et est très orienté vers du jeu court avec une volonté de ne pas jeter le ballon, mais de construire le jeu. C’est vrai qu’il y a un revers à cela avec des pertes qui pourraient être coûteuses, mais le fait qu’il soit resté en place, ça lui a permis d’imposer sa patte. »

La remontée mécanique du Savoyard

Une sacrée progression pour celui qui, arrimé au Pas-de-Calais depuis l’hiver 2023, avait stupéfié Arsenal un soir de Ligue des champions en égalisant d’une frappe limpide (2-1) avant de connaître une seconde partie de saison en dents de scie, jusqu’à valser en réserve pour se refaire la cerise sur décision de Franck Haise. Malgré sa présence quasi permanente sous l’ère Will Still (2024-2025) et son replacement entériné devant le triptyque défensif, après avoir connu jusqu’à un rôle de second attaquant à Strasbourg, Thomasson a longtemps peiné à se mettre Bollaert dans la poche. Trop peu décisif aux yeux de certains, performances irrégulières pour d’autres qui n’ont longtemps su digérer une erreur de jugement face à Montpellier en mai 2024 qui coûtera le nul aux siens (2-2) et une qualification directe en Ligue Europa. En fin de saison dernière, il laissera un temps planer le doute sur la suite de l’histoire.

Si le matin du match, on fait une petite répétition, en 30 secondes, c’est pigé, et le soir, tu n’as rien à craindre.

Thierry Laurey, coach de Thomasson à Strasbourg

Depuis, la refonte totale du milieu de terrain lensois, avec les arrivées de Florian Thauvin et Mamadou Sangaré, a escorté sa montée en régime. Son équipier en défense Jonathan Gradit considère que « le déclic ne date pas d’aujourd’hui », mais de son repositionnement devant la défense et qu’il « n’était pas toujours très précis (sur les centres) et a réglé ça ». Exemple par les faits, quatre passes décisives lors des deux derniers matchs dont trois centres.

L’ex-skieur dans sa jeunesse et amoureux de cross a le cuir épais. Et le sens du professionnalisme. « Tu peux aller à la guerre avec lui, jure Thierry Laurey qui l’a fait venir de Nantes à Strasbourg (2018-2023) et le ressort du placard un soir de match au Parc en 2019. La rampe de lancement du jeu parisien, c’était Marco Verratti. Je lui avais dit de le prendre dès que nous n’avions pas le ballon. À un moment, Verratti lui a dit “tu vas me suivre tout le match ou quoi ?” Si le matin du match, on fait une petite répétition, en 30 secondes, c’est pigé, et le soir, tu n’as rien à craindre. Et il en rediscute avec ses partenaires pour être sûr que tout le monde a compris de la même façon. Adrien a un QI football. Il peut être entraîneur sans problème. »

« L’entraîneur recherche ce type de joueur »

Sans être le plus gueulard du vestiaire, le trentenaire, qui se rêve plutôt directeur sportif, a « un caractère dont les gens ne se rendent pas compte », poursuit Thierry Laurey. « ll est capable de péter un câble, c’est une teigne. Il ne lâche rien, surtout s’il estime qu’il a raison. Mais quoi qu’il en soit, sur le terrain, c’est un exemple. » Qu’importe cet « impact athlétique moindre par rapport à El Aynaoui  (Neil, qui a quitté Lens l’été dernier) ou Doucouré (Cheick) à une autre époque. Il est dans un autre registre et à partir du moment où l’entraîneur recherche ce type de joueur, c’est l’élément idoine  ».

À 31 ans, Adrien Thomasson a « encore deux ou trois belles années à très haut niveau », prédit Pierre Sage. Le principal intéressé, « qui se rend compte qu’il a valeur d’exemple désormais avec le brassard », glisse Thierry Laurey, savoure « vivre de [s]a passion. Je sais que je suis un privilégié. Je ne suis pas celui qui parle le plus pendant la semaine ou les matchs, mais par mon attitude, j’essaye d’être toujours positif, engagé ». Engagé sur tous les sujets, même lors d’une partie de cartes. Thierry Laurey conte ces « parties de tarot que l’on faisait en déplacement avec Dimitri Liénard. Je jouais d’une façon différente et Adrien s’y intéressait, il voulait comprendre. C’est comme dans le foot, il veut connaître et maîtriser ». Pour finalement couper court aux débats avec ses atouts.

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Par Florent Caffery, à Lens

Propos de Thierry Laurey recueillis par FC.

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