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L'OM raconté par ses bourreaux

Propos recueillis par Timothé Crépin
5 minutes
L'OM raconté par ses bourreaux

Carquefou, Quevilly, Grenoble, Andrézieux, Canet : avant Annecy mercredi dernier, tous ces clubs se sont payé l'OM en Coupe de France ces 15 dernières années. Ils reviennent sur ce jour de gloire.

2008 : Carquefou (CFA 2) 1-0 Marseille

But : N’Doye (7e)

Témoin : Loutfi Zebidi, 39 ans, entraîneur-joueur de la JSC Bellevue Nantes (R1)

« Je revois tout de suite La Beaujoire. On se rend compte qu’on va jouer devant 35 000 personnes et que ça va être exceptionnel. Puis l’entrée sous le tunnel. Tu as en face de toi Nasri, Cissé, Zenden, Mandanda… Des gros joueurs ! Tu te dis que les dix premières minutes vont être compliquées. On part dans l’optique de ne pas en prendre un dans le premier quart d’heure. Et en fait tu ouvres le score. Je revois la tête de N’Doye, tout heureux. Même lui a du mal à y croire. Derrière, tu donnes ta vie pour tenir. On a cette force d’y croire pendant 80 minutes. Ça tire sur les organismes. On donne tellement tout. Je me souviens de mon marquage sur Nasri. Avec un tacle pas vraiment réglementaire au niveau de la hanche dans les trois dernières minutes. C’est tellement monumental, historique. Tout un stade est derrière toi. La mémoire flanche un peu, mais les souvenirs de ce match et de ce parcours sont intacts. Les gens s’en rappellent encore. Quinze ans après, ça reste gravé. Annecy nous a rejoints. Ça fait quelques équipes maintenant. L’OM est un peu coutumier du fait… »


2012 : Quevilly (N) 3-2 AP Marseille

Buts : Valéro (6e), Ayina (111e et 119e) pour Quevilly // Rémy (85e et 112e) pour Marseille.

Témoin : Anthony Laup, 40 ans, joueur et éducateur U16 aux Municipaux du Havre. Agent de blanchisserie.

« La première image, c’est le tirage au sort. J’ai vu l’OM… C’est mon club de cœur, j’ai toujours été supporter marseillais, je connais des joueurs qui évoluent là-bas comme Steve Mandanda et Souleymane Diawara. Mais pendant le match, je suis un joueur de Quevilly ! À la fin, je suis le premier heureux. Ça reste un magnifique exploit. Quand tu repenses à un entraîneur comme Didier Deschamps qui est sur le banc, avec tout ce qu’il va accomplir ensuite avec l’équipe de France… On élimine l’OM, qui joue juste après un quart de finale de Ligue des champions (face au Bayern Munich, NDLR). Avec ce troisième but un peu bizarre de John Ayina… Il y a une sortie de Gennaro Bracigliano, ça tape sur la tête de Frédéric Weis et ça revient sur Ayina qui la pousse au fond. Tout le monde est un peu sur la réserve, on ne sait pas s’il va être accordé ou pas. Puis il y a l’explosion au bout. Je me souviens récupérer le maillot de Souleymane Diawara. L’OM avait donné un sac contenant des maillots. Je suis resté un gros supporter de l’OM. Et les autres éliminations, notamment celle d’Annecy, ça me fait chier… »


2015 : Grenoble (N2) 3-3 AP (5-4 TAB) Marseille

Buts : Nasrallah (10e), Hachi (48e), Bengriba (120e) pour Grenoble // Gignac (6e et 33e), A. Ayew (98e) pour Marseille.

Témoin : Selim Bengriba, 42 ans, entraîneur au GF38 jusqu’à la saison dernière. Actuellement en formation.

« Je ne marque pas beaucoup de buts à l’époque… Mais là, c’est exceptionnel. Face à Marseille et face à CE Marseille, premier du championnat. J’ai toute l’action en tête. Je fais un vrai appel d’attaquant, je viens couper, le ballon arrive pile-poil. Je lobe Brice Samba, qui n’est pas aussi fort que maintenant. (Rires.) Je me souviens des petits mots d’Alaixys Romao juste avant. Il m’a au marquage et me demande : “Mais qu’est-ce que tu fais là ?” On avait un ami en commun. Il me demande pourquoi je suis devant. Je lui réponds que je suis cuit, cuit, cuit, avec des crampes ! C’est lui qui est au marquage sur moi sur le but. C’est la fin. Ils engagent, et l’arbitre siffle. Tirs au but. Je ne suis pas candidat pour tirer. Je pense que Paul Cattier, notre gardien, aurait tiré avant moi. Je joue stoppeur. Je me souviens de mon marquage sur André-Pierre Gignac. C’est un extraterrestre, un énorme joueur. Il a quand même mis 2 buts… Pas évident à contrôler. C’est la classe internationale. Ça fait déjà 8 ans. Ça reste gravé. Pour certains jeunes supporters de Grenoble, ça reste encore leur match référence. »


2019 : Andrézieux (N2) 2-0 Marseille

Buts : Ngwabije (17e), Milla (82e).

Témoin : Bryan Ngwabije, 24 ans, joueur à Andrézieux.

« Ce qui vient tout de suite, c’est mon équipe. Le groupe qu’on a. C’est ça qui ressort. On a un effectif très jeune, mais on n’est pas du tout ridicules dans le jeu. À la fin, avec le score, on parvient à pouvoir se rendre compte de notre taf et à savourer l’ambiance et tout ce qu’il se passe autour. Mon but ? Ça va très vite. Je coupe au premier poteau. Je sors du marquage de Caleta-Car et je passe devant Mandanda. Une action travaillée à l’entraînement durant la semaine. Et on réussit à la mettre en place de la meilleure des manières. La petite histoire, c’est qu’on me charrie parce que je ne marque pas alors que je monte beaucoup. Notamment l’entraîneur des gardiens qui est sur mon dos en permanence. Mais je leur dis que c’est dans les grands moments qu’on répond présent. Et j’ai la chance de marquer là. Sur ce match, Marseille ne montre pas l’étendue de son talent… À ce moment-là, ils ne sont déjà pas bien en championnat, on sait que c’est le moment pour l’exploit. On en a profité pour les enterrer un peu plus. »


2021 : Canet-en-Roussillon (N2) 2-1 Marseille

Buts : Posteraro (20e), Bai (71e) pour Canet // Milik (38e) pour Marseille.

Témoin : Jérémy Posteraro, 31 ans, joueur au FC Albères Argelès, assistant commercial dans le domaine des piscines.

« Ce but, je ne m’y attends pas. Quand je vois la balle partir et que le gardien ne réagit pas trop, je me dis qu’elle va y aller. Dès qu’elle rentre, je ne sais pas quoi faire. Je cours tout droit vers le banc… Sur un corner juste après, Alvaro Gonzalez vient me voir et me dit : “Que golazo !” Je revois encore les regards des joueurs de l’OM au coup de sifflet final. Je récupère le maillot de Benedetto, je l’ai encore chez moi. J’ai gardé des photos également. Ce but n’a pas eu d’impact sur ma vie, mais c’est clair que je suis rattaché à ça. Ce coup franc, on m’en parle encore souvent. C’est resté dans les annales ici dans la région. C’est toujours plaisant, même si je suis supporter de l’OM. Donc c’est un peu chiant. (Sourire.) Annecy, j’étais un peu dégoûté, je ne m’y attendais pas. Après notre exploit d’il y a deux ans, je me disais que ça n’allait pas se reproduire. Et finalement, encore une fois… »

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