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Ajaccio, éloge de la solidité

Par Raphaël Brosse
5 minutes
Ajaccio, éloge de la solidité

Vainqueur du leader toulousain, samedi soir (1-0), l’AC Ajaccio a conservé sa deuxième place de Ligue 2 et évoluera donc à l’étage supérieur en 2022-2023. Un dénouement qui a pu en surprendre plus d’un, tant la bande d’Olivier Pantaloni n’était, a priori, pas programmée pour se retrouver à pareille fête. Mais les Corses, qui ont érigé la solidarité en valeur cardinale et ont fait de leur solidité un atout considérable, n’ont absolument pas volé leur montée.

Un yo-yo. À coup sûr, voici l’objet qui illustre le mieux la trajectoire sinusoïdale de l’AC Ajaccio depuis maintenant cinq ans. Une saison à jouer le maintien, la suivante à rêver de la montée, et ainsi de suite sans discontinuer. Le ventre mou, très peu pour les Ours, qui passent allègrement d’une extrémité à l’autre du classement, mais jamais ne s’ennuient quand vient le printemps. Parvenu à se sauver de manière poussive en 2020-2021, le club corse était donc censé être aux avant-postes lors de l’exercice qui vient de s’achever. Gagné. Ce dont on ne se doutait pas, en revanche, c’est qu’en dépit de son budget limité (le treizième de la division) et de son effectif tout sauf clinquant, il irait jusqu’à chiper un accessit direct pour la Ligue 1. Devancés par Toulouse, les hommes d’Olivier Pantaloni ont validé leur deuxième place au soir de l’ultime journée, samedi, en venant justement à bout du TFC dans un stade François-Coty comble (1-0). « On n’aurait jamais pensé à cela en début de saison. Avec nos petits moyens, ici, il fallait avoir toutes ces forces de caractère et cette solidarité pour y arriver. C’est incroyable. Ce fut une aventure extraordinaire dont les joueurs se souviendront toute leur vie », a avoué le technicien de 55 ans, ému, au micro de beIN Sports après la rencontre.

Défense d’entrer

Bien évidemment, cette promotion de l’ACA ne fait pas que des heureux. Outre les supporters des clubs concernés, nombreux étaient les nostalgiques de la D1 des années 1990 à espérer une montée d’Auxerre, au jeu souvent emballant, ou de Sochaux, enfin sorti de sa profonde léthargie. D’autres comptaient aussi sur le Paris FC, de manière que l’élite française compte enfin deux formations de la capitale dans ses rangs. Ces trois-là devront emprunter la voie des playoffs, avant un toujours délicat barrage face au dix-huitième de L1. Mais sur l’ensemble de la saison, ce sont bien les Ajacciens qui – derrière les Toulousains – ont été les plus réguliers. Ils occupaient d’ailleurs le fauteuil de leader à la trêve, ce qui prouve bien qu’ils ne doivent rien à personne. D’autres pointeront du doigt leur faible bilan offensif (39 buts en 38 matchs, soit la onzième attaque du championnat), et il faut reconnaître que les rencontres des joueurs du président Christian Leca étaient rarement les plus spectaculaires. Il faut toutefois savoir s’appuyer sur ses forces, et celle des Corses a rapidement été identifiée : la solidité défensive.

Avec seulement 19 petits buts encaissés sur l’ensemble de la saison, Ajaccio a ainsi battu un nouveau record d’imperméabilité dans la division. Leur gardien a réalisé 23 clean sheets, total du PFC (2018-2019) égalé. Les partenaires de Gaëtan Courtet n’ont jamais perdu après avoir ouvert le score et ont gagné à onze reprises par 1-0. Ce n’est pas très sexy, c’est vrai, mais il n’en demeure pas moins que réussir pareille performance collective pendant dix mois de compétition est exceptionnel. Et à défaut d’avoir les joueurs nécessaires pour faire le show et inscrire quatre buts par match, autant faire en sorte d’en prendre le moins possible. « Si Ajaccio a pris si peu de buts, c’est grâce à tout leur bloc équipe, nous racontait Philippe Hinschberger, l’entraîneur d’Amiens, il y a quelques semaines. Ils ont deux lignes de 4 serrées, et pour trouver de la place là-dedans, c’est très très compliqué. Quand vous arrivez face aux défenseurs, vous êtes déjà contents du boulot qui a été fait auparavant, car les attaquants travaillent énormément. Courtet, il n’a plus 20 ans, mais il est d’une générosité énorme ! » L’ancien Auxerrois et Rémois n’a pas spécialement affolé les compteurs en 2021-2022 (sept buts, trois passes décisives), mais il symbolise parfaitement la combativité et le sens du dévouement dont son équipe a fait preuve tout au long de l’exercice.

La vieille garde et l’entraîneur du coin

On aurait d’ailleurs bien du mal à faire ressortir une individualité. On peut certes parler du gardien Benjamin Leroy (qui, à 33 ans, a été élu meilleur portier de L2) ou de la révélation Oumar Gonzalez, véritable roc de la charnière. On constate surtout que la colonne vertébrale de cette équipe-là évolue à l’ACA depuis des lustres. De Cédric Avinel à Riad Nouri, en passant par Mathieu Coutadeur et Mohamed Youssouf, sans oublier Courtet ni Leroy, c’est un un groupe de grognards qui constitue le noyau dur de l’effectif ajaccien. En y ajoutant un gamin du centre, Yanis Cimignani, et des recrues habilement dégotées (Gonzalez, Jean-Philippe Krasso), Olivier Pantaloni a su trouver la bonne formule.

Le coach né à Bastia tient lui aussi une grande place dans la magnifique saison acéiste. C’est lui qui, très tôt, a compris qu’il avait tout intérêt à bâtir un bloc équipe des plus compacts. Son expérience de la Ligue 2 et sa connaissance du contexte corse se sont aussi avérées très précieuses, que ce soit pour éviter de s’enflammer quand tout allait bien ou pour ne pas tout remettre en cause dans les moments de doute. À titre personnel, c’est la troisième fois qu’il vit une montée en Ligue 1 sur le banc d’Ajaccio, après 2002 (il était alors adjoint de Rolland Courbis) et 2011. Sa prochaine mission consistera à maintenir le club de l’Île de Beauté au plus haut niveau national. Ce ne sera pas chose aisée. Mais nul doute que son équipe sera un poil à gratter bien agaçant pour pas mal de ses adversaires.

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Par Raphaël Brosse

Propos de Philippe Hinschberger recueillis par Loïc Bessière.

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