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Tony Andreu : « Je suis tombé amoureux d’Edimbourg »

Propos recueillis par Quentin Müller
Tony Andreu : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Je suis tombé amoureux d&rsquo;Edimbourg<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

De Monaco à l'Écosse, avec un passage en Suisse, Tony Andreu raconte son parcours, tout en pluie, en Lac Léman et avec un peu de référendum dedans.

Tu as fait ta formation à Monaco, des souvenirs ?

Au départ, j’étais avec les amateurs, puis je suis monté avec la réserve et les jeunes U17 puis U19. Il y avait des mecs comme Djamel Bakar, Yohan Mollo ou Yohann Thuram, le cousin de Lilian. Eux ont eu leur contrat pro, pas moi. Et je vais te dire : personnellement, je ne sentais pas d’écart de niveau entre eux et moi. Les formateurs de l’époque ont juste fait un choix.

Et après, tu fais quoi du coup ?

J’avais passé mon bac, j’avais fini l’école. Il était temps pour moi de définitivement me consacrer à ma carrière. J’avais une offre pour Saint-Raphaël qui n’était à l’époque pas couplé à Fréjus. C’était une CFA ou CFA2. Mais au final, le gars qui me veut là-bas part monter quelque chose dans une D3 Suisse. Franchement, à ce moment-là, j’aurais pris tout et n’importe quoi. Je file respirer le bon air suisse. Même si le salaire était très mince, le club me fournit un logement à ses frais. Je mets 8 buts et fais une saison plutôt bonne.

Comment est le niveau en D3 suisse ?

Bah, très franchement, j’ai été très surpris. Je m’attendais à quelque chose de… et, finalement, t’avais des équipes qui jouaient au ballon. C’est un peu comme la Ligue 2 ou le National en France. Le jeu est assez lent, tactique, pas trop direct. Puis parfois, tu tombes sur d’anciens joueurs de D2-D1 et tu sens qu’ils ont du ballon. Donc j’ai été globalement bien stupéfait. Mais ça n’a pas duré. L’année d’après, je signe au Stade nyonnais, alors en D2. Là, c’est plus professionnel niveau infrastructure, puis j’avais un cadre de vie sympa. J’étais au bord du lac Léman. C’est pas un gros dépaysement, mais quand t’es jeune et t’es indépendant, t’as ton appartement, ton salaire, c’est sympa.

Finalement au bout de trois saisons, ton club ne parvient pas à monter et il descend même en D3…

Oui, à ce moment-là, je suis en fin de contrat et je ne compte pas prolonger. Retrouver la D3 ne me branchait pas. Malheureusement, je n’avais aucune offre de club en première division suisse. Heureusement, le même type qui m’avait fait venir au CS Chênois me dégote un essai au Livingston FC. C’était une D2 écossaise. Je suis parti là-bas. J’ai fait ma semaine avec le groupe, puis ils m’ont signé. J’étais très excité, car l’Écosse, c’est un vrai pays de passion et de football. La Suisse, dans les divisions inférieures, ça l’est moins quoi… Bref, je débarque, c’était genre fin juin, début juillet. J’étais à Nice avec ma famille et il faisait environ 30 C°. Arrivé sur les terrains de Livingston, il faisait super froid. Je dirais 20 C° de moins qu’à Nice. Et on avait encore la gamme d’été : shorts, T-shirts. Les gars attendaient avec impatience les pulls et les joggings. En fait, j’ai réalisé qu’ici, l’été ne dure que deux semaines. Pour un gars du Sud, c’est pas évident (Il rit).

Le club est en proie et à des difficultés financières et doit te vendre après une saison…

J’ai fait une super saison même si, au début, c’était pas gagné. Le rythme ici est bien plus élevé qu’en Suisse ou en France. Ça joue sans se poser de question. C’est du box-to-box. Pour moi qui suis milieu de terrain, c’est pas tout de suite facile. Même si nous, on jouait un peu au ballon, t’as plus du 3/4 des équipes qui balancent devant. Tu dois sauter et courir tout le temps. Donc au début, dès les vingt premières minutes de jeu, j’étais déjà cramé. Mais je me suis vite mis dans le bain. J’ai progressé, j’ai pris du volume de jeu, chose que je n’aurais jamais développé si j’étais resté en Suisse. Mais après cette expérience, je n’ai pas forcément eu beaucoup d’offres, et pas une seule de D1 écossaise. J’ai le Servette FC en Suisse, qui vient de descendre et projette de remonter directement, qui me veut. Je vais à Genève pour signer mon contrat, mais finalement les négociations coincent. Finalement, je retourne en Écosse. Hamilton Academical qui projette aussi de monter en D1 est intéressé. Je signe, mais j’ai raté toute la préparation. Obligé de s’entraîner seul dans le brouillard pendant que tes coéquipiers jouent tous les week-ends. Pendant une dizaine de journées, je ne joue pas. L’équipe gagne et du coup, le coach ne fait pas tourner. Il me laisse enfin ma chance contre… Livingston, mon ancien club. Je fais un match énorme et à partir de ce moment-là, je ne quitte plus l’équipe première.

Raconte-nous la montée d’Hamilton. Ça été un bourbier pas possible, non ?

Ouais, c’est sûr. Moi, j’angoissais de jouer les play-offs. D’abord parce que je voulais finir plus tôt. Puis parce que c’est assez éprouvant physiquement et psychologiquement. En fait, en D2 écossaise, t’as le premier qui monte automatiquement. Le deuxième doit affronter le vainqueur du quatrième contre le troisième. Et celui qui gagne ce match doit affronter l’avant-dernier de D1. Je peux te dire que le dernier match, tu le joues émoussé et avec des crampes. Donc nous, on joue Falkirk FC (l’ancien club de Sir Alex Ferguson, ndlr). Une équipe dure à jouer, avec un stade bien hostile. Un vrai traquenard. On fait 1-1 chez eux et je marque le seul but du match au retour, chez nous. Un grand délire. Du coup, nous voilà, nous, petit club de D2, habilités à jouer la finale de playoffs contre Hiberninan ! Honneur au relégable, on commence chez nous. On prend une veste 2-0… Mais pendant le match on joue bien, seul petit espoir pour le retour. À Hibernian, devant 20 000 supporters, dont 3000 de chez nous qui ont chanté tout le match, on inverse la tendance dans un match fou. On mène 1-0 jusqu’à la 93e sous des trombes d’eau. Dernière action : l’arbitre a le sifflet sur le bord des lèvres et moi, je plante le but du 2-0 à la toute dernière seconde. Un truc de fou.

T’avais une chanson ?

Oui, ils chantaient : « Twenty two, Tony Andreu » . Certains avaient parfois un drapeau bleu-blanc-rouge avec mon numéro. Quand tu viens d’où je reviens, tu trouves ça génial.

Et du coup, raconte-nous la prolongation…

Pendant la prolongation, c’est du kif-kif. Tout le monde est rincé, mais eux jouent avec la peur au ventre, ça se sent. Au sifflet, on est sereins. Moi, je m’en vais tirer le deuxième tir au but, sans pression. D’ailleurs, j’en reviens pas, tu vas tirer peut-être le penalty le plus important de ta carrière, et je n’avais aucune pression. Je le marque, comme tous mes coéquipiers. Finalement, on gagne à la mort subite. De la folie.

Enfin, tu vas pouvoir goûter à une D1. D’ailleurs la D1 écossaise, sans le Celtic Park et l’Ibrox Stadium, les stades sont lambda ou pas ?

Oui et non. T’as des stades qui font quand même 20 000 places. Certains sont old school. Moi, j’aime bien. Puis où que tu sois en Écosse, en D4, D3, D2, t’as toujours des supporters qui chantent. Un jour, il m’est arrivé d’en voir trente, mais trente qui chantent torses nus et sous la pluie pendant 90 minutes.

Tu peux nous raconter ta vie en Écosse ?

Là où je vis, à Hamilton, c’est mignon. C’est une ville pas très grande, mais tu as tout ce qu’il faut. Il y a toujours plus de pubs que d’habitants. Mais c’est pas la ville que je préfère en Écosse. Tu vois, je suis tombé amoureux d’Édimbourg, qui est une vraie ville de charme. Puisque tu me le demandes, je suis aussi allé voir le lac du Loch Ness, furtivement.

Tu n’as pas trop eu de soucis avec l’anglais ?

Quand je pars de Suisse où je parlais toujours français, j’ai l’ambition d’apprendre une nouvelle langue. En Écosse, j’ai eu du mal au début, même si j’avais quelques notions avec le bac. Ici, l’accent écossais est terrible, mais celui de Glasgow est encore pire. Moi, je suis pas loin de Glasgow et les gens d’ici ont l’accent de Glasgow. Donc j’ai eu du mal. Mais maintenant, ça va.

Vous avez un derby à Hamilton ?

Oui, on est à quelques mètres de Motherwell, « maman va bien » . Il y a juste une rivière qui nous sépare. On ne l’a pas encore joué et les supporters ne nous ont pas encore mis au parfum, mais ça ne devrait pas tarder.

On rit beaucoup des gardiens au Royaume-Uni. En début de saison, il y en a même un qui a marqué sur un dégagement. T’en penses quoi, toi ?

Généralement, ils sont très bons sur leur ligne. Mais tu sais, c’est pas facile d’être gardien en Écosse ou en Angleterre. Tu prends tellement de coups que c’est dur de ne faire aucune boulette.

T’as suivi les débats sur le référendum en Écosse ?

Bien sûr. Dans mon équipe, les Écossais en parlaient et en débattaient beaucoup. La majorité est contre même si tous sont patriotes. En tant que résidant en Écosse, je pouvais aller voter.

Tu y es allé ?

Non, mais j’ai un coéquipier espagnol qui a voté oui. C’est un Catalan, ça le touche forcément.
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