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Giuly, la France CFA

Arnaud Clement
Giuly, la France CFA

Il a bel et bien tenu sa promesse de revenir dans le club de ses débuts en région lyonnaise. Aujourd'hui président d'honneur – joueur, Ludovic Giuly est aussi impliqué à MDA Chasselay qu'il ne l'était à Monaco, au Barça ou au PSG. Et son apport dépasse largement le seul cadre du rectangle vert.

Victor Hugo a écrit un jour : « Le vrai nom du dévouement, c’est désintéressement. » Si les exemples en la matière ne manquent pas – du moins pas autant que l’opinion publique semble le penser – dans le monde du ballon rond, Ludovic Giuly démontre que certains footballeurs sont capables de se rappeler des chemins empruntés par le passé pour finir sur l’autoroute du succès. Lui, l’homme aux 732 matchs en professionnel et en équipe de France, le vainqueur de multiples titres, dont la C1 2006 avec le Barça reste évidemment le point d’orgue, l’homme de médias aujourd’hui consultant pour beIN Sport ou l’entrepreneur qui a plusieurs activités à son arc parallèlement au football, comme ce centre de rééducation sportive qu’il a entièrement monté à Saint-Raphaël, n’en a pas moins oublié la promesse qu’il avait toujours faite au regretté Gérard Leroy, ancien président du club de MDA Chasselay (CFA) disparu en 2012 : revenir jouer dans le club de ses débuts une fois la boucle bouclée. Ludo l’a dit, Ludo l’a fait. « Super-souris » est aujourd’hui une des pierres angulaires du club des Monts d’Or, ce coin huppé de la banlieue lyonnaise, situé à une quinzaine de kilomètres de la capitale des Gaules.

Et malgré son emploi du temps de ministre, Ludovic Giuly se dépense sans compter pour ses nouvelles couleurs, lui qui occupe la double fonction de président d’honneur et de joueur. Il avait d’ailleurs prévenu à son arrivée, dans Le Progrès : « Je serai joueur, pas président. Mais je participerai à la vie du club pour les sponsors avec plaisir, je sais aussi ce qu’est le monde du foot amateur. » Entier et franc comme il l’a toujours été en 18 ans sur les prés continentaux, l’homme fait aujourd’hui l’unanimité dans ses nouveaux habits. Et pour plusieurs raisons. La première est évidemment sportive. Lorsqu’il a repris cet été les rênes du groupe senior de MDA Chasselay, repêché administrativement en CFA pour une gestion saine après une relégation sur le terrain, l’entraîneur Stéphane Santini, fils du grand Jacques passé par l’ASSE, Sochaux et Lausanne en pro, n’a pas boudé son plaisir en apprenant l’identité de sa nouvelle recrue : « Je ne savais pas qu’il reviendrait lorsque j’ai signé. Mais lorsque je l’ai su, évidemment que je l’ai pris comme un plus énorme. Je connaissais un peu l’homme et je savais dès le départ que Ludo n’est pas quelqu’un qui fait les choses juste pour les faire. Quand il s’implique, c’est qu’il a envie. Et puis bon, footballistiquement, on connaît ses qualités. Il a d’ailleurs déjà montré qu’il avait encore le niveau pour évoluer bien plus haut. »

L’homme qui marque dans le stade à son nom

D’ailleurs, Giuly n’a pas tardé à montrer la voie à ses partenaires. Absent lors de l’ouverture du championnat de CFA à Sochaux B, il est aligné d’entrée le 24 août pour son premier match en jaune et noir. Dans un contexte particulier : à domicile, au stade Ludovic-Giuly de Chasselay donc, et face à la réserve de l’OL, ce club qui était venu le chercher au début des années 1990 pour le lancer vers la carrière qu’on lui connaît. Et ce jour-là, Super-souris montre qui est le patron du haut de ses 37 printemps et n’hésite pas à répondre à l’impératif du complexe d’Oedipe en tuant à lui tout seul son club formateur. Chasselay tape le grand voisin (3-1), grâce à deux buts et une passe dé’ de son vétéran galopant. Ce jour-là, Stéphane Santini l’avoue sans détour. Son poulain, de trois ans son cadet, l’a scotché : « On a eu un grand Ludo contre l’OL. Sur le premier but, c’est son intelligence de jeu qui parle, puisqu’il anticipe une erreur d’un défenseur pour lui passer devant, marquer de près et donner l’avantage. Et sur le deuxième, cette frappe en demi-volée excentrée qui finit dans le petit filet opposé, c’est un geste de grande classe. Tout le monde était surpris après ce but, moi le premier. » Mais malgré une vitesse qui fait encore mal aux défenses, une technique au-dessus du lot et une association offensive avec un pivot de 2 m qui n’est pas sans rappeler celle vécue à Paris avec Guillaume Hoarau, l’homme ne peut pas tout, tout seul. Ainsi, Mont d’Or Azergues a notamment enregistré un sévère revers à l’automne à Sarre-Union (5-1).

Mais à en croire tous les suiveurs du club aujourd’hui présidé par Jocelyn Fontanel, lui-même ancien de l’AS Nancy-Lorraine et de l’OL aujourd’hui entrepreneur dans le BTP, son apport sur le terrain ne se limite pas à ses deux buts et deux passes décisives en cinq apparitions en championnat. « Évidemment qu’il aimante des adversaires autour de lui, ce qui peut permettre aux autres d’en profiter. Et c’est d’autant plus à son honneur que c’est dans sa mentalité de partager la réussite. Il ne sera d’ailleurs pas mécontent si ça profite aux autres, bien au contraire » , fait remarquer son entraîneur. Quant au président de la maison, il y voit un autre intérêt pour ses ouailles : « Il est bon convive en dehors du terrain, mais très pro une fois dessus. Et comme le championnat de France amateur est l’antichambre du monde professionnel, celui qui s’en rapproche le plus en tout cas, il apporte beaucoup à nos jeunes joueurs sur la rigueur à avoir de par son exigence. » Sans doute aussi un moyen de faire ses armes dans le métier, lui qui prépare ses diplômes d’entraîneur, après s’être gentiment fait recaler par le nouveau board de l’AS Monaco pour une reconversion dans le staff. Car au fond, l’homme est un passionné, un vrai. Et Stéphane Santini tient à le rappeler de vive voix quand on pose la question : « Vu de l’extérieur, je sais que nombreux sont ceux à croire qu’il prend ça par-dessus la jambe, qu’il ne s’entraîne pas, etc. Mais ce sont des conneries. Tenez, mardi (22 octobre), il n’y avait pas de séance de l’équipe première. Il a quand même pris ses affaires et est allé s’entraîner avec la réserve (niveau PHR). Vous en connaissez beaucoup des mecs de son acabit qui feraient ça ? »

Giuly, produit dopant pour MDA

Outre l’aspect sportif, les apports de Giuly dans le club où son père Dominique, ancien gardien de but du Sporting Club de Bastia, est en charge du sportif, sont autres. D’abord, il y a cette mise en lumière médiatique ressentie comme une fantastique vitamine pour son club par le président Fontanel : « Quand on bénéficie d’un bel éclairage, ça transpire sur d’autres domaines. On a reçu la visite de médias nationaux comme France Football ou France télévisions, chose qu’on n’aurait jamais eu, mis à part si on faisait un parcours exceptionnel en coupe (NDLR : ce qui sera peut-être le cas cette année, MDA Chasselay étant toujours en lice). Et ça, ça mobilise forcément les partenaires et attire les joueurs. Nous avons 70 jeunes de plus que l’an passé à présent » , poursuit le taulier du club. Au stade, l’affluence varie du simple au double selon que la gloire locale est présente ou non. Ainsi, pour le match face à l’OL B, les tribunes étaient garnies de 700 à 800 âmes, bien au-dessus des quelque 300 habituels. Ludo, comme un aimant. Tout ça mis bout à bout, évidemment, dans le concurrentiel paysage rhodanien du football où cinq équipes peuplent le groupe B de CFA (Saint-Priest, OL B, Villefranche-sur-Saône, Lyon Duchère et MDA Chasselay), ça compte.

Et comme il l’avait clamé, Ludovic Giuly s’implique dans les relations avec les sponsors. « La vie du club l’intéresse et quand nos emplois du temps concordent, on va voir les principaux clients. Aujourd’hui, grâce à lui, on fidélise les partenaires historiques et attire des nouveaux. » Car, avec son budget de 500 000 euros, le fer de lance sportif du village de 3 000 âmes qui l’accueille reste un poids plume du CFA, avec des moyens financiers inférieurs à plusieurs clubs de l’échelon inférieur. « Pour être installé à ce niveau, il nous faudrait au moins 800 000 euros. C’est clair qu’avec Ludovic, ça nous permet de capitaliser pour s’en rapprocher le plus possible » , poursuit Fontanel. Comprendre, trouver des sources de financement autres que la principale manne financière reçue par MDA Chasselay, à savoir les dons annuels, permettant une petite défiscalisation, du principal intéressé, estimé selon le président entre 100 et 150 000 €. « Ça fait plus de 10 ans qu’il le fait. Et même à Barcelone où il ne pouvait profiter de la défiscalisation, il donnait quand même de gaieté de cœur » , rajoute Jocelyn Fontanel. Sans doute un moyen pour le lutin d’1,64 m, « formé avec des valeurs, des vraies » selon Santini, de rendre au football ce que le football lui a donné. Ou comment œuvrer comme un putain d’exemple.

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Arnaud Clement

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