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Yohan Croizet : « Kansas City, c’est le feu ! »

Propos recueillis par Romuald Gadegbeku
6 minutes
Yohan Croizet : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Kansas City, c’est le feu !<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Yohan Croizet (26 ans) a un parcours peu commun, telle une voie parallèle du footballeur pro qui veut poursuivre son rêve, alors qu’il s’apprête à croquer dans le match aller de finale de Conférence ouest, opposant les Portland Timbers et son Sporting de Kansas City. Des terrains fangeux de Virton en Belgique, en passant par le FC Metz jusqu’à son arrivée en MLS dans le Missouri le gaucher se raconte.

Tu peux nous retracer ton parcours en Europe, avant de partir aux États-Unis ? J’ai été formé à Metz, où je n’ai pas pu percer, du coup je suis parti en Belgique à Virton en D2. J’ai fait une année là-bas, je me suis fait remarquer, et j’ai enchaîné à Louvain avec qui on est monté en D1. Et j’ai terminé mon aventure belge à Malines.

Qu’est-ce qui t’a poussé à quitter la Belgique ?Ça se passait mal à Malines, dans le vestiaire. Tu sais, faut connaître la mentalité flamande, c’est très différent des Wallons. Les Flamands restent avec les Flamands. Quand tu es titulaire et pas eux, ça commence à parler. Et moi, quand il y a un souci, je dis ce qu’il y a dire, sans être irrespectueux, donc pour moi, il était temps de bouger…

Comment s’est présentée l’opportunité Kansas City ?Les scouts du Sporting (Kansas City) étaient en tournée en Europe, et recherchaient un joueur gaucher, qui peut jouer sur tout le côté gauche. J’ai saisi l’opportunité et j’ai signé en décembre 2017.

Quand on parle MLS, on pense à Los Angeles ou New York, pas au Missouri. T’as pas eu peur au début ?J’avoue que je ne connaissais pas du tout la ville. C’est vrai que quand tu parles de MLS, tu penses aux grosses écuries, mais il faut savoir que Kansas a gagné des titres (2 MLS, N.D.L.R.), ils sont chaque année en play-offs, et là il y a encore cette finale qui arrive.

Avant la Belgique et les États-Unis, il y a eu Metz, qu’est-ce qui fait que tu as dû poursuivre ton rêve ailleurs ?C’était difficile de m’imposer, on avait une sacrée génération, on venait de gagner la Gambardella avec Gaëtan Bussmann, Ngbakoto, Bouna Sarr, je crois Kalidou (Koulibaly) aussi ou peut-être qu’il venait de partir aussi (le défenseur de Naples était bien présent lors de la finale de la Coupe Gambardella 2010, N.D.L.R.), mais en tout cas, c’était dur pour moi de m’imposer avec ces joueurs-là. Pour passer pro, j’ai été obligé de partir. Mais j’ai passé de bons moments à Metz.

Tu te souviens de ton unique match en Ligue 2 avec les Grenats ? C’était en 2011…Je m’en souviens comme si c’était hier. On avait pas mal de blessés, je n’avais pas encore de contrat pro, je faisais des bons matchs avec les U19, alors Bijotat me lance sans même passer par la CFA. C’était contre Guingamp, je jouais arrière gauche. Sur une longue touche, je fais une passe décisive à Omar Pouye, on gagne 1-0, mais le club était descendu en National en fin de saison.

D’un match à l’autre, tu vas à Minnesota où il fait super froid,et le match suivant, t’es à LA où il fait 35 degrés. Ce sont des détails que je n’avais pas pris en compte.

Et donc, tu passes de Metz à la Belgique, et de la Belgique à Kansas City. Comment s’est déroulée ton adaptation au soccer ?Les premiers mois étaient difficiles au niveau adaptation, c’est un championnat complètement différent, tu voyages beaucoup, heureusement on a la chance que le club soit très bien organisé. Mais d’un match à l’autre, tu vas à Minnesota où il fait super froid, tu joues sur un synthétique, et le match suivant, t’es à LA où il fait 35 degrés. Ce sont des détails que je n’avais pas pris en compte. (Rires.)

Tu parles anglais ?Ouais, je parle anglais couramment depuis un an et demi maintenant, donc aucun problème niveau communication.

Et à Kansas City, on vibre pour le soccer ? Les gens comprennent l’enjeu de cette finale ? On a un petit stade (18 500 places), mais il est full tous les week-ends, franchement Kansas City, c’est le feu ! Les supporters sont derrière nous, ils sont vraiment à fond sport, et soccer aussi. Tu te balades dans la rue cette semaine, tu vois les bus avec nos affiches, les drapeaux du club dans les bars. Dès qu’il y a un événement sportif, que ce soit pour nous ou pour le foot américain, toute la lumière est mise dessus.

Le foot spectacle que vous pratiquez participe à cet enthousiasme des gens…Ouais, avec le coach (Peter Vermes), c’est clair, il veut qu’on ait le ballon à chacun de nos matchs, il n’aime pas quand on joue long. C’est avec la possession qu’on a réussi à remporter notre conférence cette année, et je pense aussi que c’est comme ça qu’on fait venir les gens au stade.

Comment tu vois ce match aller à Portland ?Ce sera très difficile sur leur synthétique, ils ont l’habitude de jouer dessus, pas nous. Et ils ont un gros stade aussi, ça va être un beau match.

D’un point de vue plus personnel, tu n’es pas tout le temps titulaire. J’ai vu que le coach t’utilisait derrière, au milieu, et devant. Ta polyvalence n’est pas un problème pour rester dans le onze ?C’est sûr, je joue moins que ce que je voudrais. Avant, je jouais arrière gauche, aujourd’hui je me considère comme un milieu offensif, et le coach le sait. Après, je n’ai aucun problème pour dépanner, l’équipe a bien tourné sans moi. Mais grâce à ma polyvalence, je suis prêt à saisir toutes les opportunités.

Je pense que la MLS est au-dessus de la Ligue 2 française, facile. C’est plus un niveau intermédiaire entre L1 et L2.

Toi qui t’es entraîné et as joué avec des joueurs de Ligue 2, et qui évolue aujourd’hui en MLS, qu’est-ce que tu penses de l’écart de niveau entre ces deux compétitions ? Je pense que la MLS est au-dessus de la Ligue 2 française, facile. C’est plus un niveau intermédiaire entre L1 et L2. Les cinq ou six meilleures équipes de MLS peuvent rivaliser sans problème avec de bonnes équipes de Ligue 1.

Et la France ne te manque pas trop ? La nourriture…J’ai réussi à trouver trois, quatre restos français où je vais manger de temps en temps, donc ça va. C’est sûr que ça manque, mes amis, ma famille, ils sont déjà venus me voir, mais bon… Il ne reste que trois matchs si on va jusqu’en finale.

Tu es allé voir les Chiefs ? C’est une grosse équipe de NFL ?Oui, je suis allé les voir, c’est une belle ambiance, bonne expérience. En plus, Laurent (Duvernay-Tardif, joueur des Chiefs de Kansas City) habite dans le même immeuble que moi, on est potes.

Tu savais que Kansas City et Metz étaient des villes jumelées ?Ah ouais ? Non, j’étais pas au courant.

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