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Top 11 : Derbys du Nord inoubliables

Par Arnaud Clement
7 minutes
Top 11 : Derbys du Nord inoubliables

Samedi, c'est jour de derby dans le Nord-Pas-de-Calais. L'occasion sans doute pour Rudi Garcia de réaffirmer que la vraie bagarre régionale oppose son club à celui de Valenciennes. Et ce, même si n'importe quel vendeur de fricadelle sait très bien que la conquête de la suprématie locale perd de sa saveur sans le RC Lens ou, à une moindre mesure, l'US Boulogne Côte d'Opale. Encore plus lorsqu'on fouille dans les entrailles du passé et les vieux grimoires pour s'apercevoir à quel point les derbys du Nord ont agité les foules. Au sens propre comme au figuré.

7 mai 1933 : Excelsior Roubaix – RC Roubaix (3-1), finale de Coupe de France

La finale de 1933 présente cette particularité inédite d’être disputée par deux clubs d’une même ville. Ce n’est toutefois pas une première, l’édition de 1919 étant arrachée par le CASG Paris aux dépens de l’Olympique de Paris. Comme deux équipes de quartier se disputeraient la coupe du district en pleine cambrousse devant tous leurs potes, les adversaires roubaisiens se tirent la bourre pour la suprématie locale. Mais aussi nationale. À ce jeu-là, l’Excelsior et son blase quatre étoiles plient l’affaire en 26 minutes. Le temps pour Langiller, Buge et Van Caeneghem de planter trois filoches devant 33 000 spectateurs à Colombes.

17 février 1946 : Lille-Lens (3-1), championnat de D1

Avant, bien avant le Grand Stade, l’arène soviétique de Villeneuve d’Ascq ou Grimonprez-Jooris, le LOSC fut longtemps le résident du stade Victor-Boucquey, rebaptisé plus tard Henri-Jooris. Le terrain de l’avenue de Dunkerque, comme l’appellent les locaux, pouvait accueillir 15 000 personnes et a même été l’hôte de la Coupe du monde 1938 avant d’être rasé au milieu des seventies. Mais après six ans d’une putain de guerre, les gens du Nord ont hâte de retrouver les derbys d’antan entre Lensois et Lillois. Tellement qu’ils sont 18 000 à s’agglutiner le 17 février 1946. Lille gagne 3-1, mais l’essentiel est ailleurs. Sous le poids d’énergumènes présents sur le toit du stade, celui-ci s’effondre, faisant 53 blessés, mais par miracle aucun mort. Joli coup de grisou.


10 mai 1948 : LOSC – RC Lens (3-2), finale de Coupe de France

La seule et unique occasion en cent dix rendez-vous fratricides que le LOSC et le RC Lens ont eu à jouer sur terrain neutre. Dans ce bon vieux stade Yves-du-Manoir de Colombes, remplis par 60 000 barjots, tout le monde attend Lille, vainqueur de l’épreuve en 1946 et 1947, pour confirmer l’adage « jamais deux sans trois » . Pourtant, le sang et or Stanis, célèbre pour avoir marqué seize buts avant de se faire exclure lors d’un même match de Coupe quelques années plus tôt, leur donne du fil à retordre en égalisant par deux fois. Avant que Jean Baratte n’y aille aussi de son doublé pour donner au LOSC sa troisième Coupe de France.

Saison 1969-1970 : RC Lens – LOSC (7-0), championnat de CFA

À la fin des années 1960, les championnats de première, deuxième et troisième division ne sont pas déterminés selon les classements, mais selon les statuts de chacun, selon qu’il soit pro, semi-pro ou amateur. Les difficultés financières des deux clubs préférés des Ch’tis les poussent à retomber en troisième division pour des retrouvailles inédites. Lors du match aller à Lille, c’est l’affluence qui frappe pour un match de ce niveau. Ils sont alors 3646 à assister à la rencontre bouclée sur un score nul (1-1). Au retour à Bollaert, c’est une autre stat’ qui fait parler : la toise 7-0 infligée par Trannin, Sowinski, Delelis et consorts reste la plus belle dans l’historique des confrontations.

18 mars 1973 : RC Lens – LOSC (4-1), championnat de D2A

Lors de la saison 1972-1973, Lensois et Lillois ont la frite, car tout ce beau monde se tire la bourre pour l’accession en D1. En compagnie de devinez qui ? Boulogne et Dunkerque, pour un sympathique plan à quatre. Bien que les Dogues en passent quatre à l’aller, les Lensois, emmenés par leurs Polaks Faber et Grzegorczyk, leur rendent la pareille lors de la 24e journée. Un résultat capital au vu du classement de fin de saison, qui enverra seul Lens dans l’élite, pourtant à égalité de points avec Boulogne (pour une meilleure différence de but) ou encore un point devant Lille et trois devant les Dunkerquois.

14 mai 1991, Lens-Valenciennes (1-0), quarts de finale d’accession en D1

Saison 1990-1991, la course à la première division se dessine encore en barrages entre les derniers de l’élite et les dauphins des deux poules de l’antichambre. Comble du hasard, Lens et Valenciennes-Anzin se retrouvent en quarts dans une atmosphère de liesse incommensurable et un Félix-Bollaert où se retrouvent 40 000 moustaches et couvre-chefs dégueulasses. Le spectacle est beau sur comme en dehors du terrain, comme le montre la vidéo. Mais au final, Sikora, Walemme et Gillot tapent la bande à Jacques Glassmann sur le plus petit des scores. Une réalisation qui est l’œuvre du parfait sosie de Junior Bevil (Mais si, le type fier, fort et qui peut être très méchant… dans Rasta Rocket), à savoir Roger Boli.

28 avril 1997 : RC Lens – LOSC (1-0), championnat de D1

Un an avant son dernier titre de champion, Lens n’est pas au mieux en première div’, se traînant salement en deuxième partie de tableau une bonne partie de la saison avant d’échouer à la treizième place. Mais un fait d’arme va faire se lever les foules de Bollaert et donner un peu de baume au cœur aux corons : presque condamner l’ennemi héréditaire lors de la 34e journée. Malgré un Miladin Bečanović qui claque but sur but, les partenaires de Pascal Cygan s’inclinent sur un but de Philippe Brunel et tombent quelques semaines plus tard un cran plus bas. Un rendez-vous sordide qui en appellera un autre, inversé cette fois.

24 septembre 2000 : LOSC-Lens (2-1), championnat de D1

Le premier derby du millénaire a une saveur particulière. Le LOSC et ses supporters viennent en effet de se taper trois ans de noms d’oiseaux et de vannes bien senties pour avoir fréquenté le purgatoire. Sauf que ce qui ne tue pas vous rend plus fort. Et la jeune génération emmenée par Bruno Cheyrou va tout casser sur son passage dès sa remontée, y compris Warmuz, Sibierski et Moreira lors de la neuvième journée. À Grimonprez-Jooris, le cinquième du dernier exercice prend pourtant les choses en main dès la 22e minute, avec une réalisation de Philippe Brunel, définitivement le bourreau des cœurs lillois. Sans doute piqués au vif, les locaux l’emportent finalement dans une ambiance digne de la libération face à l’occupant dans les cinq dernières minutes, grâce à cette grande tige de Dagui Bakari et à Laurent Peyrelade. Le début d’une trajectoire ascendante qui se bouclera par le tour préliminaire de la C1 et ce putain de coup franc de Johnny Ecker contre Parme.

1er avril 2007 : Victoire de VA au LOSC (2-0)

L’opération maintien de Valenciennes dans la foulée de son accession se déroule pas trop mal cette saison-là. À l’aube de la dernière ligne droite, les hommes d’Antoine Kombouaré sont quinzièmes et comptent une arme de choix dans leurs rangs : Steve Savidan, meilleur buteur de L1 avec treize pions au moment d’affronter le LOSC lors de la 30e journée. Rossés 3-0 à Nungesser à l’aller, les Valenciennois réalisent le casse de l’année en faisant le dos rond contre les hommes de Puel, en course pour l’Europe. Grâce à une ogive de Doumeng et un contre terminé par Hassli, VA se donne une sacrée bouffée d’air, dont la pureté est inversement proportionnelle à la qualité de finition de Kader Keita face au but.

Vidéo

10 mai 2008 : LOSC Lens (2-1), 37e journée

On a coutume de dire que la vengeance est un plat qui se mange froid. Onze ans après avoir été relégué en D2 après un court mais humiliant revers à Bollaert, celle-ci a eu le temps de se façonner sévèrement chez le taulier des années 2000. Alors au moment de marcher sur la tête du RCL pour le couler lors de l’avant-dernière journée de la saison 2007-2008, Cabaye and co ne se font pas prier et font le boulot, malgré des Lensois entreprenants ce soir-là, à l’image d’Éric Carrière. Au coup de sifflet final, Toifilou Maoulida ne sort pas de bandelette, plutôt une bonne dédicace face caméra à l’encontre de Jean-Pierre Papin (à partir d’une minute sur la vidéo). Prends ça, le Ballon d’or !

4 octobre 2009 : Boulogne-Lille (2-3)

L’exercice 2009-2010 restera dans les annales du sport nordiste pour avoir vu se disputer pas moins de douze rencontres à caractère régional dans la saison, avec la remontée de Lens, mais aussi la consécration pour l’US Boulogne, pour la première fois de son histoire en haut de l’affiche. L’une des premières rencontres, bien qu’elle ne soit pas un derby au sens géographique du terme, voit l’ogre lillois, relégable malgré son squad cinq étoiles, débarquer au Stade de la Libération. Contre toute attente, Boulogne fait la course en tête une bonne partie du match grâce à une bonne dose de baraka et à deux corners tapés par Agouazi et conclus par Dembele et Blayac. Avant que la machine lilloise ne lance vraiment sa saison et que PAF n’ait le flair de sentir où vont rebondir les frappes de ses potes pour scorer.

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