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Pourquoi le football est-il meilleur qu’Ikea ?

Par Swann Borsellino
Pourquoi le football est-il meilleur qu’Ikea ?

Le dimanche n'est pas le jour du Seigneur. La preuve, quand certains veulent passer la journée à regarder du foot, d'autres veulent aller chez IKEA. La vraie définition de l'enfer.

Dante a beau avoir schématisé les enfers en son temps lointain, le génie toscan aurait du pain sur la planche pour rattraper le retard accumulé en presque 700 ans. Aujourd’hui, le couple moderne se moque de la Divine Comédie, lui préférant la splendide tragédie le temps d’un jour par semaine : celui que l’on appelle le jour du Seigneur. Le dimanche, quoi. L’enfer étant un truc assez désagréable, on l’affronte généralement les fesses soigneusement rangées dans du coton de première qualité. Oui, le septième jour de la semaine a cela de bon qu’il est le seul où le port du jogging est validé. Sa seule qualité, au fond, puisque le jour du Seigneur est généralement celui des embrouilles. La faute au brunch beaucoup trop cher, peut-être. Un problème de centre d’intérêt, plus certainement. Monsieur, le relou, veut regarder du football de 13h45 à 23h – le forfait sans l’équipe du dimanche, sympa. Madame, la raisonnée, veut aller prendre l’air. L’air pur d’un endroit renfermé, celui de votre pire cauchemar : « Ça te dirait pas d’aller à IKEA, chéri ? » Ah, IKEA. Une épopée qui brise autant de couples que le football. 0-0. Le match peut commencer. Balle au centre commercial.

Le labyrinthe à la Guardiola

La différence entre une procession et un chemin de croix est essentielle pour comprendre la supériorité du football sur l’enseigne de mobilier. Galérer pour aller au stade, être serré dans les transports, subir les mauvaises odeurs le temps d’un interminable mais passionnant trajet, tout cela fait partie d’un rite. Se rendre à IKEA, c’est juste un échauffement aux vacances d’été, sans bison futé. Même les petits malins qui pensent la jouer fine en s’y rendant pendant la semaine finissent par constater qu’ils ne sont pas les seuls chômeurs à avoir envie de claquer un RSA dans un vide-poche en forme de baleine et une chaise de bureau. La foule fendue jusqu’à l’écriteau jaune et bleu, vient le temps de ranger votre conscience dans un coffre-fort et de devenir un mouton. Il paraît que le football est de plus en plus lisse, que tout est truqué d’avance – même les matchs de Ligue 2 – et que les dirigeants traitent les supporters avec mépris. À Ikea, c’est encore pire. On corrompt vos mômes avec des crayons à papier en bas d’un escalator. Un crayon beaucoup moins authentique que le stylo bic « Rapido » avec lequel vous remplissez vos Parions Sport. Au vrai, vous ne le savez pas encore, mais vous venez d’entrer dans un labyrinthe, signant votre arrêt de mort avec ce bout de bois avec lequel le môme va certainement se crever un œil. Si Pep Guardiola vous gonfle avec sa philosophie et son amour de la tactique, dites-vous bien que le type qui a dessiné le tracé emprunté par les clients dans un IKEA est probablement l’homme le plus sadique depuis celui qui a créé le catenaccio. Le parcours IKEA, un entraînement du Pep en moins bien : c’est exigent, précis, mais sans résultat. Rien n’est laissé au hasard. Simplement, les assiettes et les coussins remplacent les piquets plantés dans l’herbe par le philosophe du Bayern Munich. D’ailleurs, à l’endroit même où vous faites tomber quelque chose par terre apparaît un pack de 400 bougies à 20€ que vous allez acheter pour son rapport qualité prix sous la pression de votre conjoint. À ce moment précis, dans votre cerveau naît l’idée que quitte à suer dans un entrepôt, taper un foot à cinq contre cinq serait plus judicieux. D’ailleurs, vous pourriez les dribbler, ces plantes qui sont là, encore en vie sans que vous sachiez pourquoi. De la verdure encore plus fausse que l’herbe du Moustoir.

Boulettes et faux coca

Faux comme ces chambres et ces cuisines d’exposition. Sinistre comme le téléshopping de Laurent Cabrol, vide comme Louis-II mais en beaucoup plus cheap. Vous êtes baladés entre un salon et une chambre d’enfant comme dans le musée du football de Manchester, sauf qu’à la place des coupes et des maillots vintages, il y a des plaques chauffantes qui ne chauffent pas, des étiquettes multicolores et un fauteuil au blase de footballeur suédois dans ISS Pro. Comme le football, Ikea a son temps additionnel. Une version évidemment plus douloureuse. En bout de course, « au coin des bonnes affaires » , vous poussez le caddie pour arriver à la caisse. Essouflé, vous tendez la carte bleue en baissant les yeux, puis vient le réconfort après l’effort : le supermarché et la cantine. Là, blasphème encore, alors que vous vouliez une bonne bière ou un coca-cola bien frais, on vous propose du faux cola à la fontaine, des pâtes en forme de cerfs et, de temps au temps, des tartes au chocolat et au caca. « Des solutions abordables pour une meilleure vie » , qu’ils disent. En même temps, il faut savoir se serrer la ceinture. Habitué au sandwich frites-merguez, vous tentez les köttbullar, un nom de club suédois qui élimine Saint-Étienne en C3, qui sont en fait des boulettes bas de gamme auxquelles vous auriez dû préférer le hot-dog et le gâteau à la cannelle. À peine le temps de digérer tout ça que vous devez aller récupérer les objets lourds en faisant plus de queue que pour des places pour l’équipe de votre cœur qui jouerait la demi-finale de la C1 demain. Pour ranger votre meuble de 12 mètres, on vous tend un sac bleu tamponné d’un « payé » réconfortant. Un sac de prisonnier qui sort après une réduction de peine. Un sac beaucoup plus inquiétant qu’un sac de foot. Un sac dans lequel se trouve un catalogue plus lourd à lui seul que votre sac de football en entier. De la propagande par kilos pour le deuxième plus gros consommateur de bois au monde qui se revendique écolo via des partenariats avec Greenpeace. À ce prix-là, on préfère Francis Llacer et Cyril Rool. Des hommes qui en ont coupé toute leur vie sans ruiner la planète. Et sans remplir les poches d’Ingvar Kamprad, un homme qui a appelé sa boîte IKEA en se basant sur ses initiales, celles de la ferme de ses parents (Elmtaryd) et le nom de son village (Agunnaryd). Tant qu’on y est, Nasser Al-Khelaifi pourrait rebaptiser le PSG le « NASGD » , pour ses initiales, celles de Saint-Germain, sa propre ferme, et Doha, son village. En même temps, pas besoin d’imaginer ce que Nasser pourrait faire, puisque le PSG joue peut-être ce dimanche. Un match dont vous allez vous délecter coûte que coûte, et tant pis s’il manque une pièce dans votre nouveau meuble télé (que vous ne pouvez pas monter), tant que le téléviseur tient debout. Oui, entre l’œuf et la poule, le foot et IKEA, on sait qui est arrivé en premier.

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Par Swann Borsellino

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