- Premier League
- J32
- Man. United-Chelsea (2-0)
Mourinho, à voix haute
Invaincu depuis un peu moins de six mois en Premier League, Manchester United a donné dimanche une leçon de maîtrise dans ce qui restera l’une des plus mauvaises copies de la saison de Chelsea, leader désormais bancal à quelques foulées de la fin du championnat. Retour sur une masterclass.
Il y a d’abord eu la lecture brute. Doudoune sur le dos, José Mourinho est à cet instant en chambre d’appel. Ses choix sont tombés, les premières questions avec. Les noms défilent : David de Gea, Antonio Valencia, Éric Bailly, Marcos Rojo, Matteo Darmian, Marouane Fellaini, Ander Herrera, Paul Pogba, Jesse Lingard, Ashley Young, Marcus Rashford. Cette fois, Zlatan Ibrahimović sera donc sur le banc, Henrik Mkhitaryan aussi. Quel est le message envoyé ? Dans la tête de nombreux supporters, on se dit que Mourinho a donc décidé de favoriser la Ligue Europa – le quart de finale retour contre Anderlercht aura lieu jeudi prochain – à un dîner sans sentiment avec une ex qui le déteste. Pas tellement, en réalité.
Oui, dimanche, Manchester United a d’abord simplement été programmé pour jouer et abattre un leader pour qui ce déplacement à Old Trafford pourrait avoir des conséquences dramatiques dans quelques semaines. La titularisation de Rashford, plus danseur qu’organisateur, allait dans ce sens. Le reste, c’était pour la partie de Mastermind programmée avec Antonio Conte, que l’Italien a probablement perdue avant le coup d’envoi en perdant Marcos Alonso sur blessure. La masterclass de José Mourinho pouvait alors débuter, et le coach portugais a lâché ses premiers rires pendant que sa victime italienne commençait à changer de couleur. Ou comment subir une vague.
Le prototype Herrera
Que retiendra-t-on au moment de reparler de la première saison de Mourinho à Manchester ? Sans aucun doute ce match contre Chelsea. Tout simplement car sur soixante-quinze minutes, on aura vu à quoi devait ressembler United depuis plusieurs mois. Soit une équipe joueuse, agressive, offensive et qui a enfin montré son identité. Un homme tient pour symbole : Ander Herrera, prototype armé, chien efficace, bête imbibée à la mentalité Mourinho et qui aura réussi l’exploit majuscule de déchirer tous les prémices de croquis d’Eden Hazard. Sur ce détail, les Blues ont pris une balle en plein cœur là où, tout autour de l’artiste belge, il n’y avait qu’un bordel déséquilibré où N’Golo Kanté tentait de surnager devant un trio défensif version relances foireuses. Balancé dans les cordes, Conte a alors subi comme rarement et n’aura su répondre qu’en faisant entrer Fàbregas après la pause.
Puis, il y a surtout le vainqueur : Manchester United. Car là où José Mourinho aura assuré la présentation, ses hommes ont répondu avec autorité entre un Fellaini brillant, une ligne défensive brutale et cynique, mais surtout un Marcus Rashford agité comme à ses premiers jours. Un mélange d’insouciance et d’expérience déstabilisante pour un gamin qui n’a que dix-neuf piges. Et la foule s’est mise à chanter le nom de Mourinho, signe que quelque chose se passait. Old Trafford avait besoin de voir enfin du spectacle, des attaquants efficaces et un ensemble positif. José Mourinho pouvait alors assurer sa sortie, dents serrées et blason pointé.
Par Maxime Brigand