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- J3
- Nice-Marseille (1-1)
Marseille, gros poisson au petit banc
Le onze largement remanié aligné par Jorge Sampaoli dans ce match en retard face à Nice (1-1) a donné sa chance à plusieurs joueurs en manque de temps de jeu cette saison. Sur les côtés, notamment, où l'absence forcée de Pol Lirola devait permettre à Luis Henrique de s'exprimer à droite, tandis que Jordan Amavi était aligné pour la première fois depuis la fin du mois de septembre dans le couloir gauche. Álvaro profitait lui de l'absence de Balerdi pour retrouver sa place dans la charnière centrale, tandis que Gerson épaulait Dimitri Payet au milieu. Mais au vu de leurs performances, ce point ramené ne suffira sûrement pas à remettre en cause leur statut de remplaçant.
Le voyage dans le froid du stade de l’Aube et de ses tribunes vides, l’ouverture du score dès la 7e minute de l’OGC Nice par Amine Gouiri après une perte de balle d’Álvaro : après dix minutes dans ce match à rejouer de la troisième journée de championnat, la chaleur du Classique de ce dimanche n’était plus qu’un lointain souvenir pour les Marseillais, qui couraient déjà après le score. À ceci près que Jorge Sampaoli avait effectué pas moins de cinq changements au moment de constituer son onze titulaire : Pape Gueye, Álvaro, Gerson, Luis Henrique et Jordan Amavi avaient fait leur apparition dans la compo de départ. Quatre-vingts minutes plus tard, le constat est clair : certains ont prouvé, si preuve il fallait, qu’ils ont les qualités pour prétendre à jouer plus qu’un rôle de cinquième entrant avec l’Olympique de Marseille cette saison. D’autres, sans rendre une copie pitoyable, n’ont pas réussi à dissiper les interrogations que l’on pouvait avoir quant à leur statut dans cet effectif marseillais : en tête de gondole, les pistons du soir, Jordan Amavi à gauche et Luis Henrique à droite.
L’OM bat de l’aile
Leur dernière titularisation remontait au 22 septembre dernier, lors du match nul face à Angers. Depuis ce jour, Amavi n’avait plus foulé aucune pelouse, et Luis Henrique n’avait plus rien eu à grignoter depuis début octobre face à Lille où il avait joué neuf minutes. L’occasion était belle pour les deux hommes : ils n’en ont dans l’ensemble que peu profité. Jordan Amavi, premier sortant côté marseillais, a mis beaucoup de temps à se mettre dans le match et à réussir à bloquer le côté droit de Lucas Da Cunha et Youcef Atal, tous les deux très en vue lors de la première demi-heure. Trop imprécis lorsque l’OM avait le ballon (11 ballons perdus en 70 minutes), l’un des seuls bons choix à mettre à son actif est son décalage dans le tempo pour Gerson, qui amène le but de Payet en fin de première mi-temps. Même tarif pour Luis Henrique, peut-être un poil plus tranchant sur ses rares offensives, mais très en difficulté défensivement, et pas à l’aise à ce poste de piston droit. Avec ses 26 petits ballons touchés, troisième total le plus faible des titulaires après Payet et Milik – complètement sevrés de ballons en première période, mais dont la relation laisse entrevoir des choses intéressantes -, il n’a pas une seule fois pris la profondeur, bien géré par Melvin Bard. Pol Lirola peut dormir tranquille ; ce n’est pas ce soir que le Brésilien viendra le titiller dans le couloir droit.
Gerson et Álvaro fidèles à eux-mêmes
Álvaro, lui, aurait pu se mettre la tête dans le sac, après sa grossière erreur du début de match. Bien au contraire, installé au chaud entre les très appliqués Saliba et Ćaleta-Car, l’Espagnol a traversé plutôt paisiblement la rencontre après sa bêtise. Une action pour résumer le calme qui l’a traversé tout au long du match ? Sa déclaration à la mi-temps, au micro de Prime Video : « Le but, c’est de ma faute, je dois jouer avec un peu plus de sécurité », a-t-il avoué avant de rejoindre les vestiaires. Clairement moins en jambes que ses deux copains dans la charnière, il a tout de même fait preuve de sérénité ; assez pour l’imaginer rejouer plus souvent. Serein à l’OM, un autre l’a été, mais à l’excès comme souvent : Gerson. Le Brésilien n’a pas arrêté de ralentir le jeu, en stoppant le ballon sur tous ses contrôles. Pas maladroit, et même juste techniquement comme sur sa passe pour Milik que le Polonais transforme sans toucher le cuir en passe décisive pour Dimitri Payet, l’ancien de la Roma a été l’un des plus actifs ce soir côté olympien, mais paraît trop souvent à contretemps. Sa performance du soir ne dissipera pas les interrogations autour de son cas, ni même les conclusions : ce joueur a du talent, mais quand sera-t-il enfin à sa place dans le jeu marseillais ? Après ce match face à Nice, personne n’a complètement convaincu, personne n’a gagné sa place au frais pour le reste de la saison. Seule certitude : la profondeur de l’effectif marseillais reste encore à prouver.
Par Paul Citron