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Luka Peroš : « L’arbitre a tué la finale France-Croatie ! »

Propos recueillis par Adel Bentaha
11 minutes
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Présent à Paris pour la promotion de la dernière saison de La Casa de Papel, l'acteur croate Luka Peroš, alias Marseille, évoque son rapport à l'OM, son histoire compliquée avec le Barça, le poste de gardien de but et ses mauvais souvenirs de Coupe du monde.

Luka, vous bouclez la campagne de promotion pour la dernière saison de La Casa de Papel. Vous semblez en meilleure forme que le FC Barcelone ! (Rires.) Difficile de ne pas l’être ! Plus je les regarde jouer, plus je déprime. Franchement, même ceux qui ne supportent pas le Barça doivent avoir un peu de peine. Le deuxième mandat de Van Gaal m’a moins fait souffrir.

Cela va donc au-delà du simple départ de Lionel Messi ?Bien sûr, c’est juste une excuse. Cela faisait près de deux saisons qu’il ne courait plus, déjà que c’est pas un grand marathonien. Et puis, le voir planter autant de buts, alors qu’il était physiquement cuit, prouve que les joueurs autour n’étaient absolument pas au niveau. Par exemple, beaucoup se plaignaient du positionnement d’Antoine Griezmann qui, soi-disant, l’empêchait de rayonner. Mais est-ce que Griezmann a fait les efforts nécessaires ? Est-ce qu’il a été performant sur plus de deux matchs ? Non. On ne peut pas non plus faire de la place à tout le monde.

On vend notre meilleur joueur, on récupère plus de 200 millions et derrière on prend qui ? Ousmane Dembélé.

Qui sont le fautifs finalement ?Pour moi, le départ de Neymar a tout précipité. On vend notre meilleur joueur, on récupère plus de 200 millions et derrière on prend qui ? Ousmane Dembélé. Josep Maria Bartomeu a fait n’importe quoi ! Qui peut prendre ce genre de décision ? On avait le choix entre lui et Mbappé, parce les négociations étaient ouvertes avec Monaco. Mais non, on a préféré prendre Dembélé… Je ne connais pas la personne qui a mis la pression du côté de Dortmund, mais je lui dis bravo.

Avec Xavi, ça se passera mieux ?Oui. Je le vois comme un psychologue. Un mec capable de donner leur chance aux jeunes sans faire de copinage avec les anciens. Piqué, Busquets, Alba ont fait leur temps. On les remercie pour ce qu’ils ont fait, mais il faut partir. Busquets, la moitié de nos buts encaissés viennent de sa zone ! Donc en Xavi, je vois du Carlo Ancelotti. Pas du Pirlo ni du Lampard. Comme me l’expliquait Luka Modrić, Ancelotti est le genre de coach à être toujours aux petits soins, mais qui n’hésite pas à te montrer que tu n’es pas bon, quitte à te dégager de l’équipe. On est dans l’exigence, pas dans la tyrannie à la Fabio Capello ou le masochisme d’Otto Rehhagel. Des entraîneurs vraiment chiants.

Pour cet amour du Barça et en cette passe compliquée, on vous chambre sur le plateau de tournage ?Heureusement, il y beaucoup de supporters du Barça. Nos tournages ressemblent donc plus à des réunions de soutien qu’autre chose. (Rires.) Et puis je peux compter sur mon ami Darko Perić, qui joue Helsinki. Il ne comprend absolument rien au ballon, donc au moins, avec lui, je peux parler d’autre chose. Vous vous rendez compte, un Serbe qui n’aime pas le football !

Ah Marseille ! On m’a donné ce nom un peu au hasard dans la série, et c’est devenu mon deuxième chez moi.

Loin de tout cela, l’Olympique de Marseille se remet à gagner, donc ça doit vous rassurer.Ah Marseille ! On m’a donné ce nom un peu au hasard dans la série, et c’est devenu mon deuxième chez moi. Je m’y sens tellement bien. Mieux qu’à Paris déjà. Sérieusement, quand tu vas là-bas, t’as l’impression d’être en liberté totale. Les gens rigolent tout le temps, ça parle de football non-stop. C’est une grande ville, sans l’atmosphère d’une grande ville.

Et comment un acteur croate devient supporter de l’OM. Uniquement à cause d’Alen Bokšić ?J’ai grandi dans la Yougoslavie des années 1980-1990, et à part le sport, nous n’avions pas beaucoup de loisirs. Donc chaque semaine, je suivais les performances des joueurs d’origine croate évoluant à l’étranger. Je les scrutais absolument tous. À l’époque, pour moi, l’Olympique de Marseille, c’était Skoblar et rien d’autre. Puis mes amis ont commencé à me parler d’un certain Alen Bokšić. Je le connaissais de nom, mais je ne l’avais jamais vraiment vu jouer parce qu’il était parti assez tôt pour Cannes (en 1991, à 21 ans, NDLR) et que le football français n’était pas diffusé chez nous. Alors quand il a signé à Marseille en 1992 avec la Ligue des champions, j’ai pu m’y intéresser de près. Et petit à petit, mon intérêt pour lui a laissé place à ma ferveur pour l’OM. Je découvrais l’ambiance du Vélodrome, Bernard Tapie, des joueurs que je ne connaissais pas comme Abedi Pelé. De là a véritablement démarré mon histoire avec ce club. Je prends un coup de vieux rien que d’en parler.

J’avais même des cassettes de Robert Prosinečki à Portsmouth. Mais mon plus beau cadeau serait de trouver des images de Dado Pršo à son arrivée en France. Notre mécanicien local.

Vous avez continué à suivre les joueurs croates ?J’ai fait ça pendant longtemps ! J’avais même des cassettes de Robert Prosinečki à Portsmouth. Mais mon plus beau trophée serait de trouver des images de Dado Pršo à son arrivée en France. Notre mécanicien local. C’était la belle époque, celle où tu te cachais derrière la vitrine d’un café pour suivre une sombre rencontre de milieu de tableau. Aujourd’hui, tout est sur YouTube, les jeunes préfèrent les résumés.

Aujourd’hui, c’est surtout Duje Ćaleta-Car qui porte les couleurs marseillaises…Duje, c’est un ours ! Un super mec, vraiment. Il a 25 ans, mais tout ce qui l’intéresse c’est : s’entraîner et s’occuper de son bébé. Pas de grosse voiture, ni d’accessoires tape-à-l’œil. Je lui ai dit plusieurs fois qu’il était « trop adulte ». (Rires.) Sur le terrain, il s’est bien relancé après un début de saison compliqué. Son transfert avorté lui avait fait un peu de mal, mais il a vite montré qu’il était indiscutable.

Vous avez également évoqué Álvaro González comme l’un de vos proches amis. Comment est née cette relation ?D’une campagne de promotion pour la série, il y a deux ans je crois. Je suis allé à la Commanderie, et une fois là-bas, les dirigeants m’ont présenté Álvaro González et Pipa Benedetto, les deux hispanophones du groupe. Et en discutant avec eux, notamment Álvaro, j’ai pris une claque ! C’est l’un des joueurs les plus cultivés que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Il est calé sur tout. Politique, économie, aéronautique, ce que vous voulez. Et à chaque fois qu’on discute, je me demande comment une personne peut avoir deux personnalités aussi différentes, sur et en dehors du terrain. Sur la pelouse, t’as l’impression que c’est une brute, juste bon à mettre des taquets, alors que c’est quelqu’un d’exceptionnel.

En France, beaucoup ont justement cette image du footballeur parfois « limité » en dehors des terrains.Je pars du principe que les footballeurs, et les sportifs en général, sont des artistes corporels. Ils font des choses que personne n’est capable de faire. Malheureusement, la société en a fait des pantins. On le voit en interview, les mecs arrivent, sortent deux phrases bateau et se cassent. C’est normal ! On les juge pour tout ce qu’ils disent, donc ils se méfient et préfèrent parler le moins possible. Si les médias étaient suffisamment conciliants et moins enclins à la critique, peut-être que les joueurs se lâcheraient plus. La méfiance pollue ce milieu, et les réseaux sociaux n’ont fait qu’accentuer les choses.

En parlant de terrain, que peut viser l’OM cette saison ?Une place en Ligue des champions. C’est obligatoire. Et je pense que l’une des clés de leur réussite sportive se nomme Mattéo Guendouzi. Qu’est-ce qu’il est fort ! Il faut absolument que l’OM le signe pour stabiliser son milieu de terrain. Ils ne trouveront pas mieux sur le marché actuel, pas avec leur budget en tout cas. Surtout que le départ de Kamara se fait de plus plus en pressant. On ne remerciera jamais assez Arsenal ! (Rires.)

Y a rien de mieux que de manger des frappes dans le froid ou sortir devant un attaquant en face à face. J’aime cette sensation !

C’est assez paradoxal, car tous les footballeurs que vous évoquez sont des joueurs de champ, mais vous, vous êtes gardien.Absolument, et je l’ai toujours été. Aujourd’hui, je continue en futsal d’ailleurs. C’est simple, comme vous le voyez (il montre sa carrure), j’ai toujours été massif, donc pour dribbler des mecs ou partir en profondeur, c’était horrible. Alors j’ai choisi de me mettre entre les poteaux. Y a rien de mieux que de manger des frappes dans le froid ou sortir devant un attaquant en face à face. J’aime cette sensation ! Et puis on ne va pas se mentir, tous les non-footballeurs vous diront qu’ils ont joué 10 ou 9 dans leur jeunesse, mais on sait que c’est faux. Si on était aussi bons, on serait au Camp Nou, pas à insulter les joueurs depuis un canapé.

Vous aviez des modèles à ce poste ?Schmeichel. Peter hein, pas Kasper, que je trouve moins fort que son père. Quelle puissance ! On le croyait sorti de DC Comics avec son physique imposant et ses cheveux blonds. En Croatie, j’aurais aimé vous citer des exemples, mais on n’a pas eu tant de bons gardiens que cela. Stipe Pletikosa est resté quinze ans en équipe nationale, mais il alternait les hauts et les bas. Mais allez, pour en citer un, je dirais que Dražen Ladić est celui qui se rapprochait le plus du très haut niveau. En 1998, il aurait d’ailleurs dû être élu meilleur gardien de la Coupe du monde, mais c’est Fabien Barthez qui a été choisi. Quelle blague.

La Croatie a toujours su briller à l’international. On vous a d’ailleurs entendu parler de Luka Modrić comme d’une figure quasi héroïque.On a, inconsciemment, appris à se nourrir de la guerre. Les conflits ont détruit des milliers de talents. Combien de jeunes ont perdu la vie ou le goût de la réussite ? Alors quand Modrić me dit qu’il veut jouer jusqu’à 40 ans pour rattraper le temps perdu et se prouver des choses à lui-même, vous comprenez aisément que certains stigmates sont encore vivaces. La Croatie est un pays minuscule, sans richesses. Alors on a tout misé sur la valeur humaine. Que ce soit dans le sport ou, à ma petite échelle, dans les arts, on a toujours dû faire plus que les autres pour être pris au sérieux. Vous ne trouverez pas une seule place publique, à Zagreb ou Split, sur laquelle ça ne joue pas au ballon. C’est ancré en nous. En France, les gens auront peut-être du mal à comprendre cela. Pour vous, le football est un loisir comme un autre, loin de faire partie de votre culture. Pour nous, c’est une échappatoire.

Cette Yougoslavie aurait pu gagner d’autres titres sans la guerre ?Honnêtement, dans toute l’histoire, et je pèse mes mots, je ne vois aucune équipe capable de rivaliser avec la Yougoslavie des années 1980 et 1990. De notre titre de champion du monde espoir en 1987 à l’Euro 2000, aucun pays n’a disposé d’autant de talents. Mijatović, Šuker, Boban, « Piksi » Stojković, Mihajlović, Jugović… arrêtez-moi, sinon je les cite tous ! Cette équipe était incroyable et qui sait ce qu’il se serait passé sans cette foutue guerre. Après l’indépendance, la Croatie a malgré tout failli créer l’exploit, deux fois.

Pour résumer : on a Griezmann qui simule devant Brozović et qui marque sur le coup franc suivant, puis un penalty sifflé pour une main totalement involontaire et collée au corps de Perišić, alors qu’on venait juste d’égaliser.

À ce titre, quel serait le meilleur braquage pour La Casa de Papel : les deux buts de Thuram en 1998 ou la main sifflée contre Perišić en finale 2018 ? Vous voulez m’énerver ? En 1998, on ne doit jamais perdre, bordel ! Je n’arrête pas de penser à la passe manquée de Boban devant Thuram. Zvonimir, pourquoi t’as voulu ressortir proprement ? Quant à 2018… une arnaque pure. On joue une finale de Coupe du monde, et la FIFA ne trouve rien de mieux que de nous foutre Néstor Pitana comme arbitre ! Le mec n’a jamais été capable de tenir correctement un match de Copa Libertadores (Pitana est argentin, NDLR), et ils nous le mettent dans le rendez-vous le plus important de la planète. Pour résumer : on a Griezmann qui simule devant Brozović et qui marque sur le coup franc suivant, puis un penalty sifflé pour une main totalement involontaire et collée au corps de Perišić, alors qu’on venait juste d’égaliser. Pitana a tué cette finale France-Croatie !

Le Ballon d’or de Messi : c’est également un braquage ?L’équipe nationale a fait la différence. Je suis désolé, mais Robert Lewandowski n’avait qu’à gagner l’Euro avec la Pologne ! (Rires.) Non, les deux ont fait une grosse saison, mais au finish, ils l’ont donné à Messi. C’est pas un scandale non plus, et en tant que Barcelonais, c’est la seule consolation qu’il me reste, donc par pitié, laissez-moi la savourer.

Dans cet article :
OM : nouveau système pour une nouvelle vie
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Propos recueillis par Adel Bentaha

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