L’authenticité, l’identité et les fidèles
La situation du gardien portugais de l’OL est paradoxale. Car avant d’avoir la tête sous l’eau et de la relever après les doutes, Lopes est surtout devenu champion d’Europe avec le Portugal en juillet dernier. Puis, il est revenu. Vite. Trop vite ? Peut-être. L’idée était de « retomber de [son] nuage » rapidement, mais aussi de retrouver ses potes. Ces mecs avec qui il porte l’identité lyonnaise, celle de la formation maison et d’un certain rapport à son histoire. Anthony Lopes vit l’OL et a toujours vécu OL. Ceci explique beaucoup des images vues depuis son premier match dans le but des grands le 31 octobre 2012. Car, avant d’être sur le terrain, le gardien a « été dans le virage avec eux » . Avec les historiques Bad Gones, ceux qui lui avaient offert des gants un jour de derby et ceux qui se souviennent d’un « passionné, un vrai, un mec dont on est certain de l’authenticité » . Un gars qui ne trichera pas et qui ne l’a jamais fait, car il est avant tout supporter. Les fidèles de l’OL ne l’ont jamais repoussé, à l’exception d’une fois, à Séville, à la fin du mois de septembre dernier, après une soirée négative pour l’ensemble de la délégation lyonnaise.
L’apprentissage par l’échec
L’histoire d’Anthony Lopes ressemble donc à un fil qu’on tend sans coupure. Celle d’une ascension linéaire, adoubé par ses prédécesseurs et soutenu par ses proches jusque dans la tempête qu’il a traversée depuis plusieurs semaines. « Il y a des moments où tout va mal, mais où on apprend sur son métier, expliquait-il dans un rare entretien donné à L’Équipe le 21 novembre dernier. Là, pour le coup, c’était vraiment le moment le plus compliqué depuis le début de ma carrière. (...) Je n’ai aucune explication. Si j’arrivais à en trouver, j’aurais tout changé avant. Je ne sais pas à quoi cela est dû, vraiment pas. » C’est peut-être ce qui le rend aussi humain après tant de rencontres à impressionner, survoler et s’afficher comme un ange gardien pur sang derrière une défense parfois bancale. Cette saison, Lopes a progressivement renfilé son costume de sauveur par moments, comme à Lille (1-0) vendredi dernier, malgré un physique touché par la maladie. L’international portugais est comme ça : il avance à l’émotion, à la passion d’un club qu’on ne l’imagine pas quitter un jour, mais aussi à la confiance de tous les instants de ses dirigeants. La vraie forteresse est peut-être finalement là, sous une bonne dose de gel et vingt-six années à gueuler pour le succès d’un club. La rage au cœur.
Par Maxime Brigand Propos d'Anthony Lopes tirés de L'Équipe.
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