- Culture Foot
« Le foot pour préparer l’armée»
Le ton est juste, l'image solaire, le rythme implacable et l'envolée, mystique. Si les dialogues du film « La BM du Seigneur » renvoient dans les cordes les punchliners Seth Geko et Dédé Gignac, c'est avant tout parce qu'il y est question d'honneur. Echanges avec Jean-Charles Hue, le réalisateur du film.
L’histoire se passe dans un camp yéniche près de Beauvais. Entre cousins mais sans ballon…
Le football, -et le sport en général – ne constitue pas un lien social chez les yéniches, ils laissent plutôt cela aux enfants. Parce que s’agiter avec un ballon, ça n’a pas grand sens pour eux. Pendant le tournage, un des acteurs du film, Moïse, qui a été champion de boxe en Picardie, est passé au foot. Il prenait son scooter pour aller à Beauvais. Moïse est quelqu’un de très sociable et il a souhaité aller jouer au ballon avec les gadjos. Mais, surtout, il a intégré une activité collective parce qu’il veut devenir militaire. S’inscrire au football pour préparer l’armée, telle est sa démarche. La solidarité de la salle de boxe n’a pas suffi.
Certains ont-ils développé des qualités qui en feraient des footballeurs différents ?
Pour ceux que je connais, le football est assimilé à un jeu, parce qu’il n’y a pas de contacts, alors que la boxe est plus présente, avec les Lorcy, les Ferrara… Il y a un lien fort entre leur intérêt pour la boxe et leur vivacité, de corps et d’esprit. Certains m’ont dit que, n’ayant pas fait d’étude, leur bagage, c’est cette capacité à aller très vite pour résoudre un problème, trouver en une fraction de seconde la solution quand ils sont pris. Ils parviennent à anticiper sans intellectualiser. Et mentalement, ils sont très solides, parce que s’ils sont faibles et ne croient pas en eux, ils sont, de leurs dires « foutus » …
Quid du corps ?
Les plus jeunes bougent tout le temps et développent naturellement, de par leurs activités, des corps de gymnastes, avec un torse très musclé et des jambes fines. J’en ai vu certains soulever des barres de 100 kilos sans l’avoir jamais fait avant. Certains me prenaient dans leur bras, et j’avais l’impression que ma colonne allait lâcher, que me poumons allaient se vider… La plupart sont quasiment insensibles à la douleur : aller à l’hôpital, c’est « uniquement quand tu vas mourir… » . Pour l’anecdote, un des acteurs du film avait chopé une pneumonie après avoir fait 250 kilomètres au volant d’un camion. Sans pare-brise.
Désormais, les prénoms bibliques et américanisés cohabitent…
C’est un drôle d’équilibre culturel , ça, et c’est presque désormais une constante : il y a autant de Kimberley ou Wilson que de Moïse. Ceux que je connais bouffent de la série américaine, et en même temps, comme les Mexicains à la frontière américaine, sont parfaitement intégrés. Ils ont toujours ce réflexe de voyageurs qui consiste à préférer être dehors et discuter plutôt que de regarder la télévision. Leur culture est intègre. Les Yéniches viennent de l’Europe de l’Est, le terme renvoie a de l’argot allemand. Les Gitans se sentent français depuis très longtemps, contrairement aux Roms. Il n’y a plus les rivalités violentes d’antan entre les groupes, certains font même des enfants ensemble…
Propos recueillis par Brieux Férot
La BM du Seigneur, actuellement en salles
Reflet Medicis – 3 rue Champollion 75005 Paris
Sept Parnassiens – 98, bd du Montparnasse 75014 Paris
Royal Utopia, 14 rue Alexandre-Prachay 95300 Pontoise
Cinéma LUX, 6, av. Sainte-Therese 14000 Caen
Eldorado,21, rue Alfred-de-Musset 21000 Dijon
Le Dietrich – 34, bd Chasseigne 86000 Poitiers
Katorza – 3, rue Corneille 44000 Nantes
Le Concorde – 8, rue Gouvion 85000 La Roche-sur-Yon
CIBDI – av. de Cognac 16000 Angouleme
Utopia – 24, rue Montardy 31000 Toulouse
Diagonal-Capitol – 5, rue de Verdun 34000 Montpellier
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