- Copa
- Brésil/Paraguay (0-0; 0,2 tab )
Le Brésil et la pilule du Paraguay
Irrationnel ? Dingue ? Inouï ? Sans doute un peu tout ça. Ultra-dominateur, le Brésil n'a pas réussi à inscrire un but au Paraguay, même lors de la séance de tirs aux buts. La Copa America n'en finit plus de surprendre.
Brésil – Paraguay : 0-0, 0-0 ap, 0-2 tab
Peut-on subir 120 minutes face au Brésil sans prendre de but ? Oui, quand on porte le maillot du Paraguay. Tenu en échec lors du match de poule par les guaranis, le Brésil semblait pourtant avoir appris de ses erreurs, mais a cette fois pêché dans la finition. Malmenés par Barrios et consorts lors de leur face-à-face du premier tour, les hommes de Mano Menezes se présentent sur le terrain avec l’agressivité nécessaire, et un immense travail de la paire Ramires-Leiva, appuyée par les trains électriques Maicon et Andrés Santos, pour remporter la bataille du milieu. L’entre-jeu paraguayen, où seul Marcelo Estigarribia peut être considéré comme un joueur porté vers l’avant, multiplie bien les fautes pour freiner les offensives auriverdes, mais échoue à alimenter la paire Valdez-Barrios. Au terme de la première période, Julio Cesar doit regretter de ne pas avoir emmené sa Game Boy pour tromper l’ennui.
Clairement supérieur, le Brésil n’inquiète toutefois qu’occasionnellement Justo Villar. Le double tenant du titre doit d’ailleurs attendre la 26e minute pour flirter avec l’ouverture du score. Ganso amorce l’action en pivotant, sert Robinho à l’entrée de la surface, qui temporise avec justesse, avant d’offrir d’un plat du pied délicat un face-à-face à Neymar : arrivé le premier aux 16 mètres, le jeune prodige croise trop sa frappe. Six minutes plus tard, Andrés Santos exécute un coup-franc vicieux sur lequel Lucio se jette les deux pieds en avant, mais Justo Villar fait valoir ses réflex de gardien de handball.
Les pires pénos de l’Histoire ?
Dans un match à sens unique, seule la performance du portier paraguayen, encore décisif devant Pato à la 72 minute, et un arbitrage permissif permettent aux rudes guaranis de maintenir l’espoir d’un exploit. Totalement isolés sur les rares ballons qui leur parviennent aux avant-postes, Valdez et Barrios se trouvent condamnés à temporiser ou à balancer des centres le nez dans le guidon. Le joueur d’Herculés finit d’ailleurs par payer de crampes ses courses dans le vide. Reste que le Paraguay n’est pas reconnu comme une référence défensive pour rien, et prouvent que les trois buts encaissés face au Vénézuela relèvent de l’accident. Jamais, les joueurs de Martino ne paniquent devant la pression et les individualités brésiliennes. Ils parviennent également à neutraliser Ganso, désigné comme le joueur clé par Gerardo Martino. Etouffé, le meneur de jeu de Santos se libère toutefois occasionnellement, comme sur cette frappe à l’entrée de la surface, que Justo Villar écarte au ras de son poteau (66e). Antithèse de son coéquipier chez les frais vainqueurs de la Libertadores, Neymar touche la gonfle plus que de raison, et son manque d’efficacité finit par convaincre Menezes de faire rentrer Fred (80e). Hasard ou coïncidence, la présence de l’ex-Lyonnais fait entrer le Paraguay dans une zone de turbulence, mais Pato puis … Fred manquent eux aussi de réussite.
Au terme du temps réglementaire, l’Albirroja doit songer qu’il lui reste encore trente minutes à tenir avant d’obtenir sa première occasion franche de but face à un Julio Cesar aux gants encore neufs. Et ils les tiendront. Les jambes éreintés et la crainte d’un contre meurtrier font perdre leur audace aux auriverde. Les prolongations seront avant tout marquées par les expulsions de Leiva et Alacaraz au terme d’une échauffourée entre les deux équipes (102e). A la 120e minute, le Paraguay touche enfin au but, au terme d’un match à sens unique. La séance de tirs aux buts va donner un autre relief à un quart de finale loin d’être transcendant. Elle devrait même marquer l’histoire de la Seleçao comme celle de l’Albirroja. Premier à s’élancer, Elano, rentré à 10 minutes du coup de sifflet final, amorce le drame en visant le ciel plutôt que le cadre. Le Paraguayen, Edgar Barreto ne fait pas mieux en frappant à ras terre, du mauvais côté du poteau. Il faudra finalement attendre le deuxième tireur guarani, Estigarribia, pour voir les filets trembler. Car Thiago Silva a entre-temps buté sur Justo Villar. Ses coéquipiers André Santos et Fred ne feront pas mieux, et le Paraguay se qualifié au terme d’une incroyable séance de tirs aux buts remportée deux à zéro. Il reste deux ans aux coéquipiers de Neymar pour apprendre à tirer un péno, avant leur Mondial à la maison…
Thomas Goubin
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