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La « Realification » du Barça

Par Robin Delorme
4 minutes
La «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Realification<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>» du Barça

Longtemps reconnu pour son style caractéristique et ses nombreux joueurs formés au club, le FC Barcelone entre dans une période de grandes turbulences. Si bien qu’après une nouvelle élimination en quarts de finale de la Coupe d’Europe, les Blaugrana ressemblent de plus en plus au Real Madrid du début du siècle.

Lorsqu’ils regagnent les coursives du Camp Nou, les Blaugrana peinent à faire bonne figure. C’est que, tout juste éliminés par la Juventus, ils ne verront pas les demi-finales de la Ligue des champions pour leur seconde campagne consécutive. Pis, en mettant de côté leur sacre européen de l’édition 2014/15, il s’agit de leur troisième Coupe d’Europe sur les quatre dernières sans atteindre le dernier carré. Un coup d’arrêt pour Bartomeu et sa clique, ou plutôt une « realification » du club depuis la prise en main du Mes que par l’ancien sbire de Sandro Rosell. Autrement dit, à l’instar de la période mouvementée que traverse le Real Madrid entre 2003 et 2010, soit sept campagnes de Ligue des champions de suite sans figurer parmi les quatre meilleures équipes continentales, le Barça n’est plus de taille sur la scène européenne. Et ce, malgré sa clinquante MSN et son statut de second club le plus bankable de la planète – derrière Manchester United, mais devant le Real Madrid. Comme quoi, aussi catalan soit-il, le FC Barcelone ressemble de plus en plus à son ennemi castillan, n’en déplaise à une histoire lésée.

Quand les Galactiques deviennent la MSN

Le 27 février 2006, le Santiago Bernabéu est en branle-bas de combat. Et pour cause, pour la première fois de son histoire, la Maison-Blanche assiste à la démission de son président en activité et se prépare à des mois d’instabilité institutionnelle. En soi, la crise sportive ne fait que s’exporter dans l’antre madridista, incapable de dépasser le stade des huitièmes de finale de la Coupe d’Europe depuis 2003 et une élimination en quarts par la Juventus. De fait, le très contesté Florentino Pérez décide de rendre les armes, lui qui a rendu au Real son prestige commercial, mais qui a enchaîné les choix sportifs incongrus. Une décennie plus tard, ce schéma se répète à quelques centaines de kilomètres de la capitale espagnole. Plus précisément, c’est du côté du FC Barcelone que les tracas institutionnels – démission de Sandro Rosell, guéguerre avec la FIFA, problèmes judiciaires… – s’exportent sur le rectangle vert. Si bien qu’aujourd’hui, le Barça ne s’est jamais aussi bien porté économiquement et aussi mal sportivement. Un comble qui ferait sourire les socios blaugrana si le mal n’était pas aussi profond.

Sur le banc des accusés, Luis Enrique est, forcément, le premier à s’asseoir. Pourtant vainqueur d’une Ligue des champions, deux Liga, deux Coupes du Roi ou encore un Mondial des clubs, l’entraîneur azulgrana a d’ores et déjà annoncé qu’il prendrait une année sabbatique à partir de juin. Si sa part de responsabilité n’est pas négligeable dans cette spirale négative, elle n’est pour autant pas totale. Pour sûr, la construction de son effectif rappelle celle des « Zidanes y Pavones » du premier mandat présidentiel de Florentino Pérez au Real Madrid. Quand ce dernier se plaisait à vider les caisses madridistas pour aligner les transferts estivaux et offensifs bling-bling, il se montrait des plus radins pour recruter des joueurs de devoir. Exemple parfait en est donné avec la non-prolongation de Claude Makelele, élément qu’il considérait comme « moyen, car il manquait de vitesse et de talent pour effacer les adversaires » , alors que « sa perte a été le début de la fin pour les Galactiques » , dixit Fernando Morientes. Pour Josep Bartomeu et sa direction, idem : la MSN déséquilibre un groupe qui avait retrouvé son identité depuis le passage de Pep Guardiola.

La Masia, simple machine à cash

En d’autres termes, la présidence du FCB mise absolument tout sur son trio sud-américain – transferts exorbitants, salaires mirobolants et procès pour corruption – jusqu’à léser le reste de son groupe. La non-prolongation de Dani Alves ou encore les multiples mauvais castings au milieu de terrain en sont les illustrations les plus visibles, mais pas les seules. Car la « realification » la plus criante du FC Barcelone s’opère au sein de son centre de formation. La Masia, trésor et fierté de tout le peuple blaugrana qui a déjà sorti Messi, Iniesta, Piqué, Busquets et Jordi Alba, se retrouve aujourd’hui une simple machine à cash. À l’instar de la Fabrica merengue, qui permet au Real Madrid de faire entrer de nombreux millions d’euros dans ses caisses, le centre de formation catalan n’est plus le fournisseur de l’équipe première, mais bien une nouvelle source de revenus. Une aberration, ou plus simplement un manque de respect vis-à-vis de l’histoire du club, qui traduit les nombreux maux de ce Barça. Un an après le décès de Johan Cruyff, cela pourrait être au tour de son héritage de mourir une seconde fois.

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