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« La L1, je n’y pense pas qu’en me rasant ! »
Fort d'une victoire 1-4 au stade Louis Dugauguez vendredi soir contre Sedan, Evian TG n'est plus qu'à quelques longueurs de la Ligue 1. Mais pour Patrick Trotignon, si la perspective d'une montée compte, elle n'est pas sa seule préoccupation. Entre la création d'un nouveau stade et la formation des jeunes joueurs de Haute-Savoie, l'homme de confiance de Franck Riboud, le PDG de Danone et mécène du club, n'a pas le temps de s'ennuyer.
Evian TG est-il armé pour la Ligue 1 ?
P.T : L’équipe tient la route en Ligue 2. Je ne peux pas dire que l’effectif actuel sera le même si l’on monte en Ligue 1. Je ne le pense pas. Mais je crois que la majeure partie de cet effectif serait susceptible de pouvoir y jouer. On aurait cependant besoin de renfort. Nous sommes un club en construction. On parle beaucoup de l’équipe première mais l’essentiel du projet du club, c’est surtout de faire avancer les jeunes. Nous dépensons beaucoup d’énergie pour faire en sorte que, à court ou moyen terme, les 17 ou les 19 ans atteignent un niveau national.
On parle depuis longtemps d’un nouveau stade pour le club, où en est le projet ?
P.T : Plusieurs sites nous sont proposés : nous avons une possibilité dans la Chablais, la région d’Evian Thonon, même si cette candidature a du plomb dans l’aile. Nous avons une autre possibilité vers Annemasse où la commune de Ville-la-grand est candidate. Il pourrait aussi voir le jour à Annecy. Ce stade aura normalement une capacité de l’ordre de 15 000 places extensible à 22 000. La majeure partie du financement serait privée. Cependant, nous attendons aussi l’aide des collectivités, qui pourraient sans doute nous apporter le foncier, le terrain pour le faire. Nous espérons pouvoir y jouer en 2014. D’ici la fin du semestre, nous devrions pouvoir être plus précis sur ce sujet.
Avec le recul, la décision de l’UEFA de vous refuser de jouer les matches à domicile en Suisse, à Genève, était-elle juste ?
P.T : L’UEFA et son président Michel Platini ont adopté un principe qui est la territorialité. Les Hongrois jouent en Hongrie, Les Suisses jouent en Suisse, etc. On peut être contre, mais c’est une règle. Nous avons demandé de jouer à Genève car l’on pensait que les rapprochements des agglomérations françaises et genevoises étaient suffisamment importants pour que le stade puisse être utilisé par un club français. C’est ce que pensaient d’ailleurs les politiques des deux côtés de la frontière. Bon, ça n’a pas marché, cela n’est pas très grave…
« 23 millions de budget en cas de montée »
Qu’est ce qui a poussé d’anciens joueurs comme Zizou ou Lizarazu à devenir actionnaire du club ?
P.T : C’est à la fois de l’affectif, de l’amitié pour Franck Riboud car ils sont proches de lui. Le rapport financier pur est lui comme les 40 autres actionnaires du club. Au-delà de ça, lorsqu’ils le peuvent, ils apportent leur contribution au bon fonctionnement du club. Pour exemple, ils participent depuis deux ans à l’Evian Master (du golf, ndlr), fin juillet, à quelques jours de la reprise, et ça leur permet de venir dire un petit mot aux joueurs. Leur présence n’est pas qu’anecdotique, elle est réelle. Je ne pense pas vraiment qu’ils attendent qu’Evian monte en ligue 1, que l’action du club monte, pour mieux gagner leur vie !
Quel pourrait être le budget d’Evian TG en cas de montée en ligue 1 la saison prochaine ?
P.T : Il doublerait naturellement par l’apport des droits télé. L’enveloppe des droits télé de ligue 1 est en général supérieur au budget initial du club en ligue 2. Un club au budget de 10 millions d’euros passe naturellement à 23 millions car l’enveloppe des droits télé est de 13 millions d’euros.
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Quel regard porte Franck Riboud sur le club ?
P.T : Je pense qu’il regarde ça avec l’œil du passionné, mais aussi avec celui du chef d’entreprise. Il a un œil attentif à ce que le projet soit mené tel qu’il l’envisageait, mais il ne s’attribue pas d’influence dans le management du club. Cela dit, l’investissement de Danone, ce n’est pas l’investissement d’une danseuse ! Il y a derrière ça un véritable projet. Il est donc normal que les comptes soient rendus. Ils ne sont d’ailleurs pas toujours rendus à Franck Riboud directement, mais à ses collaborateurs qui sont responsables de la communication et des stratégies du groupe.
Espérez-vous faire d’Evian un grand d’Europe ?
P.T : Là, c’est un peu du fantasme ! Il faut rester raisonnable. Cela pourrait arriver mais surtout avec les jeunes. C’est d’ailleurs le créneau de Franck Riboud : celui d’animer la jeunesse dans cette région. D’ailleurs, notre centre de formation est ouvert en priorité aux talents locaux. A terme, 95% des jeunes qui seront dans ce centre seront issus d’un recrutement local. On démarre tout doucement puisqu’avec les 17-19 ans, l’on devrait monter cette année au plus haut niveau régional : l’honneur régional. Dans les deux ans qui viennent, on espère attraper les compétitions nationales. Pour les plus âgés, l’équipe réserve est actuellement leader de la division d’honneur, à une encablure de la CFA 2. Samedi 9 avril, nous jouons contre Echirolles. Ils sont à 1 point derrière nous. C’est une petite finale !
« Il ne faut pas faire le malin »
La parcours d’Arles-Avignon cette saison en Ligue 1 vous fait-il peur ?
P.T : Il est clair qu’il ne faut pas faire le malin, en sport en général, on n’est jamais à l’abri d’un accident. Je préfèrerais qu’on me dise : avez-vous envie de suivre les parcours de Toulouse, Valenciennes ou Brest ? Guillaume Rippert, qui joue avec nous, a d’ailleurs été de l’aventure en National, Ligue 2 puis Ligue 1 avec Valenciennes. C’est peut-être notre porte-bonheur !
Pascal Dupraz, directeur sportif d’Evian TG, disait début mars vouloir « retrouver de l’enthousiasme » . C’est chose faite ?
P.T : Je vois de l’enthousiasme à l’entraînement tous les jours. Je trouve que l’équipe est bien. Cela dit, on est à l’abri de rien. Nous avons pris 3-0 à Angers sans démériter (28ème journée). Quand on sait que Reims a mis 4-1 à Tours (29ème journée)… Il faut surtout trouver des joueurs qui ont envie d’aller au bout. Mais en début de saison, l’objectif du club n’était pas la montée, et ça ne l’est pas forcément devenu aujourd’hui. Le fait de rester en Ligue 2 ne serait pas un accident industriel. Cela dit, si je vous disais que l’on ne pense pas à la montée en Ligue 1, je ferais du « guyroutisme » ! Oui je pense à la montée, et je n’y pense pas qu’en me rasant !
Serez-vous de la partie la saison prochaine ?
P.T : Normalement oui. En football, les choses vont vite mais je n’ai pas prévu d’arrêter.
Bordeaux pense à l’après-Tigana. Pensez-vous à l’après-Casoni ?
P.T : On dit toujours que « gérer c’est prévoir » . C’est sûr qu’un jour, la présence de Bernard Casoni s’arrêtera à Evian. Maintenant, ce n’est pas un sujet d’actualité. Je ne recherche pas d’entraîneur. Bernard Casoni a un contrat, je ne vois pas pourquoi il ne serait pas l’entraîneur l’année prochaine. Après, si le conseil d’administration souhaite en changer, la question se posera mais, encore une fois, ce n’est pas d’actualité. Je vous le dis honnêtement, j’ai toujours de la pudeur à ne pas vouloir raconter de conneries. Certes l’an dernier, on a changé d’entraîneur alors qu’on se trouvait sur le podium, mais les raisons n’étaient pas les mêmes.
Propos recueillis par Romain Lejeune
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