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Jardim / Villas-Boas : destins croisés

Par William Pereira et Alexandre Pedro
Jardim / Villas-Boas : destins croisés

Zénith-Monaco, c'est aussi la confrontation de deux entraîneurs portugais. L'un a des cheveux, l'autre beaucoup moins. L'un a tout gagné à même pas 33 ans, l'autre n'était personne au même âge. A priori, tout oppose André Villas-Boas et Leonardo Jardim…

Le handballeur et le joueur du dimanche

Leonardo Jardim n’a jamais vraiment rêvé d’une carrière de footballeur professionnel. Il a bien joué chez les jeunes au Santacruzense, le club de son petit bled de Madère, mais jamais il ne l’a fait avec l’ambition de percer. D’ailleurs, il n’y avait pas que le football dans sa vie. Jusqu’à ses 14 ans, l’actuel coach de l’AS Monaco possédait également une licence dans l’équipe de handball du Santacruzence. Mais au moment de choisir entre la fac et les crampons, Leonardo n’a pas hésité une seule seconde. Exit le terrain, bonjour l’université des sports de Madère, pour réaliser un rêve de gosse officialisé devant un match du Sporting avec son père. « Un jour, j’entraînerai cette équipe » , disait-il alors, sur le ton de la plaisanterie. À 24 ans, il devient le plus jeune de sa promotion à obtenir son diplôme d’entraîneur. C’est le début du rêve pour le natif de Barcelone (Venezuela). Il existe une légende autour du jeune André Villas-Boas : celle d’un jeune fils d’aristocrate qui n’aurait jamais tapé dans un ballon. Le sosie de Jean Imbert a pourtant bien eu sa (petite) carrière. Une carrière qui se résume à des matchs du dimanche avec deux clubs de district de sa ville de Porto : Ramaldense e Marechal Gomes da Costa. Milieu de terrain de « caractère et habile » selon son entraîneur à Ramaldense, il explique à ce dernier comment l’équipe doit s’organiser. Fils d’un banquier et élève studieux, le jeune homme n’a jamais vraiment rêvé d’une carrière de joueur ( «  On a tout de suite vu que je n’avais pas les qualités pour  » ), mais penchait plutôt pour le… journalisme. Un homme va changer sa vie. À 17 ans, il écrit à Bobby Robson qui vit dans le même appartement que ses parents et lui pond un rapport pour améliorer la productivité de son avant-centre, Domingos Paciênca. Impressionné, l’Anglais le fait embaucher au FC Porto pour observer les équipes adverses avant de l’envoyer en Écosse passer ses premiers diplômes d’entraîneur.

Le tenace et le précoce

Diplôme en poche, Léonard Jardin fait ses gammes au niveau amateur avant de postuler, avec succès, au poste d’adjoint à l’AD Camacha sur l’île de Madère. L’équipe de la ville de Santa Cruz évolue alors en troisième division, mais fait partie des rares équipes de son niveau à posséder le statut de club professionnel. Après deux années d’observation, il est promu entraîneur principal à 29 ans. C’est aussi là-bas qu’il stagne pendant cinq ans et commence à douter de son avenir d’entraîneur. Finalement, il débarque à Chaves (D3 également), à 34 ans. Lors de sa première séance d’entraînement, il avoue à ses nouveaux joueurs ne pas vouloir s’éterniser dans le Nord. Il vise plus haut. « Si à 40 ans, je n’entraîne pas une équipe de première division, j’arrête. » Ses méthodes peu académiques (quelques semaines après sa prise de fonction, il fait voir le film 300 à son équipe pour illustrer l’importance de la solidarité et… du placement dans le football) propulsent Chaves en D2. Comme promis, il se barre aussi vite que possible. Direction Beira-Mar, qu’il fait monter en D1. L’année suivante, il démissionne à la suite d’une dispute avec son président alors que les Jaune et Noir occupent une place européenne. Braga le repêche et tout s’accélère. Ses « Guerreiros do Minho » échouent à la deuxième place de la Liga Sagres, dont ils ont occupé la tête à une poignée de journées de la fin. Là encore, il ne reste pas longtemps. Encore une histoire avec son président. Et surtout, des envies d’ailleurs. Direction la Grèce. Fort de l’appui de Robson, Villas-Boas, lui, ne perd pas de temps en chemin. Le jeune homme a aussi pour lui une qualité : un énorme culot. À 21 ans, il bidonne (un peu) son CV ( « j’ai avoué mon âge juste au moment de mon départ » ) et devient sélectionneur des îles Vierges. L’aventure ne va pas plus loin que deux raclées face aux Bermudes. De retour à Porto, il croise la route fin 2002 d’un jeune entraîneur débarqué de Leiria où il réalisait des miracles. José Mourinho n’est pas encore « spécial » , mais se reconnaît en Villas-Boas qui devient son adjoint, son œil, celui qui doit décrypter le jeu de l’adversaire comme l’explique le Mou. « J’essaie de faire travailler à mon tour un jeune de vingt-cinq ans, André. Et je lui rappelle souvent combien ce type de travail a été pour moi une clé essentielle. » Le disciple s’émancipe en 2008 et prend place sur le banc de l’Academica Coimbra à 32 ans et un jour. Il récupère une équipe relégable et l’installe à la 7e place en fin de championnat, suffisant pour taper dans l’œil de son club de toujours : le FC Porto. Une folie ? Même pas. Il réalise la saison parfaite : victoire en Ligue Europa, champion invaincu avec 25 points d’avance plus une coupe nationale. Mais le Portugal est déjà trop petit pour lui.

Divorce à la grecque et l’impatient anglais

Si le séjour de Leonardo Jardim au Pirée ne dure pas longtemps – une demi-saison à peine – il a néanmoins le temps de goûter aux joies de la Ligue des champions, son hymne culte et ses joutes mémorables. Il échoue de justesse dans sa quête d’une qualification en huitièmes de finale à un petit point d’Arsenal dans un groupe qui comportait également Schalke 04. En championnat, tout roule pour Jardim, qui réalise l’exploit de se faire virer de l’Olympiakos alors qu’il est premier avec plus de 10 points d’avance. Motif officiel : le jeu pratiqué par ses hommes n’est pas assez offensif. Motif officieux : il aurait eu une aventure avec Madame la femme du président. S’il y en a un qui mérite de s’appeler Casanova, c’est bien lui. Peut-être parce qu’il a une grand-mère anglaise ou qu’il souhaite marcher sur les traces de son mentor, le Portugais débarque à Chelsea à l’été 2011 contre un transfert de 15 millions d’euros. Mais la planche va très vite s’avérer savonneuse. Lampard et Terry tiennent le savon, mais c’est le « Special Two » qui précipite sa propre chute, trop sûr de lui malgré les défaites qui s’enchaînent en Premier League. « Roman Abramovitch, qui a déjà payé 15 millions d’euros à Porto pour me faire venir, ne peut débourser de nouveau une telle somme pour me mettre dehors. » Tout faux. Le Russe le fout à la porte en mars et Villas-Boas voit son ancien adjoint Roberto Di Matteo remporter la première Ligue des champions des Blues. Il n’en a pourtant pas fini avec l’Angleterre.

Deux entraîneurs de passage ?

On ignore si, comme jadis à Chaves, Jardim a expliqué à ses joueurs que l’AS Monaco n’était qu’une étape dans sa carrière et que s’il n’entraînait pas en Premier League à 45 ans, il retournerait à Madère enseigner l’éducation physique. Ce que l’on sait en revanche, c’est que c’est un homme ambitieux qui n’a jamais tenu plus d’une saison et demie au même endroit depuis qu’il est arrivé sur le continent. Et qu’il aime les femmes. Bon, étant donné que Rybo n’en a plus, Jardim ne devrait pas causer de tort à son boss de ce côté-là, et il est peu probable de le voir partir pour des raisons extra-sportives. En revanche, on l’imagine facilement se tirer à la fin de la saison, trahi par un projet totalement différent de celui qui lui avait été tendu comme appât lorsqu’il était encore au Sporting. À moins que les mauvais résultats aient raison de lui avant cela. Au final, la seule personne qui connaît vraiment l’avenir de Leonardo, c’est son pote Jorge Mendes. On y revient encore et toujours… C’est tout le paradoxe de son passage en Premier League. Viré de Chelsea, débarqué de Tottenham malgré une première saison plutôt correcte, le Portugais s’est enfin débarrassé de l’étiquette de « Special Two » . Peut-être qu’il fallait échouer pour enfin se différencier. Son nom circule du côté de l’Italie ou même du Barça, mais il surprend son monde en optant pour le Zénith Saint-Pétersbourg. En Russie, l’ancien entraîneur prodige doit se reconstruire et regagner une crédibilité entamée par ses deux échecs londoniens. Pour l’instant, il y arrive plutôt bien. Il a pacifié un vestiaire divisé entre locaux et étrangers surpayés (Hulk, Witsel) et occupe actuellement la tête du championnat. Mais sa retraite de Russie est d’abord stratégique et il devrait amorcer une contre-attaque vers l’ouest (une revanche en Angleterre ? La découverte de l’Espagne ? Un défi parisien ?) à la première occasion.
JO : l’important n’est ni de gagner ni de participer

Par William Pereira et Alexandre Pedro

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