L'accueil de Mourinho
Jupp Heynckes vient de fêter ses 67 ans ; il a, à peu près, tout gagné comme joueur et comme entraîneur, et ce n’est pas ce genre de pression qui va l’affoler. L’électron libre, fixé côté gauche, du flamboyant Mönchengladbach des 70’s (243 buts) appartenait également à la Mannschaft championne du monde et d’Europe de 1972/74, ce qui confère un certain sens de la confiance en soi. Le gars n'en abuse pas. Il est l'un des rares à faire le lien entre les joueurs de la Ruhr et ceux de Bavière. A sa façon, discrète et volontaire. Il apprend ensuite le job d’entraîneur, dans la grande banlieue de Düsseldorf, avec Hennes Weisweiler puis Udo Lattek, deux maîtres, avant de prendre la suite entre 1979 et 1987. Certes, il n’a pas la faconde de Sepp Herberger (le sélectionneur de 1954), l’intelligence oblique d’Ottmar Hitzfeld ou le sens du management de Joachim Löw, mais on le respecte partout où il passe. En Allemagne (au Bayern, trois fois ; au M'Gladbach, deux passages ; à Schalke, au Bayer et à l’Eintracht), au Portugal (Benfica) et en Espagne (Tenerife, Bilbao et Real Madrid, où il ramène la C1, après trente-deux ans de disette). Il ne reste jamais bien longtemps (sauf au Borussia et au Bayern en début de carrière), ne réussit pas toujours, mais il sait rebondir et se faire apprécier. Il n’y a qu’à constater l’accueil que lui a réservé le Special Oim’ himself, lors de la demie contre les Merengues, pour s’en convaincre.
Le psy de Ribéry
Malgré son regard de ouf, le mister bavarois est devenu cette saison une sorte de papa-gâteau, préoccupé de panser les plaies laissées par l’ère van Gaal. Il a également préservé la paix sociale du vestiaire, acheté de la confiance à Ribéry, dégonflé les ego (et les pugilats alentour) et colmaté les brèches durant les périodes de doutes. L’homme dit ne pas être « préoccupé par son avenir. J’ai un contrat et je travaille avec l’idée que je vais aller au bout. Je ne suis nullement gêné par toutes les rumeurs autour de moi. » De toute façon, Heynckes est un gentleman qui part sans faire de bruit. Même après avoir été viré du Real, après la Champions inespérée de 1998 ; même après avoir été limogé par Uli Hoeneß en 1991, lors de sa première fois à Munich. Le grand mogul bavarois confessera que ce licenciement « c’est la plus grosse bêtise de ma carrière. » Rummenigge, lui, veut le prolonger comme bon lui semble. Pour un peu, ils ne lui en voudraient pas d’être un second Topmöller, un vizekusen…
Par Rico Rizzitelli
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