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De Kiev à Concarneau : un pas En Avant, deux en arrière ?
Guingamp retrouve la Bretagne une semaine après son élimination ukrainienne en Ligue Europa. Face aux amateurs de l'US Concarneau, les joueurs de Gourvennec tenteront d'effacer leur déception européenne et leurs derniers revers en championnat. Si tant est que la motivation soit toujours de mise.
Garder la tête froide. Gérer ses émotions. Ne se laisser impressionner ni par l’enjeu ni par le contexte. Ces quelques phrases, les joueurs de Jocelyn Gourvennec ont dû se les répéter en boucle à quelques heures de leur match retour de Ligue Europa contre le Dynamo Kiev. Victorieux à l’aller dans un stade du Roudourou en ébullition, les Rouge et Noir faisaient jeudi dernier le déplacement dans la froideur de la capitale ukrainienne pour tenter d’aller arracher une qualification historique. La fin du film, on la connaît. L’En Avant, mené 2-0 dès le retour des vestiaires, s’incline finalement 3 buts à 1 contre des Ukrainiens nettement supérieurs. Le rêve breton prend fin. La défaite est amère, le retour au pays compliqué. Trois jours plus tard, ce n’est pas à l’autre bout de l’Europe qu’il convient de faire bonne figure, mais à Nantes, dans un stade de la Beaujoire bien chaud, face à des Canaris qui n’ont plus rien à défendre si ce n’est leur huitième place en championnat. Dans cette ambiance de derby, Guingamp s’incline sur le fil et rentre à la maison lessivé par cette semaine chaotique et ce déplacement sur les terres d’Andreï Chevtchenko. Prochaine étape : Concarneau, son port de plaisance et sa valeureuse équipe d’amateurs. Après l’Ukraine, le Moustoir. Après le rêve, l’ennui ?
Ouestern Union
La vie d’un joueur de foot est ainsi faite qu’elle vous conduit à passer parfois du rire aux larmes, de l’euphorie au dépit, du stade olympique de Kiev au Moustoir de Lorient… Tout cela en une semaine et tout cela dans un seul but : gagner, gagner, toujours gagner. Et l’envie dans tout ça ? La motivation ? Doit-elle et peut-elle toujours être à son maximum ? Pour le psychologue du sport Jean-Cyrille Lecoq, se remettre en selle après une série de chutes dépend surtout du bon vouloir de l’entraîneur : « C’est vrai qu’après une déception, il y a toujours la crainte de ne plus être à la hauteur. Mais ça, je dirais que c’est le rôle de l’entraîneur de redéfinir les objectifs. Ce qu’il faut, c’est utiliser les éléments positifs que l’équipe a pu mettre en place pour arriver à ce niveau-là, et voir si les rouages sont toujours présents et si on peut les utiliser contre un club amateur. »
En d’autres termes, ne garder que le meilleur afin d’éviter le pire. Dans le cas des Guingampais, le pire signifierait bien évidemment se faire sortir ce jeudi soir par onze joueurs de CFA alors qu’ils étaient à deux doigts de décrocher un huitième de Coupe d’Europe huit jours avant. Mais doit-on pour autant développer une peur de l’échec ? Là encore, Jean-Cyrille Lecoq a son opinion : « Il y a effectivement un certain nombre de défaites qui peuvent entraîner une dynamique négative. Ce qui se passe, c’est qu’on a affaire, en face, à une équipe qui n’a rien à perdre. On le voit aussi au niveau du traitement médiatique : vous gagnez c’est normal, vous perdez, c’est anormal. La difficulté que l’équipe doit surmonter dans ce registre-là, c’est que la défaite est interdite. D’où l’importance de redéfinir les objectifs, de revenir à des éléments concrets et de vraiment faire jouer la solidarité entre les joueurs. » Comme dit le proverbe : l’union fait la force.
Culture Coupe
Si Jocelyn Gourvennec devrait pouvoir compter sur l’expérimenté Thibault Giresse pour resserrer les liens, qu’en est-il des ambitions du groupe breton à quelques heures d’une rencontre qui a tout du match-piège ? La rage de Claudio Beauvue, l’engagement de Moustapha Diallo et la détermination de Younousse Sankharé ne se seraient-ils pas perdus quelque part dans les travées du stade olympique de Kiev ? Christian Bassila, vainqueur de la Coupe de France avec l’En Avant en 2009, ne se fait aucun souci quant à la motivation des Rouge et Noir : « Pour les Guingampais, la Coupe de France a vraiment une très grande importance. Que ce soit le coach ou les joueurs, dès leur signature, ils sont déjà imprégnés de ça. Le club a construit son image par rapport à cette Coupe. Quand vous allez dans les bureaux officiels, il y a des photos des épopées de Guingamp en Coupe de France, que ce soit le groupe finaliste ou le groupe vainqueur. Alors forcément, la motivation vient d’elle-même. »
Pas question, donc, de voir débarquer la bande de « pleureuses » dont parlait récemment Michel Der Zakarian sur la pelouse du Moustoir ce jeudi. Cette Coupe, Guingamp l’aime, la chérit et compte bien la conserver une année supplémentaire dans ses Côtes-d’Armor. Christian Bassila poursuit : « À chaque fois que Guingamp joue contre une équipe d’un niveau inférieur, il y a toujours un très grand respect pour l’adversaire. » Ce respect évoqué par l’ancien capitaine de l’EAG naît des antécédents du club breton, passé en quelques années du National à la Ligue 1. « Quand j’étais à Guingamp, le contexte était différent. On était en Ligue 2, donc un peu dans la peau de Concarneau. Là, les choses se sont inversées. Guingamp est favori, mais le club sait ce que c’est qu’être le « petit ». Sur le plan affectif et émotionnel, Guingamp sait gérer ce type de match. » Dans un stade du Moustoir probablement comble, les partenaires de Lionel Mathis auront la mission de relever la tête s’ils souhaitent décrocher leur billet pour les demi-finales. Un billet qui leur permettrait de rêver d’un nouveau sacre au Stade de France le 30 mai prochain. Et pourquoi pas face au Paris Saint-Germain, 1-0, sur un but de Jérémy Pied ?
Par Morgan Henry