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C’était la Florentia Viola

Par Valentin Pauluzzi
C’était la Florentia Viola

Alessandro Diamanti ne fait pas vraiment son retour à la Fiorentina. En fait, lors de son premier passage en 2003, le club s'appelait Florentia Viola et n'a disputé qu'une saison avec ce patronyme. Les principaux protagonistes la racontent.

« On m’a appelé mi-août, et le championnat commençait deux semaines plus tard. Il n’y avait rien, pas de ballons ni de maillots d’entraînement et seulement 7,8 joueurs qui restaient des U19. » Pietro Vierchowod s’en souvient comme si c’était hier. Nous sommes à l’été 2002 et l’ancien défenseur de la Sampdoria a accepté de venir au chevet de l’ex-Fiorentina de Vittorio Cecchi Gori, disparue suite à la faillite. Le club fut ainsi contraint de repartir en quatrième division (la Serie C2) et avec un nouveau nom : Florentia Viola, « le nom antique de la ville et, bien entendu, la couleur du maillot » , conclut le champion du monde 1982. Et oui, quand un club dépose le bilan, on le spolie de son patronyme, son écusson et ses trophées. L’huissier est passé par-là et n’a pas laissé une miette : « Il ne restait plus que les cendres. Il n’y avait même plus de centre de formation » , raconte Christian Riganò, buteur prolifique et principal protagoniste de cette saison dans les bas-fonds du football italien.

« On roulait en BMW là où il nous fallait un tracteur »

Le salut viendra de la famille Della Valle. Entrepreneurs à succès avec les chaussures Tod’s, les frangins Diego et Andrea sont bien décidés à ramener ce glorieux club à sa place. Les moyens sont là, mais il faut les adapter à la catégorie : « L’objectif était bien de revenir le plus vite possible en Serie A, un peu comme De Laurentiis au Napoli. Ils ont de suite investi, suffit de voir tous les joueurs qui sont passés en deux ans, pas loin de 100 peut-être » , raconte Riganò, qui enchaîne : « Moi, j’avais fait une grande saison à Taranto en Serie C1 avec une finale perdue en play-off contre Catania. Ce n’était pas un souci de descendre d’un cran pour la Fiorentina, je me disais aussi que c’était le meilleur moyen d’arriver en Serie A. On a d’ailleurs très bien commencé, puis on a calé jusqu’à la défaite 2-0 à Grosseto et le changement d’entraîneur. »

La victime est donc Vierchowod, qui défend légitimement son bilan : « Je suis parti en novembre, mais on était seconds après sept matchs avec une équipe sur laquelle pas grand monde n’aurait parié. Puis elle a été de nouveau renforcée en janvier. » Son successeur s’appelle Alberto Cavasin, un nom ronflant à l’époque : « Je restais sur trois années en Serie A avec Lecce, tout le monde disait que j’étais fou, mais pour moi, c’était gratifiant de venir à Florence » se souvient le coach. Seulement, la tâche n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser : « Le nom de Florentia Viola était relatif, il y avait l’hymne, les couleurs, le stade. Seulement, on était équipé d’une BMW là où il nous aurait fallu un tracteur. Et tant que tu n’as pas de route goudronnée, la béhème ne sert pas à grand-chose. »

« Chaque dimanche, c’était une finale de Champions League »

Si les Della Valle mettent les moyens, le public apportera largement sa pierre à l’édifice, que ce soit à domicile avec plus de 20 000 abonnés, mais surtout à l’extérieur : « On évoluait souvent sur terrain neutre, car nos supporters se déplaçaient en masse, ainsi on a joué à Cesena contre Forli, à Siena contre Poggibonsi, à Arezzo contre la Sangiovannese. Ils étaient 5000 tifosi à nous suivre à chaque fois. Les clubs adverses n’étaient d’ailleurs pas mécontents, car ils touchaient le pactole à la billetterie » , se souvient Riganò. Effectivement, quand Fano, Brescello et Aglianese auraient-ils de nouveau eu l’occasion d’affronter un club d’un tel standing ?

« C’est une situation classique, analyse Cavasin, comme avec la Juventus en Serie B ou le Napoli en Serie C1. Des clubs avec ces traditions, ces infrastructures, mais aussi cette valeur technique, qui n’ont rien à voir avec le championnat concerné. Du coup, les adversaires jouent le match de leur vie et y pensent une semaine complète. C’était souvent des victoires 1-0 et des matchs à couteaux tirés. On aurait dit qu’on jouait une finale de Champions League tous les dimanches. Certes, on avait le meilleur effectif, mais il fallait tout donner. Et puis la plupart des équipes étaient également de Toscane. » Riganò, lui, fait écho et confirme que ce n’était pas une partie de plaisir : « Le nom ne comptait pas, ça se passait sur le terrain, on a bataillé contre Rimini toute l’année, mais notre victoire chez eux 2-0 en février a été le tournant de la saison. »

Di Livio, Diamanti, Quagliarella… et Bochu

L’équipe avait été montée à partir des fameux « joueurs de catégorie » comme on dit en Italie, des mecs habitués aux batailles acharnées sur les terrains cabossés de Serie C : « Mais ce n’était pas simple pour eux qui devaient jouer devant 20 000 spectateurs à l’Artemio Franchi, alors qu’ils étaient habitués à 4000 ou 5000. Cette pression, mais aussi cette chaleur humaine, c’était nouveau pour eux » , précise Cavasin. On retrouve aussi un jeune Diamanti qui arrive tout droit de Prato : « Je ne le connaissais pas, c’est Giovanni Galli, alors directeur sportif, qui l’a amené. Il me disait qu’il deviendrait un grand joueur, il en était fou amoureux et me parlait tout le temps de sa bravoure. Une véritable obsession. » Riganò, lui, se rappelle un mec qui « pensait à tout sauf à devenir un grand joueur, il le sait, je lui ai souvent dit. Il était un peu fou, mais dans le bon sens. Je lui en ai donné des calottes pour qu’il comprenne certaines choses ! »

L’attaquant sicilien fut d’ailleurs le véritable fer de lance de la Florentia Viola avec 30 buts marqués : « La tactique, c’était : donnez le ballon à Riganò, un peu comme Zlatan au PSG » , confie honnêtement Cavasin. On retrouve aussi un vieux Di Livio de 35 ans qui sortait du Mondial 2002, le seul à être resté malgré la faillite, un Quagliarella âgé de 19 ans et même un jeune Français, Matthieu Bochu débarqué durant l’hiver en provenance de Gubbio : « Il est devenu quoi ? J’ai perdu trace de lui, regrette Riganò, c’était un très bon mec et un ailier droit pas mauvais du tout. » Cette saison en enfer se termine finalement sur un triomphe, première étape vers un retour en Serie A dès l’année suivante, grâce à quelques arrangements bureaucratiques, entre autres, qui ont permis au club de sauter une division : « Le match de la montée contre Savona, devant 40 000 personnes, fut un grand moment. Voir le sourire de ces gens qui étaient dépressifs huit mois plut tôt, mais qui se sont retroussés les manches, en faisant 25 000 abonnés. » Ce n’est pas pour rien que la splendide Florence est le berceau de la Renaissance.

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Par Valentin Pauluzzi

Tous propos recueillis par VP

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