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Büchel : « Le prince du Liechtenstein s’en fout du foot »

Par Valentin Pauluzzi
6 minutes
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En Italie depuis 2009 et régulièrement utilisé avec l'Empoli, Marcel Büchel, vingt-cinq ans, est le seul joueur du Liechtenstein à évoluer dans l'un des cinq grands championnats. Il a même effectué un passage à la Juve il y a quelques années.

Tu es né à Feldkirch, un bled autrichien à la frontière du Liechtenstein. Quels critères as-tu pris en compte au moment de choisir ta sélection ?Je suis autrichien de cœur, mais j’ai des grands-parents du Liechtenstein, j’ai donc pu prendre le passeport avec l’occasion de jouer de belles rencontres internationales. Mon choix définitif a été fait il y a seulement un an. J’ai beau avoir joué avec Pirlo, évoluer en Serie A, je n’ai jamais été considéré par l’Autriche dont j’ai pourtant porté le maillot U19. Ils ont une mentalité fermée, j’ai donc pris cette décision sans regret.
Tu es donc le Liechtensteinois le plus performant. Qui sont les autres ?Notre gardien et capitaine Jehel qui est à Vaduz, en D1 suisse, il joue peu en club, mais vous les Français, vous avez pu le voir à Tours il y a quelques années. Il amène son expérience et son sens de l’organisation. Ensuite, il y a les deux autres portiers, un qui évolue en D3 anglaise et un autre en Turquie je crois. Bref, nous sommes peu.

Combien y a-t-il de pros ?

Il y a seulement cinq pros. Le reste, ce sont des policiers, des étudiants et même des chômeurs.

Seulement cinq. Le reste, ce sont des amateurs qui jouent en D3 ou D4 suisse, il y a des policiers, des étudiants et même des chômeurs.

Quel est votre objectif pour ces qualifs ?Prendre plus de points que lors des dernières où on avait quand même fini devant la Moldavie. On travaille bien, on s’amuse. Obtenir une victoire, ce serait déjà bien, on arrive à rivaliser avec les autres petites nations. Bien sûr, on est conscients qu’il est quasiment impossible de se qualifier.

À part le 8-0 contre l’Espagne, vous avez quand même bien résisté contre l’Albanie (0-2) et Israël (1-2).En Espagne, on a mis le bus devant notre cage, on a longtemps tenu le 1-0, puis quand ils se sont débloqués, c’était terminé. Contre Israël, c’était beaucoup mieux, ils n’étaient pas dans un grand jour. On a été vite menés 2-0, mais on a réduit le score et on a loupé quelques occasions pour aller chercher le nul.

Du coup, vous cherchez quand même à proposer du jeu face à des équipes à votre portée ?On cherche d’abord à ne pas prendre de but, si on voit que le 0-0 tient, on essaye, mais c’est dur, on manque cruellement d’un attaquant capable de planter.

Vous êtes 183e au classement FIFA, entre Guam et les Seychelles. Vous n’avez jamais été aussi bas. Peut-on parler de foot liechtensteinois en crise ? Sincèrement, j’ai du mal à faire des comparaisons avec les autres générations, car je ne suivais pas trop, je sais juste qu’il y a eu un nul contre le Portugal une fois, mais je ne sais pas te dire s’ils étaient plus forts.

Vous tendez quand même à encaisser moins de buts, entre 2 et 2,5 par match dans les dernières campagnes de qualifs.

Je suis milieu relayeur, mais parfois, c’est moi qui suis aligné attaquant, car il n’y a personne d’autre capable de tirer au but.

Parce qu’on se met tous en défense et la motivation des joueurs amateurs est très élevée. Le sélectionneur tient à avoir un certain niveau, il ne convoque pas n’importe qui, il fait un vrai écrémage et va vraiment chercher les meilleurs.

Justement, peux-tu nous présenter Rene Pauritsch ?C’est un Autrichien, un ancien pro, un gars serein, mais qui veut faire du chemin, il fait son possible avec ce qu’il a. Il vient souvent voir mes matchs en Italie et veut toujours apprendre plus. On joue en 4-1-4-1, moi je suis un relayeur, mais en vrai je me balade à gauche, à droite, et parfois, c’est moi qui suis aligné attaquant, car il n’y a personne d’autre capable de tirer au but.

Vu ton statut, tu te mets la pression ?

J’essaye de donner le maximum sur le terrain, mais en dehors, je ne suis pas du tout un exemple.

J’y pense un peu oui, j’ai certaines responsabilités, mais bon, je reste un jeune qui fait ce que tout le monde fait à son âge. Je suis arrivé à ce niveau sans me priver de quoi que ce soit, je me comporte plus en ami. J’essaye de donner le maximum sur le terrain, mais en dehors, je ne suis pas du tout un exemple.

Comment fonctionnent vos primes de match ?Quand on gagne ou on fait match nul, on a quelque chose, et le montant évolue selon la force de l’adversaire. Mais vu la richesse de notre pays, on pourrait être mieux payés. Le problème, c’est que le prince Hans-Adam II se fout complètement du football. Il faudrait des sponsors qui ont de l’argent, mais les investissements sont faits en priorité chez les jeunes.

Le public répond présent ?Les 7 000 places du Rheinpark Stadion sont toujours remplies. Les gens aiment bien le foot, comme tout le monde, mais ça passe bien après leur travail et le ski qui reste le premier hobby. Je veux dire, si on se balade dans la rue, personne ne nous calcule, les gens s’en tapent complet.

Le match contre l’Italie va te permettre d’affronter Gianluigi Buffon, ton ancien coéquipier à la Juve…J’en conserve de très bon souvenirs, mais j’étais vraiment jeune et puis c’était une Juve en crise, la dernière avant la renaissance de Conte. J’avais dix-neuf ans, je m’entraînais avec les pros, j’ai énormément appris, j’avais même de bons rapports avec les sénateurs, mais on s’est perdus de vue avec le temps. Avoir fait mes débuts pros avec le maillot bianconero, qui plus est en Ligue Europa, reste une fierté.

Historiquement, la Squadra Azzurra galère énormément contre les petites nations. Vous y croyez ? C’est vrai qu’ils ont du mal, on a vu contre la Macédoine (victoire 3-2 à la dernière minute, ndlr). Tout peut arriver, mais s’ils se sentent bien et ont envie d’envoyer un signal important, il n’y aura rien à faire. Nous, on doit penser positif, mais ce sera plus de l’amusement.

Via le compte Instagram de ton coéquipier José Mauri, tu as lancé un appel pour trouver une nana. T’es bien le premier footballeur à devoir faire ça…(Rires) On a fait ça pour plaisanter, on était sortis manger, il y avait des nanas, mais aucune ne me plaisait. Si l’appel a fonctionné ? Si je veux, il fonctionne oui, mais il ne vaut mieux pas !

Dans cet article :
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