Garbajosa et le sport ibère
Jorge Garbajosa est basketteur, il joue pour les Raptors de Toronto. Champion du monde 2006 avec l’Espagne, il explique pourquoi dans chaque compétition et dans chaque discipline, le sport espagnol devient de plus en plus incontournable. Entretien réalisé deux jours avant la finale de l’Euro…
On a souvent mis en avant le régionalisme pour expliquer le manque de résultats de l’équipe de foot, est-ce que c’était très différent en basket ou handball (les Espagnols champions du monde en 2005) ? Moi je crois surtout qu’il ne faut jamais mélanger la politique avec le sport. C’est ce qui s’est passé dans notre équipe où par exemple on a beaucoup de Catalans comme Pau et Marc Gasol ou Juan Carlos Navarro, mais à partir du moment où chacun se respecte, où est le problème ? Dans la sélection de football, on trouve aussi des Catalans, Cesc, Puyol, Sergio Garcia ou Xavi qui disait d’ailleurs hier quelque chose de très juste : à partir du moment où on mêle la politique au sport, c’est le début de la fin. C’est très sensé.
Quels points communs entre la réussite de l’équipe de basket et celle de foot ? Il y a un qui est en tout cas évident : c’est une bande de potes, comme nous, quand vous avez ça, vous avez déjà beaucoup pour ne pas dire tout. Des types jeunes, comme nous l’étions, sans peur de gagner et avec une envie de victoire énorme. Je sens aussi beaucoup de solidarité entre les joueurs, quelque chose qui fait partie intégrante de notre équipe de Basket.
Y a-t-il une culture espagnole des sports collectifs (sens de la passe) ? Oui si l’on en croit les résultats des dernières années. Les handballeurs ont ouvert la brèche, on s’est engouffrés dans la foulée en étant champions du monde à Tokyo et là c’est le foot qui est en train de rentrer dans l’histoire. J’ai la sensation que les J0 de Barcelone 92 ont décomplexé le sport espagnol, c’est à ce moment qu’on s’est dit qu’on pouvait nous aussi remporter de grandes victoires.
A propos de gazon, qu’est-ce qui ferait plus causer, la victoire de Nadal à Wimbledon ou celle de la Roja à l’Euro ? C’est évident que chez nous, le foot éclipse tout le reste. Autant dire que s’ils l’emportent dimanche, ça risque d’être complètement dingue. Ce qui n’enlève rien au fait que Nadal est un immense champion, il illustre parfaitement cette hargne qui nous anime nous, les sportifs espagnols modernes, cette envie de tout donner, de tout gagner, c’est Alonso avec une voiture ou Sergio Ramos avec un ballon.
Par Alexandre Gonzalez, à Vienne