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Bendtner à vif
Une teigne, un petit con, un charlot devant les buts : Nicklas Bendtner est sans doute l'un des joueurs les plus raillés et détestés de la planète. Son vrai souci : il ne marque pas assez pour mettre en sourdine les critiques, comme d'autres buteurs arrogants plus habiles. Un cas désespéré ?
Samedi, Nicklas Bendtner a donné du grain à moudre à ses (nombreux) détracteurs. Face à Burnley, le jeune Danois, 22 ans, a réuni Ibrahima Bakayoko, Dagui Bakari et Wagneau Eloi, dans une grandiose ode à l’inefficacité. Tout y passa et Bendtner lui-même n’a pas compris quand Wenger, au moment où il cédait sa place, le félicita. Lui devait se dire qu’il livrait encore des pièces à charge à l’accusation dans son procès pour escroquerie.
Dans l’effectif de gnomes altruistes d’Arsenal, la tête du grand Nicklas Bendtner dépasse un peu trop et cela ne plaît pas à tout le monde, pas à grand monde surtout. Arrivé de Copenhague en 2004, à 16 ans, le Danois a réellement intégré l’effectif de l’équipe première trois ans plus tard. Un apport en taille et en mauvais esprit, a priori intéressant, chez des Gunners confrontés depuis cinq années sans titre, aux limites de leur jeu à terre bien trop policé. Le mètre 94 de Bendtner apparaissait comme un recours, voire une solution, d’autant plus avec le départ d’Adebayor, son meilleur ennemi.
Bendtner, tête de lard
Véritable teigne, le Danois s’est trouvé au cœur d’une immense polémique après avoir failli en venir aux mains avec le Togolais. En cause : un majeur dressé face à Adebayor en plein match de Coupe de la Ligue entre Arsenal et Tottenham. Plus profondément, le mal aurait pris racine dans une banale entorse au règlement intérieur. Une histoire de chaussures dans le vestiaire, interdites, mais que Bendtner portait. Une variante de la place d’Henry dans le car de l’Equipe de France. C’est en tout cas la version d’Adebayor, pas un saint non plus le Manu.
Sa sale réputation, Bendtner l’a gâtée en apparaissant affalé dans un taxi, pantalon sur les chevilles et caleçon apparent, manifestement totalement torché à la sortie d’une boîte. Un tache de plus dans l’univers propret des Gunners, que ses stats maigrelettes ne peuvent effacer. 27 buts en 109 apparitions, et 3 en 16 matches cette saison, un ratio insuffisant dans un club qui se cherche un vrai buteur (le meilleur réalisateur gunner se nomme Fabregas …). Mais Wenger, malgré l’approche d’un Marouane Chamakh au profil bien plus compatible avec les lisses canons londoniens, s’accroche à son Danois.
Un buteur capricieux
« Quand il est prêt et concentré, il est une menace pour n’importe quelle défense au monde. Il l’a montré en seconde partie de saison. Les gens oublient à quel point il est jeune » avait déclaré l’Alsacien en fin de saison dernière. Après sa performance tragi-comique de samedi, Wenger a une nouvelle fois insisté : « Je crois qu’il est de mieux en mieux dans son jeu et dans sa contribution pour l’équipe. Il a manqué quelques grosses occasions samedi mais c’est nécessaire pour n’importe quel jeune attaquant à un moment de sa carrière » .
C’est qu’en réalité, le meilleur joueur danois actuel, de retour d’une absence de trois mois, s’est mué en parfait Gunner : à l’aise dans le jeu court et en mouvement, mais maladroit dans la zone de vérité. Car si Bendtner a autant vendangé samedi, c’est aussi qu’il est facilement trouvé par ses coéquipiers, ce qui plaît à son entraîneur. S’il vendange, c’est également que ses partenaires le trouvent à terre plutôt que dans les airs, là où il se montre le plus à l’aise. Pas un hasard s’il fait grimper son ratio but/titularisation dans le jeu direct de la sélection danoise (8 buts en 22 capes), avec laquelle il s’est brillamment qualifié pour la Coupe du Monde. Ce soir face à Porto, la teigne a l’occasion de montrer qu’elle peut se muer en bon élève ou de faire rire toute l’Europe…
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