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Bellone : «L’Espagne a tout pour l’emporter»
Bruno Bellone vit paisiblement dans la banlieue de Cannes où il dirige une section de football sport-études. Pourtant, l'ancien Monégasque n'a pas oublié le football européen. S'il a arrêté sa carrière à 28 piges, il affiche néanmoins un palmarès éloquent : champion de France avec l'ASM, champion d'Europe avec les Bleus (il marque le dernier but en finale contre l'Espagne) et deux demi-finales de Mondial au CV. Le gaucher sait de quoi il parle quand on vient le titiller sur le prochain Euro.
La France : demi-finale
« J’ai connu Laurent Blanc à Montpellier. Il était jeune mais il avait déjà quelque chose en plus. Je trouve qu’il a su réglementer son groupe France. L’équipe est à son image : calme, posée, raisonnée. Je suis ravi pour Evra et Ribéry. Tout le monde a droit à une seconde chance. Si le groupe continue de se structurer, si Laurent continue sur ses choix, notamment sur la charnière défensive et sur Benzema en pointe, ça peut donner quelque chose. Si l’équipe arrive soudée et sans complexes, je les vois bien dans le dernier carré. On a toujours coutume de dire qu’un championnat d’Europe est plus difficile qu’un Mondial. Je suis assez d’accord. Il faut être performants de suite. Le premier match est primordial. Il faut marquer son territoire et annoncer la couleur. Je ne les vois pas gagner, quoique, mais ils peuvent faire dans le Top 4 » .
Allemagne : demi-finale
« Ils ont toujours eu cette culture de la gagne. Je sais de quoi je parle car en 1982, à 3-1 pour nous en prolongation à Séville, je nous vois déjà en finale. Pour moi, c’était plié. Et ils arrivent toujours à revenir dans le match et à l’emporter. Ils restent sur une belle Coupe du Monde avec une nouvelle génération de joueurs formidables comme Müller. Ça manque un poil d’expérience peut-être. Mais comme la France, ils peuvent créer la surprise si les cadres sont là. Je les vois bien dans le dernier carré, voire en finale s’ils ne tirent pas l’Espagne en demie comme en Afrique du Sud » .
Italie : quart-de-finale, et encore.
« C’est difficile. Leur football est en crise je trouve. Il n’y a que l’Inter qui brille sur la scène européenne, et encore, l’effectif ne compte pas tellement d’Italiens. Ils sont en fin de cycle, la relève se fait attendre même si avec Prandelli, il y a un léger mieux. Notamment dans le jeu. Mais l’avantage des Italiens, c’est cette faculté de se relever quand personne ne croit en eux. Comme en 1982, comme en 2006. Mais bon, l’Euro est une compétition que l’Italie n’affectionne pas trop. Ils sont souvent noirs dedans. Même en étant costauds, ça fera un quart de finale. Pas plus. Ils seront plutôt prêts pour le Mondial 2014. En un an, ça semble difficile d’avoir un effectif compétitif en ayant laissé sur le côté toute une génération en fin de carrière comme Gattuso, Totti, Nesta, Zambrotta etc. »
Espagne : vainqueur
« C’est le favori. Le jeu est fluide, technique, efficace. Et puis, ils sont en pleine confiance. Ils restent sur un Euro et un Mondial gagnés. Ils peuvent conserver leur titre surtout que l’équipe n’a pas bougé en trois ans. Ils ont longtemps été des outsiders. On avait l’impression que les Catalans et les Andalous se marchaient dessus. Un peu comme les Parisiens et les Marseillais en Bleus en 1992. Mais l’osmose est arrivée. Ils ne jouent jamais petit bras. C’est du football simple : contrôle-passe. Ça prend les espaces, les latéraux participent au jeu, le pressing est conséquent. C’est la culture tactique du Barça et l’efficacité du Real. C’est fort. Très fort. Ils ne doutent plus et pour moi, ils sont favoris et peuvent conserver leur titre » .
Angleterre : éliminé au premier tour ou vainqueur
« Ça peut être l’outsider de la compétition. Surtout avec Capello. Le championnat est compétitif, les clubs sont bien placés en Ligue des Champions, donc forcément, les joueurs amassent de l’expérience. Ils ont cette culture de ne rien lâcher. Si l’équipe n’a aucun blessé, ils peuvent faire quelque chose. Mais il faut que Rooney soit au top. Avec un grand attaquant comme lui, en forme, ça peut gagner. Par contre, s’ils sont à la rue, ils ne passeront pas le premier tour » .
Pays-Bas : finale
« Ils m’ont surpris en Afrique du Sud. Même si on est loin du football total des années 70. Après ça reste des chats noirs. Les Poulidor du football, c’est eux. Trois finales de Mondial, trois défaites. Psychologiquement, c’est lourd. L’Euro 1988 remporté n’a pas servi de déclic. Mais bon, c’était une génération exceptionnelle : Gullit, Van Basten, Rijkaard, Koeman etc. Ils ont du mal à gérer le stress des grands rendez-vous. Par contre, ils ont de sacrés joueurs. Quand on peut aligner Sneijder, Robben et Van der Vaart, ça démontre le potentiel. S’ils retrouvent une vraie solidité défensive, ils peuvent se hisser en finale. Mais je vois bien l’Espagne les battre encore » .
Des surprises ?
« Sur un Euro, c’est dur de surprendre. La Grèce l’a fait une fois. C’est fini. Le Portugal ? Je n’y crois pas une seconde. La génération Figo a laissé passer sa chance. Cristiano Ronaldo est trop isolé pour mener les siens au bout. La Pologne et l’Ukraine seront à domicile, mais bon… la ferveur d’un peuple peut aider, mais de là à gagner. C’est trop faible par rapport aux cadors européens » .
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