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Zamparini, l’homme à qui personne ne dit non

Par Eric Maggiori
Zamparini, l’homme à qui personne ne dit non

Cette saison, Maurizio Zamparini, le président de Palerme, a battu un record : il a déjà viré quatre entraîneurs, dont deux fois le pauvre Gasperini. Mais la vraie question qui se pose, c’est : pourquoi les entraîneurs ne l’envoient pas chier une bonne fois pour toutes ?

Giuseppe Sannino : trois matches. Gianpiero Gasperini : 21 matches. Alberto Malesani : trois matches. Giampiero Gasperini : deux matches. Giuseppe Sannino : Dieu seul (Zamparini seul) le sait. Oui, cette saison, le président de Palerme est définitivement parti sur une autre planète. Un licenciement, on s’y était habitué. Deux, rien de très surprenant non plus. Mais quatre, là, on tombe carrément dans la science-fiction. Le patron sicilien est en train de voir son club sombrer et s’enfoncer lentement mais sûrement vers la Serie B. Comme il ne sait plus quoi faire pour éviter l’inéluctable, il fait ce qui lui semble le mieux : virer les coaches (et les directeurs sportifs) et les faire passer pour les principaux responsables. Sauf que les supporters ne sont plus dupes. Ils ont bien compris que le problème venait « d’au-dessus ». Zamparini, pour faire dans la métaphore zlatanesque, est « au volant d’une Ferrari qu’il conduit comme une Fiat » . Ou plutôt, pour être plus juste, à bord d’une Fiat qu’il conduit comme un tracteur agricole. Mais le vrai problème, dans tout ça, ce n’est pas tant Zamparini. On a bien compris que le bonhomme était fou. La question, c’est : comment des entraîneurs bien souvent chevronnés et réputés acceptent-ils de revenir après avoir été virés ? Pourquoi personne n’ose tout simplement envoyer chier le Zamp ? Un bon vieux « ma vaff… » , et tout serait réglé.

Manque de dignité

Depuis qu’il est entré dans le circuit du football transalpin, en 1987, avec le rachat du club de Venise, Zamparini est devenu un habitué du : « Je te vire, puis je te rappelle ». La chose est arrivée avec Alberto Zaccheroni (viré en 1991, rappelé en 1992), Luciano Spalletti (viré en 1999, rappelé en 2000), Francesco Guidolin (viré en 2005, rappelé en 2006, en 2007 et en 2008), Stefano Colantuono (viré en 2007, rappelé en 2008), Delio Rossi (viré en 2011, rappelé la même année), Giuseppe Sannino (viré en 2012, rappelé en 2013) et Gianpiero Gasperini (viré deux fois en 2013). Des grands entraîneurs qui sont, pour la plupart, aujourd’hui assis sur des bancs de Serie A, et qui ne sont pas nés de la dernière pluie. On peut donc se demander où ces techniciens réputés ont mis leur dignité lorsque Zamparini a pris son téléphone et, quelques mois après les avoir dégagés avec un coup de pied au cul, leur a demandé de revenir. Car en réalité, le fond du problème est bien là. Comment ne pas souligner le manque de dignité de ces entraîneurs qui se font littéralement humilier en public.

En prenant une métaphore amoureuse, on pourrait presque rapporter ça à un homme qui trompe sa femme en public (ou l’inverse), puis qui lui demande de revenir quelques mois plus tard. Si dans cette situation-là, c’est bien souvent l’amour aveugle qui parle, dans le cas de Zamparini et de ses entraîneurs, c’est plutôt le gros salaire qui prime. « Beaucoup d’entraîneurs savent qu’accepter l’offre de Zamparini représente un gros risque, mais ils sont attirés par le contrat, souvent de deux ans, nous explique Franco Cammarasana, journaliste à la Gazzetta dello Sport en Sicile. Si cela se passe mal, ils ont un salaire assuré pendant deux ans, et peuvent donc attendre tranquillement une autre opportunité. Par contre, s’ils sont rappelés par Zamparini, ils sont obligés de revenir entraîner le club rosanero » .

Giuseppe Sannino, par exemple, a reçu en début de saison un contrat de deux ans, de 900 000 euros net par saison. Lundi, quand le président sicilien l’a rappelé pour lui proposer à nouveau le banc de Palerme, il n’a donc pas hésité. Rester digne avec zéro euro (on ne compte pas les indemnités de licenciement, hein), ou s’asseoir sur cette dignité pour 900 000 euros. Sannino a fait son choix. Le même que tous les autres avant lui, hormis Marco Giampaolo. « Lorsqu’il a été rappelé par Zamparini, Giampaolo a refusé, en affirmant : « Même en étant conscient des conséquences économiques qui en découleront, je renonce à revenir vers celui qui m’a chassé. L’orgueil et la dignité n’ont pas de prix » . Au XIVe siècle, le philosophe florentin Francesco Guicciardini avait écrit : « Il vaut mieux désirer l’honneur et la réputation que la richesse » . Qu’écrirait-il aujourd’hui ?

Le meilleur président du monde

Maurizio Zamparini sait également jouer sur le fait que Palerme demeure un très bon endroit pour se faire connaître, notamment pour les entraîneurs en quête de gloire. Réussir à faire de bonnes choses à Palerme peut représenter un tremplin vers d’autres clubs. Voilà peut-être pourquoi le président est devenu spécialiste dans le maniement de phrases-choc : pour garder ses anciens entraîneurs dans la poche. L’an dernier, il avait viré Stefano Pioli avant même que le championnat ne débute. Quelques mois plus tard, le coach s’épanouissait (et s’épanouit toujours) avec Bologne. Zamparini y n’y était alors pas allé par quatre chemins : « Pioli ? Je m’en mange le deuxième testicule de l’avoir laissé partir. Le premier, je l’ai déjà mangé » . Classe. Idem pour Luigi Del Neri. « Le virer a été une énorme erreur de ma part » avait assuré Zamparini, affirmation à laquelle le moustachu avait rétorqué que Zamparini était « un président particulier, qui pense qu’il faut tout changer quand on ne gagne pas un match » .

Toutefois, malgré ces rancœurs, il existe envers Zamparini une sorte de respect de la part de tous pour ce qu’il a accompli à Palerme. « Il ne faut pas oublier que Zamparini a injecté beaucoup d’argent dans le club et que Palerme aurait probablement fait faillite sans lui, explique Franco Cammarasana. Du coup, c’est un peu sa caution. Même s’il est imprévisible, il a toujours tenu ses engagements et a toujours payé pour ses erreurs » . C’est aussi pour cela que Sannino, pour son retour à Palerme, a défendu celui qui l’avait viré six mois auparavant. « Le président se sent responsable en première personne de tout ce qui arrive à l’équipe. Mais je crois que nous devons tous le remercier, et moi le premier, pour cette grande chance qu’il m’a donné » a-t-il affirmé. Et tant pis s’il n’en pense pas un mot. Par les temps qui courent, avec de nombreux entraîneurs italiens qui se cherchent désespérément un club (Cosmi, Arrigoni, De Canio, Reja, Zeman, Del Neri…), tout est bon à prendre pour ne pas rester sur le carreau. Et puis, après tout, comme l’avait dit Francesco Guidolin lors de son quatrième (!) retour à Palerme : « Zamparini est le meilleur président du monde… du mardi au dimanche matin » .

Par Eric Maggiori

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