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Wu Lei vous coucher avec moi, Espanyol ?

Par Douglas De Graaf
5 minutes
Wu Lei vous coucher avec moi, Espanyol ?

C'est sans doute l'un des transferts les plus osés et séduisants du mercato hivernal : la star du football chinois Wu Lei, 27 ans, s'est engagé il y a deux semaines avec l'Espanyol Barcelone. Meilleur buteur de son championnat domestique en 2018, le « Maradona chinois » débarque enfin en Europe. Prêt à tout casser, mais avec pas mal d'incertitudes autour de lui.

350. Ce nombre, c’est celui de Chinois qui ont suivi la présentation officielle de Wu Lei à l’Espanyol Barcelone. En millions, bien sûr. 350, c’est aussi presque autant que le nombre de matchs (344) que l’attaquant a disputés avec son désormais ex-club de toujours, le Shanghai SIPG. 350, est-ce enfin le nombre de minutes que le « Maradona chinois » jouera avec les Pericos ? Tel est en tout cas ce que les sceptiques se plaisent à croire. Wu Lei, 27 ans, n’est en effet pas le premier Chinois à tenter la traversée en Europe. Et pour beaucoup avant lui, elle fut périlleuse, la terre promise attendue s’étant même transformée en purgatoire. Des exemples ? En Allemagne, Zhang Xizhe n’est resté que six mois à Wolfsburg en 2015 avec zéro match officiel au compteur. Six mois, c’est également la durée du prêt infructueux de Zhang Chengdong au Rayo Vallecano (neuf petites minutes en Liga) la même année. Les deux hommes sont depuis rentrés au pays. Zhang Yuning, le moins malheureux de la troupe, vivote aujourd’hui en prêt à l’ADO La Haye après avoir été soufflé sept millions d’euros par West Brom’ en 2017.

Quand on ne renvoie pas Wu Lei aux échecs de ses prédécesseurs, c’est le joueur lui-même qu’on attaque. Flou autour de son transfert (on parle d’une indemnité de deux millions d’euros seulement et d’un contrat de deux ans), recrutement réduit à son aspect marketing plutôt que sportif, physique fragile (sa blessure à l’épaule subie lors du premier match de Coupe d’Asie pourrait l’éloigner trois mois des terrains en cas d’opération), tendance des adversaires à se concentrer sur ses ex-coéquipiers Hulk et Oscar qui auraient fait gonfler ses stats en Super League… Wu Lei est prévenu : son arrivée en Espagne suscite autant d’espoirs qu’elle cristallise d’inquiétudes.

Pro à quatorze ans

Pas un problème pour lui. « Cette réaction est compréhensible quand vous ne connaissez pas un joueur. C’est logique, car peu de joueurs chinois ont montré quelque chose en Europe, déclarait-il lors de sa présentation officielle à la presse. La pression est mon moteur, c’est ce qui me pousse. Je veux démontrer aux supporters du monde entier qu’en Chine, il y a des joueurs capables de briller dans les meilleurs championnats du monde. »

S’il y a bien un bonhomme capable de montrer la voie, c’est effectivement lui. Plus jeune joueur à avoir débuté en pro en Chine à l’âge de quatorze ans, meilleur buteur chinois du championnat lors des six dernières saisons, meilleur buteur tout court en 2018 avec 27 buts en 29 matchs – devant Cédric Bakambu, Hulk ou Graziano Pellè, Wu Lei est une véritable idole en Chine. Il représente même LA star de l’Empire du milieu. Celui sur lequel le président Xi Jinping fait reposer ses rêves de voir La Grande Muraille se pointer parmi les meilleures nations mondiales.

Avec 102 pions et 57 passes décisives en 172 rencontres de Super League, l’ailier gauche ou avant-centre a de quoi s’épanouir à l’Espanyol. La Liga n’a ni la discipline tactique de la Serie A ni l’intensité physique de la Premier League, et devrait favoriser son jeu tout en vitesse et en qualité technique. En rejoignant un club présidé par son compatriote Chen Yansheng et qui finit régulièrement dans le ventre mou du championnat espagnol, Wu se garantit du temps : de jeu et d’adaptation.

Quarante millions de téléspectateurs pour douze minutes

Un temps que l’attaquant a su prendre, aussi, avant de faire le grand saut. Le gamin de Nanjing a admis lui-même avoir longtemps refusé les offres d’une foultitude de clubs européens, avant de rallier l’Espanyol. En 2013 déjà, c’est Ole Gunnar Solskjær, alors entraîneur de Molde (D1 norvégienne), qui tombe sous le charme du joueur âgé de 21 ans lors d’un tournoi amical en Espagne comme il le reconnaît face à la presse : « S’il signe à Molde, je pense qu’il peut progresser pour jouer dans une équipe de Premier League anglaise rapidement. » Mais Wu ne bouge pas une oreille, et repousse chaque année cette Europe qui lui tend les bras… jusqu’à il y a quelques semaines. À 27 ans, Wu est aujourd’hui mature dans son jeu et en tant qu’homme, et a senti que son heure était venue.

Reste à savoir si le bougre, loin de son cocon, sera capable de supporter la pression qui pèse sur son épaule blessée. En filant à l’Espanyol, Wu Lei sort de sa zone de confort et devient le porte-drapeau à l’international d’un club qu’il connaît à peine. Depuis sa signature, le club de Barcelone a gagné 20 000 followers, vendu 2000 maillots floqués à son nom en deux jours et équipé son site officiel d’une version en mandarin. Dimanche dernier, à l’occasion de sa première en championnat, ce sont quarante millions de téléspectateurs chinois qui étaient agglutinés devant leur télé pour suivre les douze minutes de jeu de leur idole contre Villarreal (2-2). Wu Lei est en mission à Barcelone et l’ampleur de la tâche le dépasse sans doute un peu, mais le néo-Perico n’a pour l’instant qu’un seul objectif en tête : apprendre la langue de Cervantès. Ce serait déjà une belle victoire.

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Par Douglas De Graaf

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