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Williams, la fierté galloise

Par Romain Duchâteau
Williams, la fierté galloise

Au pays de Galles, il y a eu la légende Ryan Giggs. Désormais, ses héritiers se nomment Gareth Bale et Aaron Ramsey. Moins médiatisé, moins spectaculaire, Ashley Williams est pourtant le capitaine d’une sélection qui a décroché une qualification historique pour l’Euro 2016. Une récompense aussi personnelle pour le défenseur de Swansea que rien ne prédestinait à briller aussi haut.

Ce n’est pas seulement un privilège ni même une fierté incommensurable. À chaque fois qu’Ashley Williams revêt le maillot de sélection du pays de Galles, c’est avec la conviction de ceux qui n’ont d’autre choix que de prouver. Encore et toujours. Parce que le défenseur de 31 ans n’est pas né sous la bannière du dragon rouge, mais sous celle de Sa Majesté, à Tamworth. Un destin qu’il n’a pas choisi et qui lui a valu, bien malgré lui, des railleries. Comme cette fois où, au cours de la saison 2013/2013, à l’occasion d’un derby gallois bouillant entre son club Swansea et Cardiff City, il entend descendre des travées : « Ashley Williams, il n’est même pas gallois ! » Des réactions virulentes que le principal intéressé a fini par ignorer, sachant lui-même le sentiment éprouvé au moment de représenter sa patrie.

« Pour être honnête, ces comportements m’ont fait rire, confiait-il, avec du recul, en mars dernier. Je ne suis pas né ici(au pays de Galles, ndlr), j’ai grandi en regardant l’équipe d’Angleterre au foot et au rugby. J’ai du sang gallois, mais je ne suis pas assez stupide pour aller dire autour de moi : « Je suis gallois, je suis né à cette date et à cet endroit. » Mais je sais ce que je ressens. Ça fait sept ans que je vis ici et j’ai mes racines ici. Mes enfants sont gallois, ils vont à l’école ici, ma famille et notre maison sont là et on va probablement rester lorsque je prendrai ma retraite. Je sais que les gens ont leur opinion à ce sujet, mais j’espère qu’ils peuvent voir que je donne tout pour mon pays. J’ai déjà joué en étant blessé, j’ai appris l’hymne avant même de rejoindre la sélection et je me suis renseigné sur les précédentes équipes. Je me suis plongé dans tout ça. Il y a une responsabilité de porter ce maillot, j’en ai bien conscience. » Depuis sa première sélection en mars 2008, du temps est passé. Ashley Williams compte 55 capes et est devenu capitaine du pays de Galles. Surtout, il s’est érigé en tant que porte-étendard d’une nation qui a créé l’exploit de se qualifier pour l’Euro 2016, soit la première participation à une phase finale depuis le Mondial 1958. Une consécration nationale qui a lui a permis d’être adoubé par tous.

Non retenu par West Bromwich et petits jobs

Avant de faire la fierté de tout un pays et de s’établir aujourd’hui comme l’un des défenseurs les plus fiables de Premier League, l’itinéraire s’est révélé pour le moins tortueux. Car Ashley Williams n’a pas eu la chance d’être formé dans un club professionnel. Plus jeune, l’enfant des West Midlands a fréquenté West Bromwich, avant de se voir indiquer la porte à l’âge de seize ans. Un échec qui l’a contraint à retrouver refuge à Hednesford Town, club amateur évoluant en Northern Premier League Premier Division (7e division anglaise). Et alors qu’il foule les pelouses des bas-fonds du football britannique, le défenseur enchaîne en parallèle les petits jobs. Afin de subvenir à ses propres besoins, il devient ainsi successivement employé de station-service, serveur dans un restaurant steak-grill de la chaîne Beefeater, puis surveillant de montagnes russes dans le parc d’attractions Drayton Manor. Une double vie arrivée à son terme lors de sa venue à Stockport County, modeste formation de League Two (4e division anglaise), en 2003.

Williams n’affiche alors même pas vingt ans au compteur. Les premiers contours de sa future ascension résident pourtant dans cette expérience. Dans le Nord-Est du Royaume, le Gallois prend progressivement de l’envergure au point de se voir attribuer le capitanat, enchaîne les rencontres et parvient à se distinguer des autres. « On pouvait déjà voir que c’était un joueur avec du potentiel, c’est certain, assure Mickaël Wolski, son ancien coéquipier à Stockport durant une saison (2005-2006). Malgré son jeune âge, le manager en faisait l’un des cadres de sa défense. C’est un joueur qui était bon dans l’anticipation. En Angleterre, quand on ne fait pas 1m90 et qu’on réussit, c’est forcément qu’on propose autre chose que des combats et de l’impact dans les duels(Williams mesure 1m83, ndlr).En League Two et League One, tous les défenseurs sont de très grande taille, et le football pratiqué y est plus direct qu’en Premier League. L’année où je l’ai côtoyé, il a d’ailleurs été élu meilleur joueur du club. Ça prouve quand même qu’il avait déjà quelque chose… » Le bonhomme récidivera l’année suivante. Et après près de cinq ans, il quitte Stockport en mars 2008 pour rallier Swansea, d’abord en prêt. Chez les Swans, il participe activement à l’accession en Championship (2e division), une première depuis 24 ans, et rejoint définitivement son nouveau club dans la foulée contre un montant d’environ 560 000 euros.

Le presque bourreau de Van Persie

Depuis qu’il a posé ses bagages dans le Sud du pays de Galles, Ashley Williams est devenu un joueur emblématique qui compte. Et qui continue encore de marquer de son estampille l’histoire de Swansea. Sous le maillot des Cygnes, il a découvert la Championship avant de connaître l’apothéose avec la montée en Premier League, en 2011, et la League Cup glanée deux ans plus tard. Le premier trophée pour les Swans depuis plus d’un siècle. « Je n’aurais jamais pu imaginer cela. Mon premier objectif était d’essayer de m’imposer en Championship. Quand je suis venu, les gens se posaient des questions à mon sujet, et moi-même, je m’en posais, car j’avais quelques doutes, confiait-il longuement, en août 2014. En regardant la télévision, vous voyez des joueurs et vous vous dites: « Je peux le faire. »Mais tant que vous n’y êtes pas, vous ne pouvez pas savoir. C’est soit vous nagez, soit vous coulez. » En sept années passées sur les prés, plus de place au doute : le Gallois marche sur l’eau désormais. Par sa régularité et ses prestations solides, il a acquis une réputation flatteuse auprès des cadors du Royaume. « C’est une certitude, c’est l’un des meilleurs défenseurs du championnat, l’encensait son manager Garry Monk au micro de talkSPORT, en septembre. C’est une bonne personne et un grand leader pour son club et son pays. Lors des six ou sept dernières années, son nom a été associé à d’autres clubs, mais il reste fidèle à Swansea. > »

Au-delà des performances, c’est le tempérament parfois tempétueux du capitaine de Swansea qui a polarisé l’attention. En décembre 2012, lors de la réception de Manchester United au Liberty Stadium, Williams crée une vive polémique pour un dégagement à bout portant sur la tête de Robin van Persie. Un fait de jeu qui vaudra à Alex Ferguson cette sortie médiatique devenue désormais mémorable : « C’était absolument délibéré. Le coup de sifflet était parti et le jeu arrêté. Il a failli tuer le garçon. C’est un geste répréhensible et il devrait être suspendu pendant très, très longtemps. » « Ce qui est bien, c’est surtout que cela ressort en premier dans YouTube, avant le fameux but contre mon camp face à Derby County, s’est pour sa part amusé le joueur. C’était drôle parce que 50% des fans de United me détestaient, et 50% des fans d’Arsenal me disaient : « Signe pour nous, nous t’aimons. » » Le Néerlandais racé ne demeure pas une exception. À l’époque où Luis Suárez évoluait à Liverpool, l’Uruguayen s’était vu qualifier publiquement de « serial simulateur » par le Swan. C’est également lui qui avait balancé Eden Hazard quand celui-ci s’en était pris à un ramasseur de balle au cours d’une rencontre de League Cup, en janvier 2013.

« J’aime le fait d’avoir vécu dans un monde un peu réel »

S’il jouit aujourd’hui d’un crédit légitime outre-Manche, le Britannique n’en reste pas moins un homme attaché aux plaisirs simples. En dehors des pelouses, le bougre passe son temps auprès de sa famille ou à regarder du basket, son autre sport de prédilection. Williams ne se prend pas pour un autre, conscient du chemin parcouru depuis ses premiers pas balle au pied. « J’aime le fait d’avoir vécu dans un monde un peu réel. Je sais ce que ça signifie de travailler et de jouer dans les ligues inférieures, s’épanchait-il, il y a plus d’un an. Les jeunes gagnent aujourd’hui beaucoup d’argent et si j’en avais eu autant à dix-huit ans, ça aurait probablement été une catastrophe. Je pense que la plupart d’entre nous joue pour obtenir de l’argent, posséder de belles choses et prendre soin des gens qu’on aime. Alors quand vous avez tout cela, quelle est la prochaine étape ? Où est votre source d’inspiration ? Voilà où se trouve le vrai défi. » L’enfant de Tamworth a peut-être trouvé de quoi l’animer encore. En décembre 2010, il a lancé avec sa femme l’association caritative WillsWorld afin d’aider les enfants défavorisés. Une action sociale qui ne se limite pas à ça. L’international gallois détient également le titre de boss d’Ethan Perkins Trust, œuvre de bienfaisance dont la vocation est d’amasser des fonds pour la recherche, le soutien et la sensibilisation envers les enfants atteints de tumeur cérébrale. En attendant de peut-être s’y consacrer pleinement, Williams se projette sur la dernière échéance majeure de sa carrière, à savoir l’Euro 2016. Là où il espère encore une fois faire la fierté du peuple gallois. Son peuple.

Propos de Mickaël Wolski recueillis par RD, ceux d’Ashley Williams extraits de l’Independent et Walesonline.

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