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Wilfried Finke, bien plus qu’un Monsieur Meuble

Par Julien Duez
Wilfried Finke, bien plus qu’un Monsieur Meuble

Wilfried Finke est décédé à l’âge de 67 ans. Cumulant les postes de président d’un club de football et d’une entreprise de meubles, il avait fait vivre à Paderborn le chapitre le plus glorieux de son histoire : une saison en Bundesliga.

Le week-end dernier, le SC Paderborn recevait Greuther Fürth pour sa première à domicile depuis la reprise. La rencontre s’est terminée sur un score de tennis (6-0) et entretient le suspense dans la course à la montée, puisque les Schwarz und Blau ne sont plus qu’à trois points des barrages. C’était aussi la première à la Benteler Arena depuis l’annonce du décès du président historique Wilfried Finke, survenu le 15 janvier des suites d’une longue maladie. Les hommages de tous bords se sont alors rapidement multipliés pour saluer sa mémoire. Même le rival historique de l’Arminia Bielefeld a fait part de ses condoléances par voie de presse. C’est dire l’influence qu’avait l’homme dans sa région.

De Paderboring à Paderborn to be alive

Avant le football, le premier amour de Wilfried Finke, ce sont les meubles. En 1959, son père fonde une entreprise de mobilier, dans laquelle il entre en 1968. Visionnaire, Finke fait prospérer l’affaire en osant le pari de l’expansion en dehors du giron de Paderborn, une petite ville que beaucoup d’Allemands ont du mal à spontanément placer sur une carte, tant il s’y passe peu de choses. Footballistiquement, elle a bien fait les gros titres au début des années 2000, mais dans le cadre du scandale de corruption de l’arbitre Robert Hoyzer, lequel avait offert la victoire au club Westphalien face à Hambourg (4-2), alors que le Dino dominait largement les débats.

Cette réputation peu flatteuse, Finke n’en a cure. En ouvrant de nouvelles boutiques dans l’ex-RDA à la chute du mur de Berlin, il devient le plus célèbre ambassadeur de Paderborn et transforme ce qui était un simple business familial en une entreprise florissante qui, en 2018, pesait 380 millions d’euros de chiffre d’affaires et employait 1900 personnes à travers toute l’Allemagne. C’est donc logiquement qu’il accède au statut de notable de sa ville et se lance dans des activités de mécénat. Quand le club de foot local s’appelle encore TuS Paderborn-Neuhaus et galère en troisième division, il décide d’y injecter ses premières billes en 1997, en assainit les finances et le stabilise dans l’antichambre. En 2015, il estimait avoir investi pas moins de deux millions d’euros de fonds propres pour ce club qu’il renomme par la suite SC Paderborn 07. Parmi ses plus grands faits d’armes, on retient avant tout la construction d’un stade aux normes de l’élite, ainsi que d’un centre d’entraînement et de formation sorti de terre en 2016, l’année où il décide de se retirer de la fonction qu’il a occupée pendant vingt ans.

Mais surtout, le souvenir que laisse derrière lui Wilfried Finke, c’est d’avoir contribué à faire monter Paderborn en Bundesliga au terme de la saison 2013-2014. L’expérience n’aura duré qu’un an, mais quelle expérience ! Malgré une triste dernière place tombée comme un couperet lors de la dernière journée, les Bleu et Noir auront réussi l’exploit d’inscrire leur nom à la liste des équipes ayant terminé une journée de championnat en tête du classement.

Qui aime bien châtie bien

Si la mort de Wilfried Finke chagrine autant, c’est parce qu’avec lui disparaît une certaine vision romantique du football d’outre-Rhin. Une vision qui rime avec un projet à taille humaine, piloté par un président paternaliste sur les bords, mais avec la volonté profonde de ne faire que les bons choix pour son club. C’est ainsi qu’il offrit à des entraîneurs comme Roger Schmidt, Jos Luhukay ou André Breitenreiter leur première expérience sur le banc d’une équipe professionnelle. Ou qu’il permit à un ancien repris de justice nommé Süleyman Koç de vivre une poignée de matchs de Bundesliga après avoir été emprisonné pour des braquages de casinos.

Mais à l’inverse, Wilfried Finke n’hésitait pas à licencier un joueur après que celui-ci avait exhibé ses parties génitales devant une femme pendant un stage hivernal de l’équipe en Turquie. Ou de mettre à pied des tauliers du groupe et chouchous du public après que ceux-ci avaient enchaîné trop de mauvais matchs. Sa décision de nommer Stefan Effenberg entraîneur pour terminer la saison de Buli reste également un point noir de son mandat, une des rares fois où il fit confiance à une personnalité trop grosse pour coller avec l’ADN du club. Mais lorsqu’il sort de sa retraite en décembre 2016 pour stopper la chute de Paderborn, alors en danger de relégation en division amateur, il prouve une dernière fois à quel point il était l’âme de ce club. En janvier 2014, Paderborn entamait la deuxième moitié de saison à six points de la promotion dans l’élite. Une promotion acquise lors de la toute dernière journée de championnat et une victoire face au VfR Aalen (2-1). Preuve s’il en est qu’il reste aujourd’hui un mince espoir de miracle, même si désormais, il faudra faire sans celui qui, en vendant des tables et des commodes, a sorti Paderborn du placard de l’anonymat.

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Par Julien Duez

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