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Vers une égalité salariale entre joueurs et joueuses ?

Par Pierre Rondeau
Vers une égalité salariale entre joueurs et joueuses ?

La fédération brésilienne l’a annoncé, les joueuses et les joueurs de l’équipe nationale toucheront les mêmes primes et les mêmes indemnités journalières. Un pas important ou simple poudre aux yeux ?

C’est une démarche historique de la part de la Seleção. Après la Norvège, la Nouvelle-Zélande, l’Angleterre et l’Australie, la fédération sud-américaine rejoint le camp des égalitariens et vient d’imposer l’égalité de traitement entre les joueurs et les joueuses de l’équipe nationale. Oui : dorénavant, lorsque vous portez le maillot aux 5 étoiles, que vous soyez un homme ou une femme, vous touchez la même somme d’argent. Le football serait-il enfin en train de suivre la trajectoire du tennis, où tous les tournois du Grand Chelem ont acté l’égalité des primes sur les deux tableaux ? On n’y est pas encore.

En France, par exemple, le débat persiste. En 2018, lorsque les Bleus (sans e) ont remporté la Coupe du monde, ils sont repartis avec un chèque de 400 000 € chacun. Quant aux filles, arrivées en quarts de finale de leur Mondial, elles ont touché la « modeste » somme de 40 000 €. Autrement dit, dix fois moins. La fédération française, par l’intermédiaire de Noël Le Graët, justifiait cela par la logique économique. Dans la mesure où les droits TV, les recettes commerciales et les recettes billetterie étaient bien plus faibles, le prize-money de la FIFA s’en retrouvait, mécaniquement, amoindri.

Pragmatiques vs égalitariens

Les plus pragmatiques diront que c’est l’économie, tout simplement. Et qu’il suffit de regarder les audiences ou les fréquentations dans les stades pour comprendre l’écart. Aucune discrimination ni aucun sexisme : si les joueuses sont moins bien payées, c’est parce qu’elles rapportent moins. Même certaines d’entre elles, comme Gaëtane Thiney, le reconnaissent parfaitement et l’acceptent, sans broncher. Pendant que les droits TV, en France, d’une Coupe du monde masculine se négocient à plus de 100 millions d’euros, ceux des féminines se chiffrent à 10 millions d’euros. Idem côté audience, avec des pointes à 23 millions lors de la finale des Bleus contre moitié moins avec les joueuses.

Oui, mais voilà… Le camp d’en face, celui des égalitariens, voit les choses différemment. S’il y a une inégalité de traitement, l’économie n’est qu’une conséquence. La cause est tout autre, elle est historique. Pour comprendre ce point de vue, il faut revenir à l’histoire du football et à la scission qu’il y a eu au début du XX° siècle. Dans les années 1910, alors que le football commençait à s’imposer aux quatre coins du globe, la pratique était normalisée aussi bien chez les filles que chez les garçons. Tout le monde jouait sans complexe et tout le monde s’y intéressait. Selon certains historiens britanniques, des matchs féminins regroupaient mêmes jusqu’à 50 000 spectateurs dans les stades. La ferveur a d’ailleurs été accélérée lorsque les hommes sont partis à la guerre, entre 1914 et 1918, laissant aux femmes le rectangle vert et les ballons. Il n’y avait, à cette époque, aucune différence.

Intégrité physique et psychique

Seulement, tout a changé en 1920, lorsque la toute puissante FA, la fédération anglaise, sûrement tenue par les ancêtres des boomers d’aujourd’hui, a décrété que les filles n’avaient pas le droit de jouer au football. Il en allait de leur intégrité physique et psychique et de leur devenir de mère. Dans certains rapports, des experts affirmaient que « la pratique risquait d’entraver leur appareil génital et leur capacité à procréer ». Conséquence : tout le monde a suivi, et rapidement les Français, les Belges, les Allemands et les Italiens, avec plus ou moins de férocité, ont mis un frein au football féminin. Et cela a duré plus de 50 ans, jusque dans les années 1970, lorsque l’UEFA a officiellement reconnu la pratique féminine, sous la pression de nombreux comités.

Dit autrement, les femmes ont subi 50 ans de discrimination, 50 ans de blocus les empêchant de jouer, de se montrer, de s’imposer et de s’illustrer. Résultat, elles n’ont pas réussi à acquérir la popularité et la normalité qu’ont depuis toujours les hommes et s’en retrouvent à engendrer moins d’argent. Il faudrait donc corriger cela, la composante historique primant sur l’intérêt économique.

Avec l’égalité, des gagnants et des perdants

Mais, sans vouloir imposer telle ou telle vision, à quoi ressemblerait la logique égalitaire en équipe de France ? Que se passerait-il si l’on décidait l’égalité entre tous les internationaux A ? Prenons l’exemple des Coupes du monde. La FFF a redistribué 9,2 millions d’euros aux 23 joueurs champions du monde et 920 000 euros aux 23 joueuses, soit un pot commun de 10,12 millions d’euros. Réparti à part strictement égalitaire aux 46 internationaux, cela reviendrait à donner 220 000 euros à chacune et à chacun. Les hommes perdraient alors 45% de leur prime et les femmes gagneraient 450%. Autre perspective, toujours égalitariste, celle d’une égalité de traitement en fonction des résultats. Les primes restent les mêmes, mais dépendantes des performances.

Ici, raisonnons par match et supposons que les Bleus ont joué 7 matchs contre 5 chez les Bleues. À 36 000 euros la rencontre, les champions du monde masculins empocheraient 252 000 euros et les quart-de-finalistes féminines 180 000 euros. Encore une fois, moins 37% chez les uns et plus 350% chez les autres. Grosse différence avec ce qu’il se passe actuellement. Maintenant, au-delà de ces chiffres, de ces calculs et de ces raisonnements, il conviendrait de connaître l’avis des principaux intéressés. Tant que la FIFA ne se positionne pas officiellement, ce sont aux joueurs de prendre parti pour plus d’égalité, parce que l’histoire a été discriminante, ou plus de différence, parce que l’économie s’impose. Quant aux autres, tout n’est qu’affaire de débats et d’opinions.

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Par Pierre Rondeau

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