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Égalité salariale : la croisade des Américaines continue

Par Romain Lamigeon
Égalité salariale : la croisade des Américaines continue

Elles sont quadruples championnes du monde, traitées comme des rockstars dans tout le pays, Donald Trump se frite avec elles sur Twitter, et Marlène Schiappa les adore : les stars du ballon rond aux USA sont bien les joueuses de la Women National Team. Un an après la plainte déposée contre leur Fédération, dénonçant une politique salariale de discrimination des genres, les Américaines jouent toujours sur deux fronts : remporter sur le pré des compétitions, comme dernièrement la SheBelieves Cup et se battre en coulisse pour l'égalité entre les hommes et les femmes.

Le postulat est simple : alors qu’elle volent constamment la vedette à leurs homologues masculins sur le terrain, les joueuses de l’équipe nationale américaine (WNT) affirment être pourtant moins rémunérées que ces derniers (MNT). Niveau influence et jeu, avantage ladies. Il suffit pour en attester d’aller quérir le directeur général de Nike, Mark Parker, qui assurait que la tunique féminine « est désormais le numéro un des maillots de football, hommes ou femmes, jamais vendus sur Nike.com en une saison » . Cuir au bout du pied, c’est le même combat : alors que les hommes n’ont pas réussi à se qualifier en 2018, Alex Morgan et ses copines ont quant à elles raflé leur quatrième Coupe du monde l’année suivante, s’affirmant comme la meilleure formation du globe.

Côté chiffres, il faut déjà faire un premier distinguo : les deux partis possèdent des Collective-Bargaining Agreement (CBA) – convention de travail fixant les rémunérations – aux structures différentes. La WNT vient principalement se nourrir d’un salaire fixe, pouvant parfois s’agrémenter de bonus, alors que leurs homologues masculins n’empochent que des primes de titularisation. Et pourtant, d’après les calculs du Washington Post, si les deux équipes jouent fictivement 20 matchs amicaux, une joueuse ne touchera en moyenne que 89% de ce qu’un joueur encaissera. En 2019, le cash price total de la Coupe du monde féminine était de 30 millions. Soit huit millions de moins que ce que le vainqueur masculin encaissait un an plus tôt (38 millions sur un pactole de 400 millions). « Nous ne voulons pas d’une Fédération qui agissent comme la FIFA » , s’indigne l’USNSTPA, association des joueurs de l’équipe nationale, dans un communiqué publié le 12 mars, avant de trancher : « Selon nous, les femmes devraient au moins recevoir le triple de ce que l’on percevait en matière de compensations. »

La classe américaine

Ainsi une joueuse gagnerait moins qu’un joueur, pour des performances pourtant plus reconnues. Loin de l’avis des avocats de la Fédération américaine, qui déposent le mardi 10 mars leur défense dans le procès Alex Morgan et al. vs US Soccer Federation. Les objectifs du document sont limpides : prouver que jouer pour la WNT requiert moins de « responsabilité » et de « difficulté » qu’évoluer avec la MNT. Dans la déposition, on peut lire : « L’aptitude générale à jouer au football requise pour participer à des compétitions au niveau de l’équipe nationale masculine est matériellement influencée par le niveau de certaines caractéristiques physiques, telles que la vitesse et la force, requises pour le poste. » S’il y a bien un écart de rémunération, il se justifie selon eux par la distinction dans la tâche accomplie.

L’US Soccer pointe (subtilement) du doigt des « différences biologiques » et bâtit son plaidoyer sur une « indiscutable science » , pour expliquer la différence salariale. Enfin la MNT affronterait souvent des supporters bien plus hostiles lors de leurs matchs à domicile, ce qui justifie un « travail différent et plus exigeant » que les femmes. Ils empruntent même des propos extraits de la déposition de Carly Lloyd datant du 20 décembre. « Pensez-vous que l’équipe [féminine] puisse être compétitive face à l’équipe nationale masculine ? » , questionne un défendant, avant que l’attaquante ne réplique : « Je n’en suis pas sûre. Devons-nous nous battre pour voir qui gagne et ensuite être mieux payés ? » La question n’est clairement plus de savoir qui reçoit les plus gros chèques, mais de déterminer qui a les plus grosses.

Timing is key

Le président de l’USSF, Carlo Cardeiro, a comme un symbole choisi le 8 mars, Journée internationale de la femme, pour publier une lettre dans laquelle il affirme que son organisation avait proposé une structure de rémunération égale à celle de l’équipe masculine, que les femmes avaient rejetée. Bien tenté, mais l’offre « d’égalité salariale » se basait sur un contrat négocié il y a neuf ans par l’équipe masculine (le CBA 2011-2018 masculin). Evénement qui survient juste quand les Américaines s’apprêtaient à disputer contre l’Espagne leur second match de la SheBelieves Cup, une compétition de matchs amicaux sur invitation mettant en scène des filles en tant qu’ « héroïnes » . Fer de lance contestataire de la WNT, la capitaine Megan Rapinoe fulmine et déplore « ce timing choisi, juste avant un match qui n’est pas une simple rencontre » . Elle fustige vivement la décision du dirigeant en déclarant avec amertume : « Je suppose que c’est ainsi que l’on célèbre cette journée, et que l’on montre aux joueuses, aux futures joueuses, mais aussi aux filles que c’est ainsi que l’on fait les choses. »

Ulcérées par cette dernière lettre et par la ligne de défense de l’USSF, les joueuses se sont fendues jeudi d’un joli pied de nez à leur Fédération en entrant sur la pelouse maillot retourné, lors de leur dernière rencontre de SheBelieves Cup face aux Japonaises (3-1). La tunique masque ainsi délibérément le logo de l’USSF, comme un symbole. Le président aurait d’abord réagi au tollé médiatique survenu en présentant publiquement ses excuses pour les propos maladroitement tenus par la défense, avant de finalement abdiquer. Il explique ne pas être en accord avec les constats avancés, et « assume [sa] responsabilité » pour ne pas avoir pris connaissance du document avant qu’il soit diffusé. Ce tollé pendant le tournoi aura donc fait un beau remue-ménage à seulement deux petits mois du dénouement de ce long contentieux. Mais qui de l’US Soccer ou son équipe féminine, qui réclame quand même 66 millions de dollars d’arriérés pour discrimination, aura le dernier mot ? Réponse le 5 mai.

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