Valenciennes, la hype du Nord Pas-de-Calais
Installés à une 9ème place de Ligue 1 conforme à leur niveau de jeu, les Valenciennois portent actuellement l'étendard d'un football nordiste qui a du mal à se trouver un leader. Tandis que Lille bénéficiera de son nouveau stade une fois la L2 retrouvée, la réputation de Lens s'est réduite à considérer Toifilou Protège-Tibia comme un potentiel sauveur. Sans se préoccuper de leurs deux voisins, les hommes de Kombouaré avancent, sans faire rêver. Mais peut-on raisonnablement se moquer d'un club qui a hébergé Jorge Burruchaga, Roger Milla, Wilfried Gohel et le Yankee David Régis ?
Etat des lieux
Quelque part entre l’Europe et la zone de relégation, voilà où résident la plupart des clubs de L1. Parmi eux : Valenciennes. Le Valenciennes de l’affaire VA-OM.
Quinze ans après cette médiatisation empoisonnée, le club aux sept consonnes et cinq voyelles n’incarne plus seulement le jardin de Christophe Robert.
Depuis trois ans, le club présidé par l’homme de droite Francis Decourrière surfe sur la vague de la réussite. La chance du débutant ne semble décidément pas avoir envie de s’arrêter. Succédant avec joie aux premiers coups de pinceau esquissés par Daniel Leclerc, le jeune Antoine Kombouaré impose sa griffe d’entraîneur-psychologue.
Champion de National (2005) sous la houlette de celui qui fait aujourd’hui les beaux jours de Gervais Martel et les nuits blanches de JPP à Lens, VA a embauché l’ancien Parisien l’année suivante, lui laissant sifflet, tableau noir et carte blanche. Bilan : le ch’ti promu termine à la première place de Ligue 2 (2006) et gagne match après match le respect de ses adversaires. Dès lors, un éboueur lambda devient Steve Savidan. L’homme providentiel se mue en Savigoal.
Ligue 1, à l’ancienne
Le 4-4-2 “parc d’attraction” annoncé par So Foot (numéro 47) n’était pas une blague. Incisifs à Nungesser (3èmes avec neuf victoires en 13 matchs), les Valenciennois paient le prix de leur insolence à chacun de leurs déplacements (défaits…même par Metz ! CQFD).
Valenciennes représente en fait l’équipe française moyenne par excellence : à portée de fusil des équipes qui se battent pour le maintien, mais pas très loin de l’Intertoto. Pour être précis, noyé dans le ventre mou de ce bedonnant championnat, VA se situe un peu plus près de l’estomac (Le Mans, 4ème) que du pubis (Sochaux, 19ème). Emmenés par leur buteur gymnaste, les ouvriers nordistes se répartissent les tâches :
Derrière, Abde(j’voudrais faire un)slam Ouaddou donne de la voix et part défendre Babacar Gueye dans les tribunes de Saint-Symphorien quand le besoin s’en fait ressentir.
Sur le flanc droit, Rudy Mater et Jean-Louis Borloo mettent à leur tour la main à la pâte.
Le milieu de terrain participe également à la fête. Ainsi, Geoffrey Doumeng confirme que l’injustice de la Nature n’est pas un obstacle pour le haut-niveau, et calque ses foulées sur celles de ses prestigieux confrères de petite taille : Titi Deroin, Valbuena, Dernis…
Concernant le secteur offensif, chacun fait son job : Audel marque en août, Pujol joue exclusivement avec son front, et Savidan fait le reste (offrant notamment au traditionnel pointard une autre dimension…).
Ni géniaux ni ridicules, les Hennuyers peuvent compter sur un coach capable de faire le spectacle. Bouillant sur son banc de touche, Kombouaré a souvent le verbe lourd, comme en témoigne sa facilité à souiller les hommes en noir et entraîneurs qui ont le malheur de lui tenir tête. En 2007, le Calédonien avait pris trois matches fermes pour « comportement agressif » et « propos injurieux » lors d’une altercation avec Fred Antonetti. Depuis, ses ébats avec Hervé Piccirillo ou plus récemment avec Tony Chapron ont confirmé que le coaching sans passion n’existait pas dans le Nord de la France.
Néanmoins, l’homme aux sourcils froncés sait aussi se remettre en question. Dernièrement, l’accumulation des blessures au sein de son effectif l’a par exemple invité à s’interroger sur sa gestion du corps de ses hommes : « Dans ces cas-là, on se remet en question. Est-ce qu’on en demande trop aux garçons ? Est-ce qu’ils sont capables d’encaisser mes séances ? » .
En tirant un peu au hasard, Tonio espère un jour régler la mire afin de permettre à Valenciennes de devenir définitivement autre chose qu’une équipe de basket féminine.
N’empêche, depuis le début de la saison, Lensois et Lillois galèrent pour dépasser au classement un club qui restera à jamais associé à Jacques l’homme de glass’…
PS : A moins de deux kilomètres du Stade Nungesser, au 43 rue du Quesnoy, Steve Savidan a ouvert un restaurant, le « K9 » . K pour sa femme Karine, 9 pour son numéro.
Matthieu Pécot
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