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Un Williams peut en cacher un autre

par Anna Carreau
Un Williams peut en cacher un autre

Si Iñaki est déjà entré dans l’histoire du football espagnol en étant le joueur à avoir enchaîné le plus de matchs consécutifs, un autre Williams est en train de se faire un prénom à l’Athletic Bilbao : à Riyad, un golazo a suffi au « frère de » pour devenir Nico Williams. Ou plutôt, Williams Jr.

81e minute de jeu contre l’Atlético de Madrid, en demi-finales de Supercoupe d’Espagne : entré dix minutes plus tôt, un gamin offre la victoire à l’Athletic Bilbao. Son nom ? Connu de beaucoup, son prénom beaucoup moins : Nico, Nico Williams. Lien de famille ? Frère d’Iñaki, international espagnol qui avait déjà sacrément mis à mal la défense des Colchoneros avant que son cadet ne vienne finir le boulot. Cette reprise de volée limpide du pied gauche, le gamin de 19 ans (droitier, comme son grand frère de 27 piges) s’empresse de la célébrer avec celui qui lui a ouvert la voie. Les deux Williams iront affronter ensemble le Real Madrid en finale de Supercoupe d’Espagne, à Riyad.

Au coup de sifflet final, les deux joueurs formés au club basque se précipitent vers les tribunes pour embrasser tant bien que mal leur mère qui a fait le déplacement jusqu’en Arabie saoudite pour voir ses deux fils. Rattrapé par la patrouille médiatique, le benjamin se présente tout sourire devant la télévision espagnole. « J’ai souvent rêvé de ce moment avec mon frère, confie celui qui a marqué pour la première fois en présence de son frère sur le terrain. Je me souviendrai longtemps de ce câlin avec ma mère et mon frère, je suis très heureux de partager ça avec Iñaki et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres. » Un an auparavant, c’était justement son grand frère qui était le héros des Leones en Supercoupe d’Espagne quand il marquait le but de la victoire en prolongation face au Barça.

Pas encore aussi décisif, mais plus précoce

Tous les deux attaquants et virevoltants, les comparaisons sont assez faciles. Nico évolue dans une position plus proche de l’aile, Iñaki dans une position plus centrale. Mais les deux ont tendance à chercher la profondeur, et disposent d’un fort sens du but. Pourtant, huit ans les séparent. Là où Iñaki évolue en Liga depuis 2014 et fait déjà partie de l’histoire de l’Athletic, Nico démarre sa première saison complète dans l’élite. Mais le grand frère l’assurait déjà, il y a deux ans : son petit frère a un plus gros potentiel que lui au même âge. Il n’a pas tardé à le confirmer.

Car le plus jeune de la fratrie est aussi le plus précoce. Il est ainsi le « premier » à avoir fait ses débuts avec l’équipe première à 18 berges, quand Iñaki a attendu 20 balais. Le premier, aussi, à avoir inscrit un but avec les Leones (à 19 ans, un an avant son aîné). Nico compte même déjà trois buts avec les pros, tous décisifs : un doublé en Coupe du Roi contre Mancha Real pour une victoire 2-0 de l’Athletic, et donc ce fameux but en Supercoupe. « J’ai seulement 19 ans, tout va très vite, s’étonnait encore le héros du soir, à Riyad. Il n’y a pas si longtemps, je jouais en troisième division et je remercie l’entraîneur pour cette opportunité ainsi que mes coéquipiers pour la façon dont ils m’ont accueilli. Mais j’ai encore un long chemin à parcourir, pour égaler mon frère. »

L’avènement du petit, dans le sillage du grand

Le 28 avril 2021, alors que son petit frère venait de faire ses débuts sous la tunique zuri-gorriak, Iñaki, entré en jeu dix minutes après, faisait passer un message à son frangin face à la presse : « Nous sommes partis du bas de l’échelle, et regardez ce que nous réalisons… Merci aux anciens de nous avoir donné l’opportunité de réaliser nos rêves, car tout arrive pour une raison et la destinée est la destinée. J’espère que ce sera le premier d’une longue série. » La famille Williams n’a pas eu une existence facile, et Iñaki voudrait que son cadet s’en souvienne. En 1994, alors que sa mère était enceinte de lui, ses parents quittent le Ghana dans l’espoir d’une vie meilleure. Iñaki grandit entre Bilbao et Pampelune, dans une famille où père et mère cumulent les petits boulots pour remplir le frigo. « Parfois, l’électricité était coupée parce qu’on n’avait pas d’argent pour payer les factures », se souvient-il dans une interview pour So Foot.

Son petit frère, qui vient au monde huit ans après, n’aura pas les mêmes galères. « On est de la même famille, mais on n’a pas vécu exactement la même chose, parce que lorsqu’il est né, tout allait un peu mieux à la maison, rappelait-il, alors que Nico faisait toujours ses classes à Lezama. Mon père avait un travail plus stable, ma mère aussi… » Les deux frères n’ont donc pas la même dalle, et Iñaki, dans son rôle de grand frère moralisateur, n’oublie jamais de lui rappeler : « Là, il a des baskets, des fringues, il s’entraîne avec l’Athletic depuis qu’il est tout petit, il a de l’argent, il peut aller au ciné ou au restaurant avec ses amis le week-end. Il ne manque de rien. Mais moi, à son âge, je n’avais pas tout ça. J’ai dû travailler pour aider ma mère ou pour pouvoir lui donner de l’argent de poche avec lequel il s’achetait des bonbons. »

« Papa Iñaki »

« C’est mon frère, mais c’est aussi un peu mon père. » En l’absence du paternel, contraint de partir à Londres pour nourrir la famille, Iñaki endosse peu à peu le rôle de daron auprès de Nico.« Iñaki a fait beaucoup pour Nico, explique María, leur maman, à Marca. C’est quelque chose qu’Iñaki n’a pas eu. Il a toujours dit à son frère qu’il le soutient, qu’il aime qu’ils marquent des buts. À la maison, il lui donne des conseils, et Nico l’écoute. » Pas étonnant donc que dix ans plus tard, son petit frère choisisse de faire floquer son maillot « Williams Jr » . « Mes parents travaillaient et moi, comme j’ai huit ans de plus que lui, je devais m’occuper de lui, ne pas le laisser seul… », raconte l’aîné, dans une interview croisée pour El Correo. Aujourd’hui, c’est toujours Iñaki qui vient embrouiller Chimy Ávila, attaquant d’Osasuna, lorsqu’il tente un tacle assassin sur le frangin.

« Avoir son frère dans son équipe, c’est presque comme avoir un autre entraîneur. Il me corrige, il me conseille. Il l’a toujours fait, en fait, mais nous nous entendons très bien », complète le « frère de » , qui doit désormais se faire son propre (pré)nom. Même s’il reconnaît que sans Iñaki, cela aurait été plus compliqué : « Pas à cause de son réseau et tout ça, mais parce qu’il a été un point de référence et une motivation supplémentaire. En plus de m’ouvrir la voie et de me donner de la visibilité, j’écoute ses conseils, car il a vécu beaucoup de choses dans l’élite. Mais le respect et l’humilité, ses valeurs sont les grandes leçons qu’il m’a enseignées. » En finale de Supercoupe du Roi face au Real Madrid ce dimanche, les Williams ont l’occasion de devenir les premiers frères issus de l’immigration à remporter ensemble un titre avec l’Athletic Club. Et pour remplir cette mission, leur mère a son petit pronostic : « J’espère que l’un ou l’autre marquera, un Williams. »

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par Anna Carreau

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