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- J30
- Chelsea/ Man City
Un match qui vaut cher
Les deux équipes les plus dépensières de Premier League ont rendez-vous pour un match qui pèse lourd dans la course à la prochaine Ligue des champions.
Certains veulent y voir un passage de témoin. Entre Chelsea, la superpuissance qui a révolutionné le marché du foot il y a une demi-douzaine d’années, face à Manchester City, le nouveau nabab mondial, il y a forcément quelque chose qui dépasse les limites du terrain. Sauf que Roman Abramovitch s’est déchaîné cet hiver en faisant venir Fernando Torres pour 58 millions et David Luiz pour 25 patates, alors que le Russe avait semblé décréter, sinon le désarmement, du moins la rigueur, depuis quelques saisons. Signe que les Londoniens n’ont pas tout à fait renoncé à leur titre. Car c’est à un drôle de paradoxe que nous invite l’affiche de Stamford Bridge cet après-midi entre Chelsea et Manchester City : le moins bien classé est sans doute le plus ambitieux. Car avec neuf points de retard sur Manchester United, les Citizens ne jouent vraisemblablement plus le titre avec un calendrier qui s’annonce tendu : Sunderland, Liverpool et Tottenham, sans oublier une demi-finale de Cup haute tension face au voisin mancunien. A Carrington, le centre d’entraînement de City, personne ne se fait d’illusion. En revanche, quatrièmes avec douze points de retard sur MU, les Blues peuvent eux encore y croire même si le pari semble fou. Il n’empêche, avec deux matches de moins au compteur par rapport aux Red Devils, Chelsea peut espérer revenir à six longueurs avec encore un voyage à Old Trafford qui pourrait les ramener à trois unités… Ça fait beaucoup de si mais rien qui ne soit dans les cordes des champions d’Angleterre sortant.
Drogba ou Torres ?
L’idée d’un back to back se caresse d’autant plus aisément que Chelsea semble de retour aux affaires depuis quelques semaines après un hiver proche du néant. Depuis le 5 janvier, l’escouade de Carlo Ancelotti n’a perdu qu’une fois, à domicile face à Liverpool (0-1) dans un match un peu particulier puisque Torres faisait ses grands débuts sous sa nouvelle tunique bleue face à ses anciens partenaires et dans la foulée d’un Nino tout chamboulé par le contexte, c’est toute l’équipe qui avait joué à l’envers. Mais pour le reste, les voyants semblent de nouveau au vert. On dit « semblent » car une partie de l’avenir des Blues va dépendre d’un choix fort d’Ancelotti : mettre Torres sur le banc. Il ne faut pas se mentir, ce n’est pas cette saison que l’Espagnol va se refaire la cerise et il sera toujours temps de l’installer dans les meilleures conditions la saison prochaine avec une vraie préparation, une réelle acclimatation et un nouveau projet bâti autour de lui. Mais pour le finish qui attend les Londoniens, tant en championnat qu’en Champions’, il n’y a pas d’autres alternatives que de tabler sur Didier Drogba. Pourquoi ? C’est simple : l’Ivoirien incarne l’âge d’or du club et dans l’idée de boucler la boucle avec ses compagnons de route, eux aussi en fin de route, c’est avec un retour aux fondamentaux que Chelsea a une chance de réussir. Comme quand il sort ses muscles bandés et sa défense de serruriers pour renverser la vapeur face à United il y a quinze jours (2-1).
Oui, Drogba l’homme des grands titres bleus plutôt que Torres l’homme le plus cher de l’histoire du club, c’est une condition sine qua non mais aussi un choix « politique » pour Ancelotti. En est-il capable ? De sa force de caractère dépend sans doute les dernières chances blues de revenir dans la course. Mais pour cela, il n’y a pas d’autres choix que de tout gagner à partir de maintenant. « Si nous gagnons tous nos matches, nous serons champions » a même parié John Terry. À commencer par aujourd’hui face à ce Manchester City qui a prit le Chelsea première époque en modèle et qui lui ressemble assez furieusement dans son fonctionnement (des vedettes mais pas des superstars, évidemment surpayées) comme dans son expression (on blinde derrière et on plante sur une seule attaque). Prouver que l’original vaut toujours mieux que la copie. Et prouver que Chelsea n’est pas mort. Pas encore en tout cas…
Dave Appadoo
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