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Un homme, un stade : Léopold Sédar Senghor

Par Ali Farhat
Un homme, un stade : Léopold Sédar Senghor

Souvent, derrière le nom d'un stade, se trouve celui d'un homme. Une figure éminente de la ville ou du club. Premier président de la République, Léopold Sédar Senghor est le personnage incontournable de l'histoire du Sénégal. Si le poète et homme politique jouit d'une renommée internationale, cela ne va pas forcément de soi partout.

La vie et le destin de Léopold Sédar Senghor sont indéniablement liés à la France. Cette France où il pose le pied en 1928 et où, grâce à l’entremise de Blaise Diagne (premier député issu du continent africain, père de Raoul, qui deviendra le premier footballeur noir à jouer pour l’équipe de France, en 1931), il suivra des études au prestigieux lycée Louis Le Grand, où il obtiendra une licence de lettres en 1931. Cette France où il deviendra le premier Africain à obtenir une agrégation (de grammaire, en l’occurrence) quatre ans plus tard. Cette France où il fera la connaissance (entre autres) d’Aimé Césaire et de Léon-Gontran Damas avec qui il développera le concept de « négritude » qui, selon Senghor, est « l’ensemble des valeurs de l’Afrique noire » . Bien que la définition que lui donne Senghor diffère de celles de ses contemporains, la négritude se veut un mouvement à vocation universelle, qui dénonce le colonialisme et la domination occidentale, notamment celle de la France, cette France qui, malgré la naturalisation de Senghor en 1932, l’affectera à un régiment d’infanterie coloniale durant la Seconde Guerre mondiale.

La route vers l’indépendance…

Après la guerre, Senghor se rapproche de la terre qui l’a vu naître. Le poète se sent de plus en plus concerné par le sort de ses semblables. Le poète devient député de Sénégal-Mauritanie, et fait clairement le choix de supporter les cheminots dans leur grève contre la mise en place de la ligne ferroviaire Dakar-Niger, un choix qui lui vaudra l’estime de ses futurs compatriotes. Les années passent, et Senghor prend de plus en plus d’importance au sein de l’État français. Il fait partie par exemple de la commission chargée de penser la Constitution de la future Ve République. Et lorsque l’indépendance du Sénégal est déclarée en 1960, il devient le premier président de l’histoire de la République du Sénégal, un poste qu’il occupera jusqu’à sa démission, en 1980. Pendant ce temps, il continue à écrire et publier ses poèmes, ce qui lui vaudra en 1983 la récompense suprême pour l’homme de lettres qu’il était : la chaire numéro 16 au sein de l’Académie française.

… sans toutefois renoncer à l’ancienne métropole

Une connivence avec la France qui n’est pas du goût de tous les Sénégalais. Calqué sur le modèle de la IVe République française, le système de la République du Sénégal se veut bicéphale. En tant que président, Senghor se charge des relations internationales, tandis que Mamadou Dia, le président du Conseil, s’occupe des affaires internes. Très vite, la situation s’envenime entre les deux hommes, Dia proposant de rompre avec le modèle qui était prôné du temps des colonies. Une situation à laquelle s’oppose Senghor, ce qui conduira à la crise de décembre 1962, à l’issue de laquelle Mamadou Dia sera emprisonné. Par la suite, Senghor mettra en place un système de parti unique, et continuera de travailler main dans la main avec la France, s’opposant notamment à tout projet de loi qui permettrait au Sénégal de s’émanciper vis-à-vis de l’ancienne métropole. Aujourd’hui encore, notamment hors du Sénégal, Léopold Sédar Senghor est qualifié de « Bounty » par ses détracteurs : noir dehors, blanc dedans. Mais si le Sénégal est aussi stable aujourd’hui, notamment sur le plan politique, c’est très certainement grâce à Léopold Sédar Senghor, le plus grand personnage qu’ait connu le pays. Normal, donc, que le plus grand stade du pays ait pris son nom, à sa mort, en décembre 2001. Même si Senghor préférait le basket-ball.

Quel autre nom aurait pu avoir le stade Léopold Sédar Senghor ?

Le stade Cheikh Anta Diop : égyptologue célèbre, en dissension continue avec Senghor, célèbre (entre autres) pour avoir mis en valeur la place qu’occupe l’Afrique dans l’histoire. Le stade Lat Dior : dernier damel (roi du Cayor, une région située à l’ouest du Sénégal), il livra une résistance farouche aux colons venus de France. Considéré comme un des héros du Sénégal. Le stade Papa Bouba Diop : l’homme qui a fait tomber le champion du monde en titre lors du match d’ouverture du Mondial 2002 et provoqué un incroyable concert de klaxons dans l’ancienne métropole. Le stade Bruno Metsu : l’homme qui a emmené les Lions jusqu’en quarts de finale de la Coupe du monde asiatique. Le plus sénégalais des Français. L’El-Hadji Diouf Arena : de toute façon, viendra le jour où l’ancien de Lens et de Liverpool prendra le pouvoir et renommera le stade à son nom.
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