- Coronavirus
Tu promets que tu ne te plaindras plus…
Jusqu’ici tout va bien. Une petite semaine sans foot, ça se digère à coups de compil’ YouTube, de parties de Football Manager et de bons souvenirs. Mais plus les jours passent, plus la patience s’effrite, plus le sevrage deviendra difficile. Et c’est à ce moment-là qu’il faudra promettre. Promettre de chérir le football, contre vents et marées, pour le meilleur et souvent pour le pire.
… des deux années d’attente entre deux grandes compétitions. Tu pourras juste dire à tes enfants que TOI, tu as dû attendre trois ans une fois.
… cinq ans, même, si tu es italien.
… de ton abonnement RMC et des bugs qui vont avec un soir de Ligue des champions. Une C1 en streaming sera toujours mieux qu’une vie en slowmotion.
… d’être la seule personne de la planète à prendre un but de John Boye et un doublé d’Adrien Hunou à Mon Petit Gazon.
… de l’arbitre qui officiera lors du match de l’équipe que tu supportes le week-end prochain. De toute façon, tu gueulerais même si c’était ton père qui arbitrait.
… de supporter Toulouse. Tu as encore moins de chances de gagner quand il n’y a pas de match que quand ton capitaine s’appelle Max-Alain Gradel.
… d’avoir manqué ton combiné à 17 matchs à un but dans les arrêts de jeu près. De toute façon, il ne faut pas combiner plus de trois matchs.
… des « éditorialistes » , dont l’avis te donne des boutons. Car tu as bien compris que sans foot, ils donnaient leur avis sur la pandémie et que c’est encore pire.
… de @JM_Aulas, dont les tweets te donnent des boutons. Car tu as bien compris que sans foot, il donnait son avis sur le foot quand même et que c’est encore pire.
… de la pluie, « pile le jour et à l’heure » de ton match de foot hebdomadaire « évidemment » . « Une heure plus tôt, il ne pleuvait pas, une heure après, il pleut » . Joue et tais-toi.
… du médecin de ton club à cause de qui l’infirmerie ne désemplit pas. Tu l’as applaudi à ta fenêtre à 19h tous les soirs, faux-cul.
… de ton pote qui supporte l’OM et te fait chier avec son « à jamais les premiers » qui est toutefois moins anxiogène qu’un « à jamais les derniers » .
… du journaliste de L’Équipe qui « s’acharne » sur ton équipe. Mieux vaut une « journalope » qu’un journal mort.
… de Neymar qui se moque de ses adversaires en faisant des gestes techniques. C’est toujours mieux que les mecs qui jonglent avec des rouleaux de PQ.
… de la Coupe de la Ligue. « C’est mieux que rien » n’aura jamais eu autant de sens.
… du football sur France Télévisions. Parce que mine de rien, Tout le monde veut prendre sa place, Tout le monde a son mot à dire, Des Chiffres et des Lettres et Questions pour un champion, ça occupe une journée.
… de Stéphane Guy. C’est toujours préférable d’entendre parler de l’argent du PSG plutôt que de constater qu’on n’en gagne plus.
… du fait que les Italiens simulent. C’est triste que tu aies eu besoin de ça, mais maintenant tu sais que c’est faux.
… de payer pour aller faire un foot à cinq, alors que toi, t’es « pas d’accord, le foot ça devrait être un droit fondamental » .
… de la qualité du ballon de ton match amateur. Encore une fois : rappelle-toi que t’as jonglé avec du PQ.
… des défenseurs centraux de district dont le seul objectif est de te découper. Dis-toi que c’est une sortie cool d’aller chez le boucher.
… ton collègue qui te parle de foot le lundi matin après avoir regardé les résultats sur Google dans le métro. Au moins tu parleras à quelqu’un.
… d’avoir « PSG/Dortmund le même soir que Liverpool/Atlético. Franchement, l’UEFA corrompu là, ils auraient pas pu en programmer un le soir de Tottenham/Leipzig ? » Enfant gâté, va.
… d’une petite coquille sur sofoot.com. Mieux vaut un « s » en moins que la hess tout court.
… du changement du coach de ton équipe de cœur, « ce con qui ne comprend jamais rien » à la 76e minute. Au moins, ça brise la routine.
… de la qualité de la Ligue 1 par rapport à la Premier League. Dans ce cas, fallait aller gérer ton coronavirus avec Boris Johnson.
… de ton joueur préféré qui a quitté ton équipe au mercato, ce mercenaire de merde. Et toi, t’as pas quitté ton appartement comme un lâche peut-être ? Pour aller chez ta mère, en plus.
… de ton pote qui ne veut pas venir voir le match avec toi. Tu as appris à respecter les gens qui restaient chez eux.
… du calendrier surchargé qui oblige ton équipe à jouer trois matchs en une semaine. « Putain, quel pied. Ah quel pied ! »
… de la VAR et du but annulé pour ton équipe à un millimètre près. Cet ascenseur émotionnel te changera du tien.
… de Laurent Paganelli et son niveau LV0. Parce que tu sais que c’était pas ça qu’il nous souhaitait en tous les cas.
Par Swann Borsellino