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- Les coups francs qui ont marqué l'histoire
Top 100 : Coups francs de légende (de 90 à 81)
De la magie de Beckham aux patates de forain de Roberto Carlos, en finesse ou en puissance, enroulés de l'intérieur, tendus du cou-de-pied ou délicieusement brossés de l'exter', voici 100 coups francs très francs.
#90 - Teddy Bertin - 1996
Havre AC-SC Bastia (1-0), Division 1, 2 mars 1996
Il y a ceux qui aiment les alexandrins, les feux de cheminée et les jus détox concombre/pomme/gingembre. Et puis il y a ceux qui aiment Teddy Bertin. Dans les années 1990, voir Teddy Bertin envoyer des pralines de 30-35 mètres était un vrai défouloir. La France sortait d’une décennie où Platini était devenu une légende grâce à sa finesse et son plat du pied ; Bertin réhabilitait les bourrins en apportant une alternative faite de puissance et de cou-de-pied. Un exemple comme un autre, ce samedi 2 mars 1996, lors de la 30e journée de Division 1 entre Le Havre et Bastia. 29e minute : le coup franc dont le HAC vient de bénéficier a beau se situer à plus de trente mètres de la cage de Bruno Valencony, le numéro 8 à la crinière prend son élan, demande à Vikash Dhorasoo de lui décaler le ballon, et l’envoie au fond des filets corses. Au lieu de remercier le ciel de ne pas les avoir mis sur le chemin de ce missile, les Bastiais baissent la tête et rentrent de Normandie avec une petite défaite (1-0) sans grande conséquence – les deux clubs se maintiendront tranquillement en fin de saison. C’était la belle époque du HAC, celle du maillot Sidel, de Christophe Revault dans les buts, d’Ibrahim Ba dans le couloir droit et du magnifique Guy David (paix à son âme) sur le banc… Demandez à n’importe quel supporter du HAC qui est le meilleur tireur de coup franc de l’histoire ciel et marine. Il vous répondra, sans hésiter : « Alain Caveglia » . Cela ne veut pas dire qu’il oubliera grâce à qui il a appris que les alexandrins n’avaient pas le monopole de la poésie.
#89 - John Arne Riise - 2001
Liverpool-Manchester United (3-1), Premier League, 4 novembre 2001
Acheté au Rocher à l’été 2001 pour des clopinettes par Liverpool, John Arne Riise n’est pas du genre timide quand il débarque quelque part. Dès son quatrième match de championnat, sur la pelouse de Goodison Park, le Norvégien inscrit son premier but en Premier League après un rush fantastique. Deux journées plus tard, rebelote contre Newcastle, avant d’être définitivement adopté par les Scousers lors de la réception de Manchester United le 4 novembre 2001. Avant l’entracte, alors que les Reds ont ouvert le score grâce à Owen, ils obtiennent un coup franc à 25 mètres. Parfait pour un gaucher, mais un peu excentré… C’est finalement Riise qui va s’en occuper, donnant ses consignes à son aîné Dietmar Hamann, en charge de le lancer. Une fois sur la rampe, le latéral gauche ne peut plus s’arrêter, et sa frappe limpide vient fracasser la barre transversale (et rentrer dans le cadre) de Fabien Barthez. Au bon souvenir de la Principauté.
#88 - Roberto Baggio - 1993
à 5min 48s
Juventus-PSG (2-1), C3, 6 avril 1993
Quand il dégomme maladroitement le dos de Gianluca Vialli à l’entrée de la surface de réparation, Antoine Kombouaré ne sait pas qu’il vient de semer les graines d’un chef-d’œuvre. Alors que son Paris Saint-Germain tient en respect la Juventus au Stadio delle Alpi en demi-finales aller de la Coupe UEFA et qu’il ne reste qu’une poignée de secondes à jouer, le défenseur donne l’opportunité à Roberto Baggio de cueillir une fleur dans la lucarne de Bernard Lama et de récolter les fruits de la victoire. Déjà auteur de l’égalisation peu après la pause, l’Italien transforme l’offrande en attrapant la lunette de l’intérieur du pied malgré deux adversaires qui montent sur lui à toute allure. Lancée par ce succès, la Vieille Dame battra de nouveau les Parisiens au retour (1-0) et remportera le trophée au détriment du Borussia Dortmund en finale. Merci à la « faucheuse d’or » Kombouaré.
#87 - José Luis Chilavert - 2001
Paraguay-Bolivie (5-1), éliminatoires du Mondial, 5 septembre 2001
« Un coup franc monumental du joueur du RC Strasbourg, son troisième but dans les éliminatoires ! Et regardez, c’est la liesse totale dans le stade Defensores del Chaco ! » « Quel coup franc magistral ! Monstrueux ! Exceptionnel ! » Ce mercredi 5 septembre 2001, les commentateurs abasourdis de Pathé Sport (l’ancêtre de Sport Plus) sont en folie. En soi, planter un coup franc contre la Bolivie lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2002 quand on est un joueur du Paraguay ne devrait pourtant pas être considéré comme un exploit. Surtout quand il ne s’agit « que » du troisième but, dans un match remporté cinq pions à un. Sauf quand on est gardien et qu’on sait y mettre la manière. A fortiori quand on s’appelle José Luis Chilavert et qu’on est habitué à mettre la misère à ses confrères.
#86 - Marcelinho Carioca - 1995
à 50s
Corinthians-Palmeiras (2-1), campeonato Paulista, 2 avril 1995
Dix matchs, deux buts. Non, le passage de Marcelinho Carioca en Ligue 1 sous les couleurs de l’AC Ajaccio en 2004-2005 ne restera pas dans les annales – pas plus que son crochet à Valence, en Espagne, quelques années plus tôt. Car le Brésilien était dans ses charentaises havaianas au pays, où il a notamment été élu meilleur joueur du championnat brésilien en 1999. Plus précisément à São Paulo, sous les couleurs de Corinthians, même si son patronyme l’aurait plutôt prédestiné à évoluer dans un club de Rio. Marcelinho Carioca a claqué plus de 80 coups francs en carrière, dont cette minasse des 35 mètres envoyée dans la lucarne du gardien de Palmeiras en 1995. Oui, « Pé de Anjo » ( « Pied d’Ange » ) avait aussi une frappe de poney. Quelques mois après, Corinthians remportait la finale du campeonato Paulista contre Palmeiras, avec… un nouveau coup franc de Marcelinho Carioca et sa célébration « je fais des moulinets avec mes bras » .
#85 - Ryan Giggs - 2007
Lille-Manchester United (0-1), Ligue des champions, 20 février 2007
« Sincèrement, on était au-dessus d’eux dans le jeu, on se fait refuser un but pour une faute très litigieuse et, à sept minutes de la fin, il y a ce truc. (…) Tu as un coup franc, le mur se place, le gardien est sur son premier poteau et là, l’arbitre dit au joueur de tirer. C’est hallucinant, mais surtout interdit. Claude Puel a voulu poser une réserve, il voulait qu’on sorte du terrain, l’arbitre a refusé… En fait, on était un peu perdus, on s’est sentis lésés et on l’a été. Ce match, c’est une énorme injustice, une cicatrice impossible à refermer. » Grégory Tafforeau n’oubliera jamais ce coup franc rapidement joué par Ryan Giggs le 20 février 2007. Ses potes de l’époque dorée du LOSC non plus. Ce qu’ils ignorent, c’est que dans l’argot de Manchester, le mot « injustice » se traduit par « avoir de l’expérience » .
#84 - Jorge Toro - 1962
à 42min 45s
Brésil-Chili (4-2), Coupe du monde, 13 juin 1962
2 juin 1962. La rencontre du groupe II du Mondial entre le Chili, pays hôte, et l’Italie vire au pugilat à base de coups de latte, de high kick et même de plaquage dans ce qui passera à la postérité comme la « Bataille de Santiago » . Grâce à sa victoire 2-0, le Chili – qui avait déjà battu la Suisse – se qualifiera pour les quarts de finale, où il prendra le dessus sur l’URSS. 13 juin 1962. Le Chili défie le Brésil en demi-finales. Encore un match rugueux dans un Estadio Nacional hostile aux visiteurs. Blessé par une pierre lancée des tribunes, Garrincha doit se faire poser quatre points de suture sur le crâne. Ce qui ne l’empêche pas de claquer un doublé et de permettre, avec son acolyte Vavá, lui aussi auteur d’un doublé, de qualifier la Seleção (2-4). Mais le plus beau pion de la rencontre est chilien. Déjà buteur contre l’Italie, Jorge Toro fait parler son pied droit de plomb. Trois pas d’élan, pleine lucarne. Sa technique ? Lancer sa jambe très haut devant soi à la Olive & Tom. En guise de consolation, le Chili remportera le match pour la troisième place face à la Yougoslavie.
#83 - Adriano - 2005
à 30s
Inter-Ascoli (1-0), Serie A, 3 décembre 2005
Sur PES 6, jeu vidéo de légende sorti en octobre 2006, Adriano jouit d’un équilibre quasi parfait (98/100) et d’une puissance de frappe encore plus impressionnante (99/100). Du coup, lorsque les doigts sélectionnent l’attaquant plutôt que Luís Figo sur la manette pour tirer un coup franc, le gamer ne compte pas faire dans la dentelle. Pourtant, dans la vraie vie, le Brésilien a montré qu’il savait aussi se montrer délicat un jour de décembre 2005, lors d’un match de Serie A. Avec l’Inter, le bonhomme inscrit en effet la seule réalisation de la partie contre Ascoli d’un superbe enroulé excentré. Pas vraiment à l’image de la réputation que lui donne Konami dans le monde virtuel. Guidé par un joli effet, le ballon tape tout de même en dessous de la barre avant de franchir la ligne et de rebondir avec force sur les filets supérieurs de la cage. Une certaine idée de la violence, toujours.
#82 - Gheorghe Hagi - 1990
à 1min 20s
Dinamo Bucarest-Steaua Bucarest (2-2), D1 roumaine, 15 mars 1990
Trois mois après la chute du dictateur Nicolae Ceaușescu, Gheorghe Hagi sait qu’il va lui aussi bientôt quitter son royaume. Mais avant de partir pour le Real Madrid, il veut démolir le Dinamo Bucarest de Mircea Lucescu et offrir au Steaua son sixième titre de Roumanie consécutif. Numéro dix sur les épaules, c’est lui qui se charge de tous les coups de pied arrêtés de son équipe. Et même quand un coup franc semble impossible à inscrire directement, le long de la ligne de touche par exemple, le Maradona des Carpates trouve quand même le moyen d’ouvrir le score en allumant une mine dévastatrice. Après la pause, le Dinamo se réveille grâce à un doublé de Florin Raducioiu, juste avant que les visiteurs reviennent à la marque et obtiennent un point mérité. Insuffisant malgré tout car en fin de saison, c’est bien le Dinamo qui devance au classement le Steaua, avant de les battre en finale de Coupe de Roumanie. Il était donc temps pour Hagi de se carapater.
#81 - David Luiz - 2014
Brésil-Colombie (2-1), Coupe du monde, 4 juillet 2014
Difficile de trouver un meilleur symbole. Qui d’autre que lui pour représenter le Mondial 2014 du Brésil ? David Luiz est ce que la Seleção possède, à cette époque, de plus scolarien : David Luiz a des balls, il ne cesse de courir, il est capable de déplacer des rochers avec sa foi, mais c’est un footballeur parfaitement désordonné. Il est le reflet d’un Brésil dopé au patriotisme et à la double notion dévouement-sacrifice durant la compétition. Alors, lorsque le pays tremble au milieu d’un quart de finale étouffant face à la Colombie et qu’il perd Neymar sur blessure, c’est vers ce grand touffu qu’il se tourne : à la 69e minute, le nouveau défenseur du PSG prend son élan et balance une étrange cacahuète au fond des filets d’Ospina. La suite n’est qu’hystérie et explosion de testostérone. Plus dure sera la chute face à l’Allemagne…
Par Maxime Brigand, Florian Cadu, Florian Lefèvre, Steven Oliveira, Matthieu Pécot et Maxime Renaudet