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  • France – Ligue 1 – 8e journée – Rennes/Nantes

Tiens, revoilà le derby Rennes – Nantes !

Par Régis Delanoë, avec le concours des supporters des deux camps
Tiens, revoilà le derby Rennes – Nantes !

Petit événement cet après-midi à 14h au stade de la route de Lorient avec le retour du derby de Haute-Bretagne entre le Stade rennais et le FC Nantes. Deux clubs aux trajectoires sécantes, avec des dirigeants qui se respectent, mais des supporters qui se cherchent des noises en permanence. Mais pourquoi exactement ? Et qu’est-ce qui fait de cette confrontation un match si particulier pour eux ? On le leur a demandé.

Quand en février dernier, le Stade rennais avait annoncé une opération journée de la femme avec une affiche présentant un canard vibrant rouge et noir assorti du message « Venez vibrer ! » , une petite polémique était née, certains jugeant l’idée trop sexiste. C’est l’unanimité en revanche autour de la dernière campagne de pub du club breton, le service com’ ayant décidé de ressortir du placard le fameux canard rouge et noir et de l’accompagner d’un homologue jaune et vert pour annoncer le derby contre Nantes, avec le message : « 5 ans d’abstinence, c’est long » . Génie. C’est donc avec humour que les hostilités ont été lancées entre les deux clubs rivaux, les Nantais s’empressant de leur côté de détourner l’affiche en l’affublant du message « 42 ans sans titre, c’est long » (référence au dernier trophée rennais en date, la Coupe de France 1971). Après quatre saisons de purgatoire en Ligue 2, Nantes est enfin de retour en élite et s’en va cet après-midi défier son meilleur ennemi le Stade rennais. Un moment que les supporters des deux camps attendent avec impatience.

Avant Rennes et Bordeaux

Les deux clubs n’ont pourtant pas toujours été aussi rivaux qu’aujourd’hui. Car, comme le rappelle Sylvain, supporter rennais, « à part dans les années 60, ils n’ont jamais réussi à être bons en même temps » . À partir du milieu des années 70 et pendant une bonne quinzaine d’années, Rennes plonge sportivement et financièrement – les deux vont rarement l’un sans l’autre – quand son voisin distant d’une centaine de bornes flambe sur la scène nationale. Pour se frotter à un rival digne de ce nom, les Canaris se tournent alors au sud vers la puissante formation bordelaise de Claude Bez. C’est l’âge d’or du derby de l’Atlantique. « La rivalité avec les Girondins était sportive avant tout, rappelle Charles, supporter nantais. C’était le match entre deux équipes issues de villes très orgueilleuses. » Un concours de celui qui a la plus grosse, en somme. La rivalité avec Rennes se situe en revanche sur un terrain plus « géopolitique » que strictement sportif. « Revient toujours la même histoire de Nantes en Bretagne ou pas, pose Donatien, fan du FCN. Sachant que si on compte effectivement la ville en Bretagne, elle devrait en être la capitale, ce que les Rennais ont du mal à accepter. Sauf que pour certains Bretons qui vivent plus à l’ouest, Rennes n’est même pas en Bretagne… »

Le rapport complexe de Nantes à la Bretagne

Un débat difficile à comprendre pour qui n’habite pas ou n’est pas originaire du secteur mais qui explique en partie la bisbille entre les deux villes, qui va bien au-delà du simple rectangle de pelouse et 22 mecs en short se disputant une balle. L’hégémonie entre deux capitales voisines est en jeu, avec un fond historique complexe (le rapport de Nantes à la Bretagne, les frontières mouvantes de la région à travers les siècles…) et un contexte sociologique à prendre aussi en compte : « Rennes a une base très populaire, que l’arrivée de Pinault a occultée, tandis que les origines du FC Nantes sont plus bourgeoises » , précise ainsi Romain, supporter rennais. En gros et pour schématiser, jusque la fin des années 90, le FC Nantes est le fier à bras du coin à qui tout réussit (des titres, des campagnes européennes, de grands joueurs formés au club, un jeu séduisant), alors que le Stade rennais fait office de voisin complexé et laborieux, qui cumule les galères et fait régulièrement l’ascenseur.

La Beaujoire, quatre décennies d’invincibilité

Mais quand le milliardaire François Pinault rachète son club de cœur en 1998, il devient évident que le rapport de force s’équilibre : avec l’argent de son homme providentiel, Rennes a désormais les moyens de le sortir de la galère et remettre en cause l’hégémonie nantaise dans le nord-ouest français. En 2001 pourtant, les Canaris obtiennent un nouveau titre de champion de France avec la dernière génération dorée en date. Et continuent de mater impitoyablement le voisin rouge et noir. « Puis finalement une bascule a fini par s’opérer dans le rapport de force entre les deux équipes » , observe le Rennais Romain. Il est intéressant de constater que les supporters des deux camps s’accordent tous sur deux matchs charnière pour marquer le changement : la victoire rouge et noire obtenue à la Beaujoire le 4 janvier 2006 (une première en terre ennemie depuis 1964, « un renversement de situation » pour le Rennais Fabrice) et la seconde obtenue un an plus tard, le 28 avril 2007, qui condamnait Nantes à une descente historique. « Côté Rennais, ça a été vécu comme un passage de témoin » , estime Sylvain, ce que le Nantais Charles ne conteste pas : « Quand Rennes gagne 2-0 chez nous en 2006, on sentait que tout basculait et que la fameuse jeune équipe rennaise allait faire mal par la suite. »

Le « complot » de 2007 ?

Et effectivement, au printemps 2007, alors que Nantes sombre, la séduisante équipe rennaise de l’époque est sur le point de se hisser sur le podium de la L1. À eux enfin la gloire ? Pas exactement, et indirectement leur plus fidèle ennemi n’est pas pour rien dans la désillusion à venir… Lors de l’avant-dernière journée disputée le 19 mai 2007, tandis que Rennes gagne 4-1 face à Lorient, Toulouse, le seul adversaire qui peut encore priver les Bretons de la troisième place, se déplace à Nantes. Réduits à dix à la demi-heure de jeu, les Violets ne peuvent guère espérer mieux qu’un nul 0-0. C’est sans compter sur l’intervention des supporters nantais qui n’ont pas digéré l’officialisation de la relégation de leurs favoris. À trois minutes de la fin du match, ils envahissent la pelouse, contraignant l’arbitre à ramener les joueurs prématurément aux vestiaires. Cinq jours plus tard, la LFP donne victoire aux Toulousains 3-0 sur tapis vert, un avantage qui s’avèrera décisif à l’issue de la dernière journée dans la lutte à distance menée avec Rennes pour la troisième place. « Cet envahissement nous a fait très, très mal, se souvient Romain. Rien n’a jamais été confirmé, mais des rumeurs persistantes laissent entendre que les ultras nantais ont pu le faire exprès. Depuis, la rivalité n’en est que plus exacerbée, forcément. » Une thèse que Florian, supporter nantais, réfute (bien qu’il classe l’événement parmi les moments les plus savoureux de cette rivalité renno-nantaise) : « Bien évidemment le but de la manœuvre était de protester contre la gestion catastrophique de notre direction de l’époque qui nous envoyait en L2… »

Club du passé contre club sans titre

Depuis ? Depuis Nantes est remonté, pour aussitôt redescendre, pour plus longtemps cette fois-ci. Pendant ce temps, Rennes s’est installé dans la première moitié de la Ligue 1, sans pour autant réussir à gratter ce fameux trophée qui fuit le club depuis si longtemps (avec notamment cette fameuse finale de Coupe de France en 2009, perdue au Stade de France face à un autre rival régional, le « petit-frère » Guingamp). Les deux clubs ont changé, vivant à distance et sans jamais plus s’affronter leur relation tumultueuse et complexe. Si « les relations entre les deux clubs n’ont jamais connu d’accroc » , comme le fait remarquer Donatien (le ton léger et dédramatisant de la campagne de pub rennaise pour annoncer le match en est une des preuves), entre supporters c’est une autre limonade. Et les « piques » des uns envers les autres sont connues. « Nantes n’a plus que ses titres et son passé pour lui » , juge Romain, tandis que son vis-à-vis nantais Florian trouve toujours plaisir à se moquer d’un club « qui continue de courir après les titres malgré l’arrivée d’un propriétaire milliardaire à sa tête » . Une chose est sûre : ce derby est attendu par les supporters des deux camps car, comme l’explique le Rennais Fabrice, « la saveur de ce derby n’a pas d’égal et ça nous manquait à tous » . Preuve de l’engouement autour de ce match, le parcage visiteur du stade de la route de Lorient (1400 places) s’est rempli très rapidement et l’ensemble de l’enceinte promet d’être pleine et bruyante. Ça devrait sacrément vibrer.

Par Régis Delanoë, avec le concours des supporters des deux camps

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