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Thomas Tuchel, l’ingrate réussite

Par Mathieu Faure
Thomas Tuchel, l’ingrate réussite

Même s’il ne réalisera pas le triplé national et qu’il reste marqué par le fiasco de Manchester United, Thomas Tuchel aura permis au PSG d’avancer comme jamais. Maintenant, place à encore mieux.

Tout a commencé dans une salle de presse de Shenzhen. Le PSG venait d’en passer quatre à l’AS Monaco avec Rimane, Diarra, Weah et Dagba dans le onze de départ. Thomas Tuchel venait de gagner, du premier coup, son premier match avec le PSG. Là, devant un parterre de journalistes étrangers et quelques confrères français, l’ancien coach du BvB Dortmund pense commencer normalement sa conférence de presse avant de se faire arroser de champagne par l’ensemble de son vestiaire. Son groupe lui demande une seule chose : d’assumer son bizutage musical. Rock’n roll, l’Allemand, trempé d’alcool, s’exécute façon rock star et, face à un groupe de joueurs en transe, se lance dans une reprise de Happy de Pharrell Williams. Le hasard fait que nous étions dans cette salle à ce moment précis en train de capturer ce moment rare. Et que, comme tout le monde, on s’est dit qu’il était en train de se passer quelque chose au PSG. Les fautes de main de Buffon, puis celle de Kimpembe, ont pourtant tout changé. Non, Thomas Tuchel n’a finalement pas fait mieux qu’Unai Emery en matière de résultats purs. Mais, force est de constater que le coach parisien n’a pas à rougir de sa première saison française tant il aura dû se battre contre les éléments tout au long de celle-ci : la malchance, l’environnement et le destin. À l’instar de Marcelo Bielsa, il y a ce que l’Allemand a laissé dans les esprits pour sa première saison sur le banc parisien. Non seulement il a gagné le droit de rester en place, mais, surtout, celui de poursuivre son apprentissage, car pour la première fois depuis longtemps, surtout au PSG, voici sur le banc un homme en qui tout le monde a confiance et envie de croire. Mais pour se permettre de rêver plus grand, il faut lui donner les moyens.

Seul contre tous

En début de saison, la feuille de route de l’ancien de Mayence était simple : tout gagner. De la C1 au Trophée des champions. Le Qatar est comme ça. Dans le même temps, les moyens donnés au double T pour assumer ses objectifs sont bien en deçà des ambitions avec deux mercatos menés n’importe comment et en dépit du bon sens sportif, à l’image des arrivées tardives de Bernat (31 août) et Paredes (28 janvier). Autre exemple : ce n’est pas Tuchel qui décide d’envoyer Lo Celso à Séville et encore moins l’Allemand qui prend la décision de ne pas le remplacer, car celui-ci réclame un milieu défensif depuis le début. Moralité, on lui enlève Adrien Rabiot pour une histoire de prolongation de contrat en cours de saison sans jamais vraiment le remplacer. Marquinhos, Bernat et Daniel Alves vont jouer les milieux de fortune, y compris en Ligue des champions. Ubuesque. Fin janvier, Tuchel et Henrique ne peuvent plus cohabiter, les pistes de l’un sont recalées par l’autre et inversement. Bref, le coach parisien a dû batailler avec une politique sportive aléatoire depuis le début et complètement rédhibitoire pour un club qui ambitionne de gagner la C1. Le tout au sein d’un club dont le président possède 34 casquettes différentes, où le fair-play financier a pris ses quartiers et où la culture du doute est omniprésente.

L’histoire de la mise au vert intrigue

Pendant ce temps, l’Allemand a pourtant réussi à sortir d’une poule de C1 relevée en sortant le PSG de sa zone de confort habituelle. Souvent évoquée, il sera le premier coach parisien à s’essayer à la défense à trois. Globalement, l’homme bosse comme jamais, tente des choses et bricole sans cesse face à la petitesse de son effectif. Début février, il doit aller se coltiner un huitième de finale de C1 sans Neymar, Cavani et Meunier, tous blessés. Il sortira une masterclass – illustrée par le match de Marquinhos en numéro 6 – que le match retour effacera pourtant des mémoires collectives. Même s’il est passé entre les gouttes du naufrage mancunien, car il semble difficile de lui imputer les fautes individuelles de ses joueurs, il restera des questions sans réponses : pourquoi cette absence de mise au vert avant un match retour de Ligue des champions ? Pourquoi ce plan de jeu si timide après la pause ? Pourquoi cette fébrilité mentale chronique ? Pour certains, cette défaite aurait dû sceller son sort. Comme si le prisme de la C1 était le seul juge de la réussite d’une saison.

Alors que dans son rôle, compte tenu du matériel mis à sa disposition, des blessures récurrentes et du bordel interne qu’est le PSG, Thomas Tuchel aura fait avancer le club dans la bonne direction. « C’est la meilleure acquisition depuis mon arrivée au club. Je n’ai jamais vu un entraîneur aussi intelligent et autant au service de l’équipe » , affirmait même récemment Daniel Alves au micro de RMC Sport. Et si le joueur ayant gagné le plus de titres au monde avait vu juste ? Malgré Manchester United, Tuchel a gagné une forme de crédibilité, de respect. Il a surtout gagné un peu de temps. Le temps de bosser son mercato, car l’été parisien sera agité et personne n’a oublié qu’Eric-Maxim Choupo-Moting est sorti de son chapeau. L’idée tactique se défend, évidemment. Même un an après. Mais les nombreuses blessures ont donné à Choupo un temps de jeu qu’il n’aurait jamais dû avoir. Tuchel n’a pas de blanc-seing, il a juste réussi à captiver de nombreux amoureux du PSG. Reste que la deuxième saison de l’Allemand dans la capitale sera déterminante. Et cette fois, on aimerait que la chanson Happy intervienne un peu plus tard dans la saison… Bien plus tard même : au PSG, on a compris que le bonheur était fugace.

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Par Mathieu Faure

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