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« Alexandre Lacazette a 60% de penaltys sur le côté ouvert »

Propos recueillis par Rayane Amarsy
8 minutes

Ce mercredi, le club de National 3 de Bourgoin-Jallieu a éliminé l’Olympique lyonnais aux tirs au but. C’est la première fois que le club se qualifie pour les huitièmes de finale de la Coupe de France. L’un des héros se nomme Ronan Jay, le portier. Teo Decker, analyste vidéo et entraîneur des gardiens du club, nous livre les secrets de la préparation à cette séance devenue historique.

« Alexandre Lacazette a 60% de penaltys sur le côté ouvert »

Salut Téo, ça va ? Tu t’es remis de tes émotions ?

Ouais, on commence à redescendre un petit peu, là. On a eu entraînement, donc ça a permis à tout le monde de se reconnecter. On a match dès dimanche, et l’objectif reste le championnat, donc il faut se remettre tout de suite d’aplomb, parce que chaque point est important dans notre poule.

Vous avez quand même pu faire un peu la fête après le match avec les supporters ?

Oui, un petit peu, on ne va pas se le cacher, ce serait mentir de dire le contraire, et presque insultant de ne pas le faire. On a fait la fête, de manière raisonnable, parce qu’on devait être à 9 heures au bureau le matin, donc il fallait être frais. (Rires.) C’était important aussi pour tous les bénévoles, car ce sont eux les vrais mecs de l’ombre.

Et ton chouchou Ronan (Jay), il est allé à l’école ce jeudi matin ?

Bah bien sûr, qu’il est allé à l’école, c’était vrai ! Il était à l’école à 8h30. Il avait contrôle sur Excel ! Ça a été dur pour lui de redescendre parce que ce sont des émotions immenses qu’il a vécues. Ce n’était pas facile.

On l’excusera s’il n’a pas une bonne note à son contrôle, alors…

Ouais, ouais… C’est eux (l’école) qui l’excuseront alors. (Rires.) Je ne lui ai même pas demandé comment ça s’était passé, mais je pense que ça va, c’est un bon élève.

On savait plus ou moins sur quel côté ils allaient partir. C’est ce qui était noté. Pour chaque joueur, on se disait : lui, il tire là, lui tire là, lui tire là…

On ne va pas passer par quatre chemins, il a plongé à chaque fois du bon côté lors des tirs au but. C’était toi, derrière tout ça ?

Alors moi, j’étais derrière tout court, parce que j’étais derrière la cage avec lui ! À chaque fois qu’il y avait un joueur qui commençait à avancer, je lui rappelais où il devait plonger. Finalement, il a fait 100% (de plongeons du bon côté) et 50% d’arrêts. On a effectué le travail qu’il fallait pour qu’il plonge au moins du bon côté. Mais bon, on n’avait aucune certitude non plus, parce qu’on n’est jamais à l’abri de rien dans le foot. Ils auraient très bien pu changer, tous tirer au centre, mais en tout cas, selon ce qu’on avait établi, c’est ce qui s’est passé.

À la télé, on a vu une image où tu lui as donné une sorte de cahier. Qu’est-ce qu’on pouvait y trouver ?

Pour chaque joueur de l’effectif, on avait un panel de penaltys récents et une statistique sur tous les penaltys en carrière, ainsi que les zones dans lesquels ils avaient été tirés. En fonction de ce qu’on avait vu, on savait plus ou moins de quel côté ils allaient partir. C’est ce qui était noté. Pour chaque joueur, on se disait : lui, il tire là, lui tire là, lui tire là… Et ça a fonctionné !

 

Tu as passé combien de temps à préparer ces données ?

On était à deux avec Romaric (l’autre analyste) et on a dû passer 6-7 heures pour bien regarder, bien analyser et prendre la décision. Le match était mercredi, donc on a commencé mardi en fin d’après-midi et on a imprimé les fiches à 13 heures le jour du match.

Et comment tu fais si tu n’as pas de données sur un joueur ?

Il y avait des joueurs qui n’avaient pas tiré de penaltys, comme Abner qui était encore en jeu, ou Fofana sur qui on n’avait rien. Dans ce cas-là, c’était au feeling. Mais sur les quatre qui ont tiré, on avait des données.

En carrière, on a vu qu’Alexandre Lacazette ouvrait plus souvent dans des moments importants. On s’est donc dit qu’on allait partir sur le côté ouvert, même si l’impression visuelle, c’était plutôt le côté fermé.

Donc tu as trouvé la recette contre les penaltys de Lacazette, qui est un spécialiste de l’exercice ?

Non, la recette, je ne pense pas. On a juste établi des statistiques sur toute sa carrière. Ça faisait longtemps qu’il n’avait pas tiré lors d’une séance de tirs au but. Je crois que le dernier, c’était encore à Arsenal, et d’ailleurs, il l’avait ouvert. En carrière, on a vu qu’il ouvrait plus souvent dans des moments importants. On s’est donc dit qu’on allait partir sur le côté ouvert même si l’impression visuelle, c’était plutôt le côté fermé. Parce qu’il y a plein de gens qui m’ont dit qu’ils pensaient qu’il croisait plus souvent. Alors que non, c’est faux. Il a 60% de tirs sur le côté ouvert et 40% sur le côté fermé.

Cette préparation, elle révèle quand même que vous vous êtes projetés jusqu’aux tirs au but. Forcément, on savait qu’on avait plus de possibilités de gagner lors d’une séance de tirs au but que dans le jeu. Mais quand on regarde le match, on voit que l’on n’a pas joué que pour aller jusqu’à ce moment : on a marqué deux buts face à l’OL et ça montre qu’on a voulu bien attaquer et ne pas faire que défendre. On n’a pas commencé le match en se disant qu’on allait aux tirs au but. Mais quand on est arrivé à la séance, on savait que la probabilité de gagner le match était beaucoup plus élevée que lors d’un match de 90 minutes.

 

Est-ce que tu prépares les tireurs de la même façon que tu prépares ton gardien ? On avait tout préparé sur Descamps, mais pas sur Perri. Et c’est Perri qui a joué. C’était donc vraiment au feeling de chaque joueur, car on n’a pas fait de plan B. C’était une erreur de notre part. Mais les joueurs ont marqué, donc tant mieux.

Donc la Panenka de Moujetzky, vous ne vous y attendiez pas ? Si. (Rires.) Parce que c’est un joueur qui est en pleine confiance, donc on savait que c’était possible. Mais en soi, c’est le moment d’une vie, c’est pour entrer dans l’histoire de la compétition. Finalement, c’est tombé sur Sofiane Atik, le joueur le plus âgé de notre effectif. Donc c’est aussi bien que ça se finisse comme ça. Ça aurait pu être ponctué par la Panenka de Mehdi, qui a mis un doublé dans le match et qui marchait sur l’eau. Mais ce n’est pas passé parce que Perri mesure deux mètres. (Rires.)

On regarde toujours les penaltys des équipes adverses, en championnat comme en coupe. Et c’est d’ailleurs pour ça que cette année, sur les quatre penaltys concédés, il a plongé du bon côté à chaque fois.

Est-ce que cette préparation est propre aux matchs de prestige, comme face à l’OL, ou c’est un travail quotidien que vous effectuez en National 3 ?

Quoi qu’il arrive, on regarde toujours les penaltys des équipes adverses, que ce soit en championnat ou en coupe. Et c’est d’ailleurs pour ça que cette année, sur les quatre penaltys qu’on a concédés, il a plongé du bon côté à chaque fois. C’est parce qu’on a fait ce même travail semaine après semaine, adversaire après adversaire. Là, ça a été mis en lumière parce que c’était l’Olympique lyonnais. Mais c’est un travail qui se fait de manière hebdomadaire avec Romari,c où justement on s’attelle à ce qu’on ait des données sur les penaltys, que ce soit concernant les gardiens ou les tireurs, afin qu’il y ait le moins de part de hasard.

Cette importance aux données et à l’analyse, c’est commun en National 3 ou c’est propre au club de Bourgoin-Jallieu ? Je suppose que les réserves professionnelles le font, mais je ne sais pas du tout. Je n’en parle avec personne, donc je ne sais pas du tout ce qui se fait dans les autres clubs. Mais nous, on estime que c’est une part importante d’un match. Et on travaille cela comme on le fait sur toute la tactique et sur toutes les phases arrêtées adverses.

 

Tu ne deviens pas fou à force de regarder des heures de penaltys de National 3 toutes les semaines ? Non, c’est amusant ! C’est amusant de chercher des penaltys de partout. En championnat, on s’attelle à ce que ce soit sur trois joueurs maximum. Mais parfois, il n’y a pas d’images parce qu’il y a des joueurs qui viennent de régionale, donc c’est beaucoup moins filmé. Mais c’est amusant, car il y a un petit côté recherche dans cette histoire-là, de fouiller un peu partout. (Rires.)

Toi, en tant qu’ex-gardien de Bourgoin-Jallieu, est-ce que tu vis un peu ton rêve par procuration à travers Ronan ? Non, pas du tout. Moi, j’ai arrêté le foot il y a déjà 4-5 ans, j’ai beaucoup moins cet aspect joueur, et je ne le fais pas par procuration. Je suis juste content que le club de ma ville soit mis sur la carte du football, parce qu’elle est plus connue pour le rugby. Et je suis content, car on s’en souviendra encore dans 20 ans comme on se souvient toujours de Carquefou face à Marseille.

Ecole, boulot, pénos : la belle semaine du gardien de Bourgoin-Jallieu

Propos recueillis par Rayane Amarsy

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