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Sortie de virage pour les Boys

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Sortie de virage pour les Boys

L'ampleur prise par la fameuse banderole du Stade de France rendait l'issue inéluctable. Comme prévu, la ministre de l'Intérieur a annoncé aujourd'hui la dissolution des Boulogne Boys. Mais est-ce la solution miracle annoncée ?

Suspectés, malgré leurs dénégations, d’être les auteurs de la banderole « Pédophiles, chômeurs, consanguins : bienvenue chez les Ch’tis » , les Boulogne Boys ont, sans surprise, été dissous. Après avoir pris en compte les accusations pesant sur eux (la banderole, les injures racistes lors d’un récent déplacement à Marseille et divers faits de violence) et les arguments qu’ils ont présentés pour se défendre, la commission consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives a rendu mercredi un avis favorable à la dissolution du groupe, que Michèle Alliot-Marie a entérinée dès jeudi après-midi.

Un acte censé démontrer sa « détermination » et sa volonté de « combattre toutes les formes d’insécurité et de violence dans le sport » . Frédéric Thiriez s’est aussitôt félicité de cette « politique de fermeté du ministre de l’Intérieur, seule réponse face à des comportements inacceptables » . La dissolution des Boulogne Boys apparaît ainsi comme une décision de bon sens. Elle pose pourtant de vrais problèmes.

Les Boys ne sont pas les plus durs

Les habitués du Parc le savent. Contrairement à ce qui est souvent affirmé, les Boulogne Boys ne sont pas les éléments les plus durs du Kop. Les Boys sont systématiquement mis en avant simplement parce qu’ils forment l’association principale du Kop et que leur style de supportérisme à l’italienne (banderoles, tifos) est beaucoup plus spectaculaire que celui des autres occupants de la tribune. Les individus les plus violents et les plus ouvertement racistes se trouvent dans la mouvance indépendante.

D’où la ligne de défense des Boys. « On admet qu’on a des failles mais on est là pour supporter le PSG, pas pour la violence, affirme Pierre-Louis Dupont, leur président. Et on pense que c’est mieux pour tout le monde d’avoir un groupe qui gère la tribune, même s’il n’est pas parfait, plutôt que des électrons libres. Sans association, il n’y a plus d’intermédiaires et plus d’interlocuteurs pour le club, la Ligue et la police. Même si on ne représente pas toute la tribune, on peut faire passer des messages modérateurs à l’ensemble du Kop » .

Et après ?

Ce raisonnement, les Boys sont loin d’être les seuls à le tenir. La semaine dernière, Jean-Philippe d’Hallivillée, responsable sécurité du PSG, a estimé dans le Parisien qu’une dissolution des Boys « compliquerait [la] gestion des tribunes » . En off, des acteurs de terrain disent la même chose. Que vont devenir les membres des Boys ? Certains d’entre eux ne risquent-ils pas de grossir les rangs des bandes d’indépendants et d’accroître ainsi les problèmes de violence et de racisme ?

Les Boys avaient donc de solides arguments pour se défendre mais aussi de sérieux talons d’Achille. Il leur était notamment reproché de ne pas toujours assumer leurs responsabilités et de se défausser sur les indépendants avec lesquels ils n’auraient de surcroît pas pris suffisamment de distance. A leur décharge, les rapports de force instaurés par les plus durs du Kop ne leur rendaient pas la vie facile. Au lieu de dissoudre les Boys, n’aurait-il pas mieux valu les aider à avoir une activité associative positive ?

Une mesure uniquement médiatique ?

Si la dissolution des Boys est uniquement un coup médiatique et qu’elle reste sans lendemain, elle ne fera probablement guère avancer la lutte contre le hooliganisme. Elle posera même peut-être de nouveaux problèmes. En revanche, si ce n’est que le premier acte d’une action publique cohérente et constante, elle peut ouvrir une nouvelle ère. Mais les prétendues mesures miracles ne suffiront pas.

Au lieu de se focaliser sur les fumigènes et de privilégier les interdictions administratives de stade prononcées par les préfets (qui posent de sérieux problèmes de respect des libertés publiques), il faudra en passer par une répression judiciaire, ferme mais juste, des délits avérés des supporters. Et cette répression ne devra pas être la seule réponse. Le modèle anglais, souvent montré en exemple, est loin de se limiter à elle. Il paraît aujourd’hui incontournable de faire enfin des états généraux du supportérisme réunissant tous les acteurs (police, justice, clubs, ligue, mairies, préfectures, ministères, mais aussi associations de supporters) pour construire ensemble une politique de long terme.

Par Nicolas Hourcade, sociologue

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