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Sauvé par le N’Dong
Chaque saison, Lorient doit céder ses meilleurs joueurs et se reconstruire pour survivre. La preuve que le système n'a pas fini de fonctionner ? Didier Ibrahim N'Dong qui, après des premiers mois difficiles en Bretagne, impose ses dreadlocks en forme de frites comme l'une des hypes de la saison. Avant de remplir le compte bancaire des Merlus avec un transfert en Premier League ?
Le 20 septembre dernier, tous les amateurs de foot français ont appris à connaître Didier N’Dong pour autre chose que son atypique style capillaire. D’une frappe limpide et lointaine venue se nicher dans la lucarne de Danijel Subašić, le Gabonais a lancé une partie qui allait s’achever par une victoire surprise de Lorient à Monaco (3-2). Depuis, le milieu à tout faire a définitivement conquis les observateurs, ainsi que son entraîneur Sylvain Ripoll, qui en a fait l’un de ses totems en raison de son énorme volume de jeu. Une éclosion entrevue en fin de saison passée, après de premiers mois difficiles pour celui qui revenait d’une CAN mitigée avec le Gabon. Expulsé pour sa première titularisation en Ligue 1 le 8 mars à Saint-Étienne, N’Dong a depuis réussi à s’adapter aux exigences du football français et donner raison au directeur sportif lorientais Christophe Le Roux, qui avait présenté le joueur dans Ouest-France à son arrivée en janvier 2015 comme « un milieu de terrain efficace à la récupération, capable de mettre de l’impact, qui possède un gros volume de jeu et qui peut également se muer en organisateur » . Bref, un mec parfait pour l’entrejeu.
Million euros baby
Aujourd’hui, le recrutement de Didier N’Dong apparaît comme une évidence, Lorient s’étant fait pour spécialité de dénicher les talents bruts pour les polir et les revendre au prix fort. Mais au moment d’aller chercher le Gabonais de 20 ans, la prise de risque était réelle. Car malgré un talent précoce et un CV déjà relativement bien fourni entre une participation aux Jeux olympiques de Londres, une demi-finale de la Ligue des champions africaine en 2014 ou encore une victoire dans la Coupe de la confédération – un équivalent de la Ligue Europa en Afrique – avec un but en finale contre le TP Mazembe, l’homme aux cheveux peroxydés affichait aussi une tendance aux écarts de conduite. Notamment lors de la fin de son bail au CS Sfax, le club avec lequel il a quasiment tout gagné en Afrique, où selon plusieurs dirigeants locaux, il avait séché sans justification plusieurs entraînements en fin d’année 2014. Ce qui n’a pas empêché Lorient de miser environ un million d’euros sur le bonhomme, sûrement avec l’idée de le canaliser pour mieux le faire progresser.
Premier League, vacances prolongées et intervention présidentielle
À peine un an après son arrivée, le pari est déjà à moitié gagné. Plusieurs clubs de Premier League dont Stoke City l’ont déjà dans leur viseur. Sous contrat jusqu’en 2019 à Lorient, il ne devrait pas manquer de sollicitations à l’été prochain, et rapporter un bon pécule aux Merlus s’ils s’avisaient de le lâcher. D’autant que N’Dong est un ambitieux qui n’hésite pas à trancher pour s’occuper de ses priorités. L’été dernier, il a ainsi refusé une sélection contre la Côte d’Ivoire afin de se ménager et de se focaliser sur une grosse préparation d’avant-saison en clubs. Le sélectionneur du Gabon, Jorge Costa, a eu beau promettre « quatre ou cinq ans de vacances supplémentaires » au milieu de terrain, l’entourage du président de la République aurait pris en main la conciliation, qui a débouché il y a quelques semaines sur une lettre d’excuse officielle et une réintégration effective en sélection. Quand on a de l’or dans les pieds, on peut tout se faire pardonner. Même une coupe de cheveux douteuse.
Par Nicolas Jucha