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Sanxay, village libéré

Par Raphael Gaftarnik et Pierre-Valentin Lefort
6 minutes
Sanxay, village libéré

Dans un petit village de la Vienne, un club de foot fait parler de lui depuis quelques semaines. L'US Sanxay affiche en effet sur ses maillots l'adresse d'un club libertin de la région dans le cadre d'un sponsoring. Un dossier brûlant.

Sur le bord de la touche, Roberto di Rico observe. D’un regard détaché, d’un œil amusé aussi. Ce dimanche-là, Il est venu supporter les joueurs de l’US Sanxay, petite équipe de 5e division départementale, pour la première fois. Non pas que l’attrait de l’homme soit irrépressible pour la balle ronde, mais Roberto y a placé quelques billes. 476 euros exactement. Et malgré la défaite face au Smarves 1936 FC (1-2), sa joie n’est qu’à peine entamée. Sur les tuniques de Sanxay s’affiche en effet la relation qui unit l’homme et ce club, fier représentant d’un village d’environ 500 habitants : « On échange tout, sauf nos maillots » . Une boutade, suivie d’une adresse internet, en guise de coup de pub pour Di Rico, fier patron du club libertin le Cercle rouge situé quelques kilomètres plus loin à Cloué, et désormais sponsor officiel de l’US Sanxay. Dans la campagne viennoise, l’initiative dénote forcément. Surtout, on se demande par quel mécanisme ce patron du plaisir en est venu à dénuder une partie de sa caisse pour habiller ces footballeurs du week-end. Un simple rencontre dans l’établissement aura suffi.

Strip et tease

Ce soir-là, Pierre-Louis Huygues, fier membre de l’effectif, fête son anniversaire en compagnie d’autres coéquipiers et amis. Dans sa tête, l’envie de s’amuser, mais aussi de découvrir ce lieu qui fait tant parler dans la région depuis son ouverture il y a environ un an : « Ils sont arrivés en 4e mi-temps. On a discuté, ils étaient très gais, et nous, même à jeun, on est très gais. Y a eu des strips, et puis on en est venus à parler des maillots, et puis ça les a interpellés. Ils nous ont dit : « Ah bah c’est joli, mais nous, on peut rien enlever. » Voilà, on est partis dans des conversations un peu à l’arraché » se remémore Roberto Di Rico, tenancier du complexe. Un coin discothèque, 15 espaces câlins, un sauna, des spas… Au Cercle rouge, tout est fait pour varier désirs et plaisirs. Ainsi, c’est attablé, les verres pleins, les vêtements portés, que les futurs associés entament les négociations : « On était plus sur un trip entre nous, on cherchait un sponsor maillot parce qu’on n’avait plus rien, donc on a dit pourquoi pas. C’était marrant » , explique Huygues, principal artisan de l’accord. Simple discussion de comptoir, le dialogue ne reste pourtant pas enfermé dans la cage des effluves d’alcool et des corps qui s’exposent.

Car le chaleureux Di Rico n’en demeure pas moins un sérieux interlocuteur : « Ça a bien duré 3-4h à bâtons rompus. Ils se sont éclatés, et le lendemain ou le surlendemain, il en a parlé au trésorier du club. Ils lui ont dit : « Mais t’as un papier, t’es sûr, c’est vraiment vrai ? » Il avait un doute après, vous voyez (rires) ! Parce que la 4e mi-temps, avec les brumes de la soirée, il ne savait plus trop ce qu’on avait défini. Donc il m’a rappelé, et je lui ai redit que j’avais besoin du montant de l’investissement » . Au fur et à mesure, et le temps que le club trouve maillot et flocage, le patron libère les fonds. Le coup de pub est en place. Et contrairement aux apparences, celui-ci est avant tout motivé par un coup de cœur réciproque et un amour commun pour le bonheur : « Ils ont une mentalité proche de la nôtre, quand ils jouent, c’est pour s’éclater, s’ils gagnent tant mieux, s’ils ne gagnent pas, ils n’en ont rien à faire. Ils ont esprit que tout le monde devrait avoir sur le terrain. Comme je le disais la dernière fois à un copain, Ibrahimović qui parle pas un mot de français au bout de 5 ans, et qui dit que la France est un pays de merde, bah pour moi, c’est une merde. Alors que ces petits jeunes ont l’esprit. » .

Chaleurs sur la ville

S’ils partagent la même vision du sport, celle du milieu libertin nécessite quelques explications. Alors que Di Rico insiste pour différencier libertinage et échangisme, Huygues assure « ne pas trop voir la différence » . Un univers pas vraiment connu du club de Sanxay à l’origine, mais qui semble depuis avoir fait du chemin. En effet, si l’endroit n’était pas connu des joueurs avant le contrat – « On y est allés une seule fois, pour cette fameuse troisième mi-temps. Sinon, on y va jamais. Je ne crois pas que les joueurs y soient retournés. En tout cas, pas à ma connaissance » – il semblerait que la première entrée en ait appelé d’autres : « Depuis la remise des maillots, certains viennent. Samedi soir, on a eu deux, trois membres du staff. Régulièrement, certains viennent passer la soirée » , assure le président du Cercle rouge. Et le patron d’enchaîner sur quelques anecdotes : « Samedi, il y en a trois qui sont allés faire du spa hammam en tenue d’Adam. À la remise des maillots, certains gars sont venus avec leur copine. Deux étaient très coincées. Et puis en fin de compte, quand elles ont compris comment était le club, y en a une qui était plus que détendue. » De quoi faire passer Sanxay de l’autre côté de la barrière ? : « Pour l’instant, non, mais ça en titille quelques-uns » analyse Di Rico avant de rappeler : « Ce qu’on a voulu défendre avec mon épouse, c’est le libertinage. Ne pas être obligé d’être confronté au sexe, ne pas obliger d’être nu » .

Pourtant, les joueurs de l’US Sanxay n’ont pas tardé, armés de leur nouveau maillot, à se retrouver à poil, et ce, même en dehors du Cercle rouge : « Ça fait deux mois qu’on les porte, et on a pas gagné une seule fois. Les marquages ne sont pas plus serrés qu’avant » , confirme Huygues, luron détendu sur l’affaire qui confesse que l’impact de cette relation n’est pas sans en gêner quelques-uns : « On a déconné au bar. En fait, il y a ce côté transgressif à aller dans cet endroit-là quand t’es pas du tout comme ça. On veut pas être exposé niveau cul. Il y a certains joueurs que ça dérange par rapport à l’ampleur que ça avait pris. Au début on se disait : « Cool, on aura un article. » Moi, je m’en fous, mais certains joueurs sont des pères de famille. Il y a toujours des abrutis qui font des amalgames » . Des amalgames contre lesquels Roberto Di Rico lutte, ne se désarmant jamais de cette bise amicale qu’il distille à l’entrée du complexe : « Comme ils disent, on ne pratiquera pas l’échangisme ou le libertinage, mais on aime le lieu. Je suis allé au match hier par exemple, et y en a un qui m’a dit : « Je peux venir dans la semaine, mais juste pour boire un verre ? » Bien sûr qu’il peut ! Les gens n’ont pas forcément compris le fonctionnement, et puis on est en campagne… » Une campagne qui ne s’attendait pas à pub si osée.

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Un derby, deux grands corps malades
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